Quel avenir pour les campagnes cévenoles ? (Archives - Grillon de Mars 2013)

Grande nouvelle ! Un scoop ! L'opposition traditionnelle entre ruraux et citadins est dépassée ! Pourquoi ? Les intuitions prophétiques des célèbres humoristes du XIXème siècle, Jean Louis Auguste Commerson (1851), Henri Monnier et Alphonse Allais, sont devenus des réalités. Ils proposaient de construire les villes à la campagne, parce que ˝l'air y est tellement plus pur".

 

 

 

C'est juste ce qui se passe sous nos yeux ébahis.

Les chiffres puisés aux sources les plus officielles de l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE, mises en à jour le 28 juin 2012) le démontrent clairement. Le canton de Lasalle est passé de 2365 habitants en 1975 à 3100 en 2009 . L'augmentation due au solde des entrées et sorties est de +1,3% entre 1999 et 2009, alors que la population aurait dû baisser de 0,3%, si on s'en tenait aux seuls effets de la natalité et de la mortalité sur la population purement locale. Est-ce un taux de progression démographique exceptionnel ? Non. Prenons le département le plus rural – et ô combien cévenol- de notre région, la Lozère :˝ entre 2003 et 2008, ce département a accueilli chaque année 2 000 nouveaux résidents. Sans ces migrations, le département perdrait des habitants alors que la population croît désormais à un rythme de + 0,5 % ... ˝(INSEE) Si on regarde maintenant au 1er janvier 2009, toute la région du Languedoc Roussillon, la population est estimée à 2 608 000 habitants, soit un taux de croissance annuel moyen de 1,3 % au cours de la période 1999 - 2009. Exactement la même progression que pour le canton de Lasalle !˝ L'accroissement de la population reste essentiellement le fait de l'apport migratoire ˝(INSEE).

Cela ne signifie pas qu'il y a plus d'immigrés, mais que l'apport se fait par des gens, venant d'autres régions, et des régions urbaines, notamment.˝ Cette tendance doit perdurer au moins jusqu'en 2040 d'après les projections des statisticiens. Tout concourt à ce que la campagne soit de plus en plus peuplée par des citadins. En ces temps de crise, cet apport migratoire aiguise des tensions de tous ordres. On a vite fait de chercher des coupables ou boucs émissaires qui seraient les seuls responsables de tous nos ennuis.

 

Dénoncer l'hégémonie de la ville

Dans nos campagnes, la dénonciation de la ville qui voudrait faire disparaître la ruralité, en est un aspect. Pas très nouveau d'ailleurs, puisque cette dénonciation est apparue dès le 19ème siècle avec la première révolution industrielle où certains – qui ont très mal tourné - opposaient ˝la dépravation physique et morale˝ des villes aux valeurs ˝saines˝ de la paysannerie. Mais aujourd'hui la donne a changé. Ce ne sont plus seulement des résidents secondaires qui viennent se détendre au grand air en short et en maillot de bain (Attention aux tiques!). Ce sont des citadins qui veulent vivre en résidence principale à la campagne. On ne parle plus d'exode rural mais d'un ˝phénomène d’exode urbain, entamé depuis quarante ans˝, et qui ˝est surtout le fait des classes moyennes˝ Pierre Merlin, professeur émérite de Paris I et président de l’Institut d’urbanisme et d’aménagement, ( documentation française – Revue Etudes.) D’après une enquête (qui date de 2008) par ˝Projets en campagne˝ et BVA, 15 % des citadins envisageaient d’entreprendre des démarches pour s'établir en zone rurale, soit environ 3 millions de personnes. La moitié compte y prendre sa retraite, l’autre, y poursuivre sa vie active. Pour ces derniers, 1 sur 2 souhaite s’installer à son compte en reprenant ou créant une entreprise. Plus précisément, la classe d’âges 25-35 ans est celle qui montre le plus d’engouement pour la campagne. Ce qui était une perspective en 2008, se réalise petit à petit aujourd'hui. Les prix des logements dans les grandes villes y contribue. Les nouvelles technologies et en particulier le télétravail en plein développement, encouragent largement cette tendance.

Du coup, selon la DATAR (délégation interministérielle pour l'aménagement du territoire), ˝la France rurale la plus fragile s’enfonce dans certaines régions, quand elle connaît un rebond ailleurs, sous l’effet de l’arrivée de nouveaux actifs ou de jeunes retraités, voire parfois d’étrangers séduits par les qualités de la vie rurale. Certes on ne peut pas encore dire aujourd’hui et, sans doute ne le dira-t-on pas avant longtemps, que tout le rural gagne de la population, voire de l’emploi. Mais il faut abandonner le discours de l’exode (rural) généralisé.˝

 

Gérer les problèmes

Les campagnes, ou certaines campagnes, gagnent du terrain sur la ville et non l'inverse. Bien sûr cela pose des problèmes : Le coût du terrain et de l'habitat en milieu rural augmente. Les terres d'élevage ou de culture se raréfient et les jeunes qui voudraient s'installer sont confrontés à des prix prohibitifs. Le développement de l'habitat individuel sauvage pose de gros problèmes écologiques et de gestion de l'espace. Les coûts d'aménagement progressent à vive allure (voirie, assainissement...) Les modes de vies paysans traditionnels fondés sur l'auto-suffisance sont en voie d'extinction. On le voit bien dans l'article – ici-même - de Walter Soulier sur l'ancien Calviac. Mais on le constate, on est loin de voir les communes rurales menacées de disparition, bien au contraire. Le risque serait plutôt celui d'un développement non maîtrisé, qui laisserait de côté la population originelle et détruirait son environnement. C'est un enjeu important - peut-être majeur - dans le débat sur l'adhésion des communes au Parc des Cévennes et sur l'avenir des collectivités territoriales, et sur les nouvelles cultures à construire.

 

Gérard Feldman

Samedi 23 mars 2013

Portrait de Calviac par Walter Soulier

Calviac : l'école, la place, le Pont (ph. JC Wolles)
Calviac : l'école, la place, le Pont (ph. JC Wolles)

Tous les habitants étaient paysans sauf deux familles de retraités qui avaient acheté une maison pour jouir de la vie paisible du hameau ; ils s’étaient très bien intégrés. L’un d’eux avait acquis avec la maison une toute petite propriété qu’il entretenait et de par la mairie avait la charge d’allumer les réverbères. Il y en avait quatre pour le village et l’Oustalet. Ils étaient suspendus à un câble à un arc boutant à une certaine hauteur ; le câble lui même amarré dans le mur à hauteur d’homme. Chaque soir il fallait faire descendre la lanterne par un jeu de poulies, la garnir de pétrole et après l’avoir allumée la remonter à sa place. Il s’acquittait de ce travail tous les jours de l’année par n’importe quel temps.

La vie dans ce quartier de la rue principale et les maisons environnantes était plus active que les quartiers de l’Oustalet ou du Pont un peu éloignés.

Nous avons publié dans le numéro de janvier la première partie de ce texte de souvenirs sur la vie à Calviac autrefois. Pour lire la suite de cet article, procurez-vous le numéro de février 2013 du Grillon. Nous en publierons la suite et la fin dans le numéro de mars.

Notre correspondant "patrimoine naturel", Victor Cazalis, vous invite samedi 23 mars à l'opération "Nez en l'air" organisée par le COGard (Centre Ornithologique du Gard) dont il assure la permanence au col de l'Asclier, près du pont moutonnier, de 7h jusqu'au soir (l'heure de fin dépendra du passage).  Ont été observés déjà  : Pinsons, Venturons, Bergeronnettes, Hirondelles, Eperviers, Faucons crécerelles, Balbuzard pêcheur, Grand Cormoran, Grues cendrées, Martinets, Buse variable, Pigeons ramiers, Grosbec... 

N'oubliez pas vos jumelles !

La Font de Banaïo

L'une des 4 fontaines de Lasalle, la Font de Banayo serait un don de la châtelaine d'Algues à ses 3 voisins, à charge pour eux de l'entretenir. C'est pour ça que sa vasque est percée de 3 trous qui alimentent les trois jardins.
L'une des 4 fontaines de Lasalle, la Font de Banayo serait un don de la châtelaine d'Algues à ses 3 voisins, à charge pour eux de l'entretenir. C'est pour ça que sa vasque est percée de 3 trous qui alimentent les trois jardins.

Nous avons retrouvé un numéro de juillet 1948 de notre ancêtre le journal ˝La Font de Banaïo˝. Le directeur était Aimé Soulier, le trésorier Marcel Guiraud. Il y avait dans ce numéro des articles de Jean Imbert, Francine Justet, Jean Leblanc et Mme Malzac Nous reproduisons ci-dessous un extrait d'article qui montre bien les éternelles difficultés de la presse associative. Il a été écrit par Pierre Monteils.

 

˝ LA FONT DE BANAIO s'est tue pendant trois mois. La revoici. Pourquoi ce long silence ? ...

Tout d'abord par manque de rédacteurs. Et ceci est grave. Le rédacteur en chef ayant été indisponible pendant trois mois par suite de sa préparation pour un concours n'a pu être relayé. La preuve est faite pourtant que notre journal répond à un besoin certain et qu'il contribue à resserrer les liens entre lassalois. Il faudrait donc plusieurs rédacteurs, et les articles devraient s'amonceler sur la table du rédacteur en chef. Au lieu de ça, ce dernier est obligé de prier, de solliciter, de demander... Allons ! Lasallois, réveillez-vous. Et faîtes vivre ce journal : voyons les Cazaix, les Jean Granier, les Jeanine Bompard, Jeanine Fesquet, Raymond Chassouant, pour ne citer que les jeunes, un petit mouvement. J'attends avec confiance vos papiers... ˝

 

Le Grillon ne s'est jamais tu, sauf pendant la courte interruption de novembre 2010, suite à la dissolution de l'Association Culture Loisirs(A.C.L.) qui le publiait. Mais l'appel aux rédacteurs reste d'actualité.

G.F.