A l’ami Jacques Nogarède

 LE VEGOBRE

Histoire d’une rivière oubliée

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L’automobiliste ou le randonneur qui vient du Mercou par la D39 en direction de Lasalle, suit quelque temps une rivière qui conflue avec la Salindrenque un kilomètre avant l’entrée du village. Il s’agit du ruisseau des Horts ; Il nait près du Moina du confluent de trois ruisseaux-sources, celui de la Cassogne, celui du Mercou et celui du Fouet. Sur son cours de 3,5 km, il reçoit trois affluents sur sa rive gauche : le ruisseau de Briontet, le ruisseau des Ongles et le ruisseau des Bousquets. Il recueille ainsi les eaux du versant sud de Brion. La Garabie qui traverse Soudorgues en est son unique affluent sur la rive droite. La seule « agglomération » qu’il traverse est le hameau des Horts qui lui donne son nom.

On trouve dans ses eaux ou sur ses rives de discrets habitants comme le turgan ou l’écrevisse, toutes deux espèces endémiques, peut-être le castor et un échassier (qui pourrait être la grue cendrée).

Il y a encore un demi-siècle, on pouvait se baigner près des prises ou païssières (*) de la Tournelle ou du pont de Peyre. En ce troisième millénaire, les eaux d’étiage en été sont très basses et les prises ensablées, le cours d’eau disparait régulièrement en surface, en particulier près de la prise de la Tournelle sur des dizaines de mètres.

Cette modeste rivière a pourtant un nom célèbre et une longue histoire. Elle a accompagné pendant des siècles les activités économiques de Soudorgues. En voici le résumé.

(*) Une prise ou païssière est un barrage sur un cours d’eau d’où est issu un béal, c ‘est à dire un canal.

 

Des affluents intermittents et un peu de géographie

La carte IGN au 25 millième du milieu du siècle passé, héritière des anciennes cartes d’état-major, précise les ruisseaux-sources et les affluents sans mentionner leur nom. Sur la plus récente des TOP 25, carte à la même échelle, si les différents cours d’eau sont dessinés, les noms, y compris celui du ruisseau des Horts, ne sont toujours pas mentionnés. Certains sont représentés en pointillés bleus pour signaler leur caractère aléatoire.

Sur la grande carte de Soudorgues que l’on trouve à l’entrée du village et dans le hameau des Horts, certains cours d’eau ne sont pas représentés, ils sont remplacés par des ravins ou valats. C’est ainsi qu’il y a le ravin de la Rouvière pour la Garabie et le ravin de Brion pour le ruisseau de Briontet. Sur le très précis cadastre, figure le tracé du ruisseau des Ongles, mais il reste anonyme.

Peut-être le ruisseau des Horts, délimite-t-il sur sa rive droite la partie de la commune de Soudorgues classée au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des paysages culturels liés à l’agropastoralisme ? Les cartes publiées à cette occasion en 2011 ne permettent pas une réponse claire à ce sujet. C’est le premier mystère, le dernier en date, il y en a d’autres plus anciens.

 

Une histoire ancienne et des questions

Quand les moines bénédictins, venus au tournant du XIème siècle des abbayes d’Aniane, St Gilles ou Tornac s’installent dans les Cévennes, ils remontent les cours d’eau. Ils s’installent à Salindre au bord d’une rivière longtemps appelée rivière de Salindre puis Salindrenque(*). Pendant la même période, ils s’installent au Moina au bord d’une rivière qui s’appelle le Végobre.

Mais d’où le Végobre tient-il son nom ? Quand l’a-t-il abandonné pour devenir le simple ruisseau des Horts ? Les repères historiques qui suivent, donnent quelques indications mais ne permettent pas de répondre avec précision à ces questions.

Des textes anciens précisent que le seigneur de Peyre avait privilège de pêche dans la rivière Végobre ; le droit de pêche est un privilège des seigneurs (un de ceux qui seront abolis le 04/08/1789 sous la révolution, même si certains de ces droits ou privilèges étaient tombés en désuétude). Il est intéressant de consulter à ce sujet les cahiers de doléance de Soudorgues et de St Pierre de Lasalle (ancien nom de Lasalle). La demande de suppression des privilèges de la noblesse y occupe une large part, la part la plus importante de ces cahiers.

En 1684, l’intendant du Languedoc d’Aguesseau ordonne la construction d’un pont sur la rivière Végobre. Il s’agit du pont de Peyre (**), jusque-là, la route royale de Lasalle à Soudorgues traversait la rivière par un gué. Au même moment vit à Lasalle une grande et noble famille : les Manoël d’Algues qui se divisera en plusieurs branches : Manoël de la Gravière, Manoël de Végobre… Après la révocation de l’édit de Nantes, pour fuir les persécutions religieuses à l’encontre des protestants, les Manoël de Végobre émigrent en Suisse. Dans le courant du XVIIIème siècle un descendant de cette branche, Charles Manoël de Végobre, avocat à Genève collabore avec Voltaire. C’est un ami de la famille de Jean Calas, protestant injustement condamné à mort. Voltaire, par son action, permettra la réhabilitation de Calas et écrira le célèbre « Traité sur la tolérance ». La petite source cévenole (***) avait bien coulé au bord du Léman.

A la fin du XIXème siècle le Dr Bourguet écrit un long article sur le Liron, où il parle du ruisseau des Horts(****).

Au milieu du siècle passé, la grand-mère de Jacques Nogarède désignait cette rivière en patois par « Lou Véségobre ».

(*) On a aussi utilisé le nom de Gardon de Lasalle.

(**) Le pont de Peyre et la tour du même nom qui le domine font référence, non pas à une quelconque construction en pierre, seul matériau utilisé pendant des siècles mais à la famille des de Peyre seigneurs de Soudorgues.

(***) Le Château d’Algues des Manoël tire son nom de la source d’Algues qui signifie eau, même racine que l’‘occitan aïgue .

(****) Près d’un demi-siècle plus tard le Dr Perrier approfondira ces recherches et les complètera dans son fascicule « La chaine cévenole du mont Liron »

 

Les moulins et les filatures du Végobre

Les activités économiques sont très anciennes au bord du Végobre. Il y a eu deux moulins. Le plus au nord est celui des Horts. Il s’agit d’un moulin bladier (à céréales). Sa païssière est déjà mentionnée dans le compois, ancêtre du cadastre, du XVème siècle. Il a fonctionné jusqu’au début du XXème siècle. Son béal ou bésaou, franchissait par un aqueduc en pierre le ruisseau de Briontet. Il en reste deux meules et une roue enfouie dans le bartas. Son bassin d’alimentation a été au siècle passé, un temps transformé en manège à chevaux et son béal a servi de canal d’irrigation pour les cultures.

Plus en aval, sous la Baraque au lieu-dit le Moulin se trouvait le deuxième moulin. C’était un moulin bladier qui produisait aussi de la farine de châtaigne. C’est le dernier à avoir fonctionné sur la commune de Soudorgues. Son activité de moulin bladier a cessé en 1914. Il a ensuite été transformé en moulin à scie qui a fonctionné jusque dans les années 40. Le bassin de ce moulin était alimenté par l’eau du Végobre dérivée par un béal en amont. Toutefois, en cas de problème on pouvait alimenter ce bassin par la source abondante de Fongarnaud via le ruisseau des Bousquets. Au XXème siècle quand Lasalle et les villages des environs ont eu « l’eau de la ville », une part importante de la source de Fontgarnaud a été captée pour les besoins en eau potable de Lasalle. C’est ainsi que Soudorgues a alimenté Lasalle ! Cela explique aussi pourquoi le ruisseau des Bousquets, au niveau de la Baraque est souvent à sec. Il était largement tributaire du ruisseau de Fontgarnaud dont la source est en grande partie dérivée vers Lasalle par des conduites d’adduction d’eau.

Dans la haute vallée, a fonctionné une filature au Moina. Elle utilisait l’eau du ruisseau de la Cassogne qui atteignait la filature légèrement en amont par surpression. Elle a fonctionné jusqu’au début du XXème siècle. Une autre filature a fonctionné aux Horts pendant près d’un demi-siècle. Elle employait une douzaine de personnes. Il s’agissait d’une main d’œuvre locale. Elle a fermé en 1933. Son béal continuait après la filature et servait à irriguer des prés en aval, prés plantés aujourd’hui de grands résineux. De cette filature, il reste quelques murs en ruine ainsi que quelques cuves en état.

De ce passé lié aux filatures, il reste aussi d’autres témoins, des mûriers qui résistent encore sur les bancels. Leurs feuilles étaient la seule nourriture des vers à soie qu’on éduquait dans les magnaneries. Des mas comme la Baraque qui domine le Végobre étaient surélevés d’un étage pour cet élevage, car la terre est précieuse dans les Cévennes.

Aux Horts, une chèvrerie a fonctionné jusqu’à la fin du siècle passé. Ses bâtiments abritent désormais une petite zone artisanale.

 

Des ponts chargés d’histoire

Malgré son cours réduit de 3,5 km, le Végobre est enjambé par 4 ponts. Chacun a sa propre histoire. Découvrons-les en remontant le cours de la rivière.

Le plus au sud : le pont des Bons, à une centaine de mètres en amont du confluent avec la Salindrenque, dessert les mas des Bons de la Clédette et des Trongles. Une curiosité : il est traversé dans sa largeur par un béal souterrain qui amenait l’eau du Végobre, captée en amont, irriguer les prairies et anciens jardins situés sous la Boriette et au-delà les près au nord de Lasalle sur la rive gauche de la Salindrenque (*). Ce béal naissait d’une païssière quelques cent mètres en amont du pont des Bons, une petite païssière car à cet endroit la vallée du Végobre est encaissée dans une petite gorge. C’est un endroit bien envahi par le bartas et les bois de chênes verts. Un peu plus en amont, face à la Baraque, les près sont si pentus qu’il fallait assurer la moto-faucheuse par une corde au moment des foins. C’est peut-être ce pont que le baron de Tourtoulon empruntait au XVIIIème siécle qui voyait la fin de l’ancien régime. Une route de terre située sur la rive droite du Végobre conduisait à sa garçonnière depuis le pont. S’agissait-il de rendez-vous galants ou de pratiques héritées de la féodalité que la révolution devait définitivement abolir avec les privilèges nobiliaires quelques années plus tard ?

En remontant le cours du Végobre, on trouve le pont de Peyre. C’est celui qu’empruntait l’ancienne route royale de Lasalle à Soudorgues. Ce n’est que dans la deuxième moitié du XIXème siècle qu’a été construite la D39 qui suit jusqu’aux Horts la vallée du Végobre. Ce pont était encore bien emprunté un siècle plus tard par les Soudorguais qui en bons Cévenols marchaient beaucoup à pied avant que se répande et se démocratise l’usage de la voiture. ll est surtout emprunté maintenant par les randonneurs qui suivent le GR. Entre Lasalle et le pont de Peyre, les tracés de la route royale et de la départementale diffèrent. Si cette dernière est plutôt en fond de vallée, la route royale était un peu plus haute et reliait le château d’Algues au pont de Peyre en passant au nord de la Baraque. Son tracé est encore visible près du pont juste au-dessus de la D39. Le pont de Peyre a été très vite emprunté par des personnages historiques. Dès son arrivée en Languedoc en 1685, l’intendant Basville veut découvrir sa province. Il passe donc par le pont de Peyre en construction, c’était la route royale qui conduisait de Montpellier jusqu’au Gévaudan. Est-ce de son passage ici qu’il tire la conclusion : « Les Cévennes sont le plus vilain pays du monde et ses routes des chemins de renard » ? Le fait est que Basville fera élargir et calader cette route royale parmi d’autres et activera la construction du pont de Peyre. C’est ce même pont qu’empruntera la cavalerie de Rolland. En janvier 1704, au cœur de la guerre des camisards, Rolland le chef camisard avait infligé une lourde défaite aux soldats royaux tombés dans une embuscade à Vallongue. Les soldats rescapés avaient été poursuivis par la cavalerie de Rolland jusqu’à l’entrée de Lasalle. En une autre circonstance, ce pont a vu passer des soldats en plus grand nombre. Quelques mois plus tôt, le Baron de Salgas avait été arrêté pour avoir participé à une assemblée interdite. L’intendant du Languedoc voulait frapper haut et fort, marquer les esprits de ces protestants rebelles en touchant un des plus grands noms du Languedoc ; la route depuis le château du Baron à Vébron près de Florac passait par Soudorgues et le pont de Peyre. Pour le conduire à Montpellier (**), des centaines de soldats accompagnaient le célèbre prisonnier, tant on craignait une attaque de Rolland pour le délivrer. Si ce pont devait un jour changer de nom, il faudrait l’appeler le pont des dragons et des camisards.

En 1938, la route forestière du col de l’Asclié au col Max Nègre est ouverte dans le massif du Fageas. C’est au pont de Peyre, dans le lit du Végobre qu’est prélevé un rocher en granit sur lequel est gravé la mémoire de cet événement. Ce rocher sera ensuite amené au col de l’Asclié. Une plaque sera fixée en 1938, remplacée par une nouvelle en 1994 sur ce socle « naturel ».

Deux siècles et demi après les persécutions contre les protestants, ce sont les juifs qui sont persécutés. Une famille juive nommée Lautmann vit à Soudorgues en ce début de l’année 44. Catherine, l’ainée des filles est interne au lycée de Nîmes, elle revient à Soudorgues, chaque semaine le temps d’un week-end de 24h. En hiver, elle arrive à Lasalle à la tombée de la nuit. Elle gagne Soudorgues à pied ; de loin elle peut distinguer la tour de Peyre, promesse de sa prochaine arrivée. En franchissant le Pont de Peyre, elle sait qu’elle ne risque plus rien, car elle continue par les sentiers, plus sûrs que la route départementale qu’elle vient de quitter.

Le pont du mas du chêne aux Horts est situé près de l’ancien moulin des Horts, il permet de desservir les quelques maisons du hameau sur la rive droite du Végobre. C’est une de ces maisons, la plus ancienne du hameau qu’a habitée Mme de Winter après la guerre, jusqu’au milieu des années 60. Georgie de Winter était la compagne de Léopold Trepper, le chef de « l’orchestre rouge », le plus important réseau d’espionnage, qui collectait des renseignements pour l’URSS pendant la dernière guerre. Elle a été arrêtée et déportée à Ravensbrück comme membre de ce réseau. Après sa libération, elle réside dans les Cévennes. C’est aux Horts que l’écrivain Gilles Perrault est venu la rencontrer pour son livre « L’orchestre rouge ».

 

Le quatrième et dernier pont sur le Végobre est celui emprunté par la D39 qui conduit jusqu’à Soudorgues et traverse la rivière à côté de la prise de la Tournelle. Il est lié à des évènements dramatiques qui se sont déroulés pendant l’année 44, la plus dure de l’occupation allemande. A la fin du mois de février 44, des rafles sont organisées par les SS dans les Cévennes. Les camions allemands, après avoir franchi ce pont, entament la montée vers Soudorgues où sont cachées plusieurs familles juives. L’alerte est donnée en dernière extrémité. Les familles réfugiées peuvent se cacher juste avant l’arrivée des allemands. Il n’y a aucune victime, aucune arrestation mais l’alerte a été chaude. Trois mois plus tard, l’issue est plus dramatique. Mme Hébrard dont la ferme sert de PC au maquis est fusillée près de ce pont à la Tournelle. Une plaque sobre est posée sur cet ancien bâtiment rural devenu une coquette résidence. Les anciens du maquis viennent s’y recueillir chaque année. On peut y voir gravé ce verset de la bible : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».

 

A l’extrémité nord de la vallée se trouve le mas du Moina. Cette ferme massive surplombe et semble veiller sur la vallée du Végobre qui nait ici. Le mas de la famille Viala accompagne l’histoire depuis sa fondation par les moines, il y a mille ans. Pendant les persécutions religieuses du XVIIIème siècle, grâce à sa cache huguenote, le Moina servait d’asile aux prédicants venus animer à Soudorgues des cultes clandestins. Deux jeunes filles Viala seront arrêtées pendant une assemblée interdite surprise par les dragons (***). Une partie de la famille Viala émigrera plus tard en Suisse. Pendant la dernière guerre, Jean Viala sera l’un des chefs de la résistance à Lasalle. Plus récemment au début de ce XXIème siècle, il a été un lieu d’accueil pour un réfugié afghan.

Voilà l’histoire ancienne et riche de cette rivière appelée le ruisseau des Horts, qui mériterait de retrouver son beau nom de Végobre.

(*) Les près de la rive droite étaient irrigués par un béal issu de la prise des Bons sur la Salindrenque.

(**) Il sera emprisonné pour interrogatoire par Basville l’intendant de Montpellier. Il sera condamné aux galères malgré son âge. Il sera plus tard libéré et rejoindra sa famille en Suisse.

(***) Soldat royal qui combat à pied et se déplace à cheval.

 

 Serge Rigal automne 2021

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Dossier  L’enfance à Lasalle, hier et aujourd’hui

 

 

 

La " France rurale", la " France des oubliés ", la " France périphérique ", serait dépourvue de services publics, d’éducation qualifiante, d’accès à la culture et aux sports, et... de quoi donc encore ? Est-elle si " paumée " la campagne, comme on disait autrefois ? Elle est surtout très diverse, comme les quartiers des villes ne se ressemblent pas, les " ruralités " sont multiples : les unes perdent des habitants, d’autres en gagnent, les unes s’engagent dans des politiques pro-actives, les autres sont sur la défensive ou à la dérive... En tout cas, à Lasalle, le nombre de postulants en crèche explose ; pour l’accueil périscolaire aussi ! Les choix collectifs, majorité et opposition confondues, privilégient les projets destinés à l’enfance. Le montage des dossiers est souvent laborieux, les équipements et les travaux se font attendre, mais... on ne lâche rien ! Le Grillon vous propose un petit panorama historico-politico-social sur la question et fait appel à vos témoignages, adultes et enfants confondus, si le cœur vous en dit (grillon30460@gmail.com)

 

 

Les écoles publiques à Lasalle du XVIIe au XXIe siècle

 

Le 28 juin 1833, au début du règne de Louis-Philippe, le ministre de l'Instruction publique François Guizot fit voter une loi instaurant en France un enseignement primaire public et gratuit pour les indigents ; il n’était pas encore obligatoire. Le reste nous est conté par Pierre Monteils (1925-2017 - ancien président du Syndicat d’initiatives de Lasalle, correspondant de l’Académie de Nîmes).

 

L’enseignement était assuré autrefois par les curés puis par les " Régents d’écoles ", le plus souvent issus de classes modestes, recrutés par une paroisse ou un groupe de particuliers. L’un d’eux a laissé un souvenir remarquable à Lasalle : Pierre Durand, qui s’est rendu acquéreur de " la plus belle maison du lieu " pour y recevoir ses élèves et pensionnaires, la première école de Lasalle, aujourd’hui l’Hôtel de ville. Les régents, catholiques ou protestants, assurèrent la permanence de l’enseignement populaire jusqu’aux années 30 du XIXe siècle.

La première école publique de Lasalle fut installée dans l’Hôtel de ville rénové, au rez-de-chaussée, qui s’avéra vite trop petit. Le conseil municipal du 10 mai 1938 vota donc la décision de faire construire une maison d’école complète, contenant une salle pour les garçons, une autre pour les filles, et une " salle d’asile " pour les jeunes enfants (ancêtre de l’école maternelle) sur la partie supérieure de la promenade du Temple. La nouvelle école, en un seul édifice, a été ouverte à la rentrée scolaire de l’année 1845-1846.

En 1881 Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique, décrète l’école obligatoire, gratuite et laïque. Il s’en suit un accroissement très important du nombre d’élèves : à cette époque Lasalle compte plus de 2400 habitants. Le projet connaîtra diverses péripéties si bien que l’école ne vit le jour qu’en 1892. Détail significatif : c’est sur l’école que fut installée la vieille cloche acquise par les protestants en 1672, symbole du rôle réconciliateur de l’école laïque.

Plus tard, dans les dernières années du XXe siècle, le bâtiment de l’école de filles fut réservé à la seule école maternelle et l’autre devint mixte. Au cours des années 1970 la municipalité loua à la paroisse catholique l’ancienne école libre de la rue de la Baraque pour en faire une halte-garderie. L’accroissement des besoins en matière de garderie se traduisit par la création d’une nouvelle crèche, attenante à l’école primaire, qui n’ouvrira qu’en 2000.

 

La suite dans le Grillon papier de mars / avril 2022...

 

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Dossier   Conter, chanter, raconter, la tradition orale en Cévennes

     Cette année, Maison Rouge-Musée des vallées cévenoles à St Jean du Gard (Alès Agglomération) a proposé au public une exposition temporaire sous forme d’un parcours sonore qui permettait aux visiteurs de déambuler autour des grands thèmes de la tradition orale. Les vendredi 15 et samedi 16 octobre 2021 s’est tenu aussi un colloque " Le tradition orale en Cévennes et pays occitans, tradition ancienne et transmission nouvelle ". Le Grillon vous en propose quelques extraits avec l’autorisation des auteurs des textes et des recherches.

 Les récits qui formaient cette tradition pouvaient être produits dans le quotidien ou constituer des " œuvres narratives " formalisées de manière fixe, où la création personnelle n’a pas lieu d’être. Mais le conteur pouvait aussi adapter un récit qu’il reprenait à sa mode, usant de variations qui pimentent l’intérêt de son propos. Transmise en dehors de toute institution (religieuse ou profane) la mémoire orale était essentiellement produite pendant les " veillées " où elle côtoyait l’échange des nouvelles, bavardages et réflexions.

 La veillée

 Lieu privilégié de la transmission, la veillée commençait à l’automne avec les joyeuses soirées des " jeunes " dans les clèdes (séchoirs à châtaignes). Pour les veillées d’hiver : du tuage du cochon (décembre), à la période du Carnaval, on partait à pied, jusqu’en des lieux parfois lointains, pour se réunir, tricoter, écorcer les châtaignes, fabriquer des paniers, jouer, chanter, conter, danser, faire des farces, papoter... La veillée durait parfois jusqu’à l’aube.

 Conteurs, chanteurs, narrateurs ne sont pas des professionnels, leur répertoire appartient à tout le monde, tout au plus certains sont reconnus pour l’ampleur de leur savoir et la qualité de leurs performances. Les folkloristes du XIXème siècle n’ont souvent pas cité leurs sources tant elles étaient abondantes et variées. Ils sont rares désormais à connaître encore ces savoirs (et plus rare encore à s’y intéresser) tant il faut une sensibilité, une expérience et une attention singulières pour engranger et mémoriser ces récits. Aussi la personnalité des derniers témoins et leurs parcours respectifs sont-ils des éléments décisifs pour situer les sources de leur démarche. Ce sont 24 personnes qu’on peut entendre dans le parcours de visite de l’exposition : chacune apparait en témoin sur le " mur des transmetteurs ".

 D’autres occasions, plus rares, s’ajoutaient à l’ordinaire des veillées : repas de noces, baptêmes, fêtes de conscriptions, charivaris de re-mariages etc. L’occitan, langue du quotidien, en était le seul véhicule même si, pour la communauté protestante, le français était connu en tant que langue de la pratique religieuse.

 

La suite dans le Grillon papier de novembre décembre 2021...

 

Dossier  PARC NATIONAL DES CEVENNES, UN CINQUANTENAIRE

Le PNC a cinquante ans. On croit souvent, à tord, que les institutions naissent " toute armées " du cerveau de l'administration ! Mais il n'est est rien : le Parc national a une histoire, qui a commencé plusieurs années avant sa création et qui s'est poursuivie, transformant sa manière d'exister vis à vis du contexte local, jusqu'à aujourd'hui.

 Comment devient-on parc (national) ?

Faut-il vraiment revenir sur les débats quelques peu mouvementé des prémisses du parc national ?  Des ouvrages entiers leur ont été consacrés, notamment la très remarquable étude  : " Aux origines du Parc national des Cévennes. Des précurseurs à la réalisation (le 2 septembre 1970) " de Karine-Larissa Basset (K-L B) qui montre la complexité des attentes sociales, intellectuelles et culturelles, des rejets et des craintes que le projet à suscités, ainsi que les conflits d'intérêts d'une, d'options philosophico-politiques et idéologiques.

Seule la zone " coeur " (délimitée par des panneaux routiers) fait l'objet de l'application du décret n°2009-486 du 29 avril 2009, qui encadre la bonne pratique des activités humaines afin qu’elles aient le moins d’impacts possibles sur les milieux naturels et la biodiversité ". Or cette zone est très étroite, découpée, et peut englober entièrement des propriétés (immobilières, forestières ou agricoles) dont le devenir est soustrait au sort commun. Pour le meilleur ou ou le pire ? C'est ce qu'il est difficile d'évaluer – surtout à priori - d'autant que l'intérêt collectif touchant à la qualité de l'architecture, la protection de la nature, le respect de l'identité locale etc, s'exprime rarement sans empiéter sur les intérêt particuliers.

" Les assemblées départementales de la Lozère et du Gard ont été impliquées longuement dans le projet de création d’un parc en Cévennes. Notamment le conseil général de la Lozère, depuis la formulation de son vœu pour la création d'un parc national dès 1956 " (K-L B)  " Quant au Gard, " c’était M. Béchard, qui était président du Conseil général., il était très virulent et opposé au parc. » (Yves Bétolaud,1982.) Le Département du Gard a toutefois fini par voter majoritairement pour sa création, à une courte majorité, en allant contre la position de son président. Sans surprise, les chambres de commerce et d’industrie attendaient surtout du parc un regain de l’activité économique par le tourisme, en particulier dans la zone périphérique. Les chambres d’agriculture se montrent plus circonspectes et assortissent leur avis favorable de réserves relatives à l’exercice de la profession « en particulier pour les pacages, la cueillette des champignons et autres produits naturels, le droit de chasse et de pêche » (Ardèche) ; et l' indemnisation des agriculteurs touchés par les servitudes du parc (Gard).

S'agissant des communes concernées, soit 131 communes sur trois départements (Lozère, Gard, Ardèche), 68 % des conseils municipaux ont accordé un avis favorable au projet, contre 32 % d’avis défavorables. Mais si l’on considère seulement les avis formulés par les conseils municipaux des communes concernées par la future zone centrale (coeur), la proportion d’avis favorables tombe à 53 % contre 47 % . Des pans entiers du territoire vont se braquer durablement :  la Can de l'Hospitalet, le versant nord du Mont Lozère, le Causse Méjean, l'Aigoual)... 

La suite dans le Grillon papier de novembre/décembre 2020...

 

Dossier: la forêt cévenole

En choisissant pour thème de notre « Dossier » la forêt Cévenole, nous ne prétendons bien évidemment pas épuiser le sujet et en traiter tous les aspects. Au contraire nous avons fait le choix de simplement rappeler quelques problématiques et constats  actuels, et illustrer certaines évolutions au plan local. Que pouvons-nous retenir d’essentiel au terme de nos recherches : une forêt Cévenole présentant un taux de boisement très important, un peuplement forestier emblématique mais en péril, et confronté de surcroît à de nouvelles contraintes. Le changement climatique, avec la hausse des températures et la sècheresse, constitue notamment un nouveau challenge. Par ailleurs notre forêt est très majoritairement privée, avec un important morcellement. Les difficultés d’accès, associées à une faible rentabilité, font que nombre de parcelles ne sont plus exploitées ce qui contribue à la fermeture du milieu. Mais tout n’est pas perdu et les objectifs sont identifiés, telles la diversification des essences compatibles avec la hausse des températures, la dynamisation de l’activité sylvicole, la pérennisation des paysages. Tout cela passe par une gestion durable, qualitative de la forêt qui permettra de valoriser nos boisements au plan économique, environnemental et social : relance de l’activité agricole et sylvicole intégrant les aspects conservation, diversification, risques incendie, paysage et adaptation aux changements climatiques. A cet égard, les nouvelles politiques qui se mettent en place via les chartes forestières, associant l’ensemble des acteurs institutionnels et professionnels (Parc, collectivités locales, CRPF, ONF, associations de propriétaires), semblent porteuses d’espoir et devraient permettre de faire face aux multiples défis qui se dressent.

  

Nous parlons ici de la forêt présente sur les deux principaux départements du Gard et de la Lozère et qui recoupent à peu près le territoire du Parc national des Cévennes. 70% de ce vaste ensemble est composé de forêts, avec 60% de feuillus et 40% de résineux. La forêt Cévenole est extrêmement variée, en fonction notamment de l’altitude et de l’histoire des paysages : jusqu’à 500m c’est le chêne vert qui domine, puis vers 700m se développe la chênaie à feuille caduque. C’est également à ces altitudes moyennes que l’on observe la châtaigneraie, peuplement apporté par l’homme. Au-delà de 900m le hêtre est roi. L’évolution de la forêt au cours de l’histoire, avec notamment une importante période de plantations à la fin du 19ème siècle et au début des années soixante, a favorisé le retour ou l’installation de diverses espèces animales ou végétales ; ainsi pic noir, chouette ou aigle royal trouvent-ils des conditions idéales pour installer leurs nids. Egalement, de nombreuses plantes, telles l’arabette des Cévennes, viennent enrichir cette biodiversité qu’il convient absolument de préserver, le Parc des Cévennes y contribuant à travers de nombreuses actions. Par ailleurs n’oublions pas le rôle de la forêt dans la lutte contre l’érosion. Au plan économique, la forêt Cévenole contribue significativement au développement local et la filière bois génère de nombreux emplois directs et indirects, même si les conditions d’exploitation sont contraignantes. En effet le morcellement de la propriété, les reliefs marqués et les accès routiers souvent difficiles compliquent la gestion de la ressource. Une ressource variée mais d’une valorisation variable : si le hêtre est exploité comme bois de chauffage, la valorisation du chêne est plus faible compte tenu des accès plus difficiles. Le châtaignier, qui représente encore 15%de la surface forestière, n’est plus l’arbre à pain entretenu et source de revenus comme autrefois. Toutefois il constitue encore une petite activité locale, avec des expérimentations intéressantes sur le bois d’œuvre ou encore la fabrication de piquets de clôture, à l’exemple des ganivelles, ces ouvrages de protection du littoral totalement en châtaignier. Les résineux sont surtout utilisés en bois de construction Il faut enfin noter que la filière bois énergie semble porteuse d’avenir et se développe régulièrement avec les installations de chaufferies bois.

F. Bourguet, Ph.Marteau, M. Moëns, M. Sabatier

la suite dans le Grillon papier de novembre/décembre 2018...

 

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Focus sur le sanglier

 

Introduction

Combien de discussions, commentaires, polémiques autour de la « prolifération » des sangliers et des dégâts occasionnés ? Mais que savons-nous réellement à son sujet ? Pour tenter d'y voir plus clair le Grillon a recherché des sources fiables. Ce faisant nous avons rencontré d'autres sujets d'actualité qui croisent le premier :

- la notion de « gestion écologique » d'une population sauvage animale a-t-elle un sens et correspond-il à la gestion cynégétique ?

- la démarche participative incluant chasseurs, agriculteurs, élus et administrations dans cette gestion fonctionne-t-elle ?

- quelles sont les limites de « l'horizontalité » de la gestion : faire confiance à chacun plutôt qu'imposer, du haut de l'autorité, fut-elle scientifique ?

A la fin du fin c'est bien le chasseur qui décide d'aller chasser (ou pas) ?

Nous n'avons pas la réponse à toutes ces questions mais le débat est ouvert.

 

L'office national de la chasse

 

« De nombreuses raisons biologiques, administratives ou sociales, expliquent l'explosion spectaculaire des populations de sangliers depuis une trentaine d'années. Mais le principal moteur de cette évolution reste la reproduction formidable de l'espèce, stimulée par des conditions alimentaires favorables. C'est donc par la maîtrise du prélèvement que peuvent se résoudre les difficultés...

La capacité qu'a le sanglier à se réfugier dans toute zone fermée, calme, ou pas chassée, complique le problème posé. Il faut donc que la chasse s'exerce partout sans défaillance sous peine de voir se développer, ici ou là, des concentrations insupportables.

Dans de nombreux départements, ce sont quelques « points noirs » qu'il faut régler. Des mesures administratives s'imposent parfois.

Dans les autres cas, le phénomène est général et la seule solution reste le tir. Il n'en demeure pas moins que la diminution du nombre des chasseurs est de nature à compliquer la tâche du monde cynégétique ».

 

Le constat n'est pas nouveau, l'étude de l'Office national de la chasse sur laquelle « Le Grillon » s'appuie pour cet article date de 2002 !

 

Le constat

La gestion de l'espèce n'est vraiment rationalisée que depuis une dizaine d'années et sur quelques départements seulement...

 

Les causes techniques et sociologiques sont connues :

 

              L'indemnisation des dégâts de gibier (depuis 1968) : de nuisible, détruit par tous moyens nocturnes et diurnes, il est devenu un gibier dont on a favorisé le développement.

              Le lâcher d'animaux d'élevage dans les années 70-80,

              La valorisation économique de l'espèce dans les lieux où elle est pratiquée.

              Les hivers moins sévères favorisant la survie des animaux.

 

Les causes biologiques

 

              Un fort potentiel reproducteur : maturité sexuelle atteinte entre 8 et 24 mois, durée de repos sexuel réduit en cas d’abondance alimentaire, les jeunes femelles (35 à 40 kg) pouvant mettre bas avant l'âge de 20 mois. Le 1er pic de naissance d'avril mai peut être avancé à partir de janvier. Le 2e pic observé de juillet à septembre correspond à celui des sub-adultes et laisse penser que la reproduction est ininterrompue. Le nombre de marcassins dépend du poids, de l'âge et des ressources alimentaires (2-3 à 5-6, exceptionnellement 7-8).

 

Les conséquences de la présence du sanglier

 

Si les dégâts agricoles et forestiers sont les plus fréquemment cités, il ne faut pas oublier les autres conséquences comme les risques sanitaires et les collisions avec les véhicules.

 

              Les dégâts agricoles correspondent à la recherche de nourriture hors des forêts. La consommation de lombrics, de larves et de rhizomes, aliments largement présents dans les sols prairiaux, est fréquente. .

 

              Les risques sanitaires : sangliers et porcs domestiques sont sensibles aux mêmes maladies, pouvant se transmettre par consommation de produits contaminés (ex. peste porcine dans les Vosges du Nord). La densité des animaux sauvages est un facteur aggravant. L'apparition d'affections chez le sanglier (trichinellose) peut avoir des conséquences pour l’homme qui manipule l'animal infecté ou consomme de la venaison trop peu cuite.

 

              Les accidents de la route : contrairement aux dégâts agricoles, ils sont totalement supportés par l'automobiliste ou son assurance.

 

la suite dans le Grillon papier de septembre / octobre 2018...

 

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DOSSIER: "Des fous de Dieu aux sages de Dieu"

Après la guerre des Camisards

  L'année 2017 a été l'occasion de commémorer la publication des 95 thèses de Luther le 31 octobre 1517 sur la porte de l'église de Wittemberg et d'aborder la place – ô combien importante - de l'histoire du protestantisme dans l'identité cévenole. Il existe différentes manières de le faire. La " Légende des Camisards " (Philippe Joutard) qui mêle la reconstruction mémorielle ou apologétique aux données historiques, a fait l'objet de nombreuses recherches. Plus rares sont ceux qui se sont penchés sur les suites de cet épisode... " Le Grillon " ouvre ses colonnes à un historien contemporain : Jean-Paul Chabrol qui analyse les controverses qui ont agité les synodes des Montèzes (Monoblet) en 1715 et 1716, notamment sur la place des femmes et le processus de retour à l'ordre non violent..

 

Quand Louis XIV meurt, en 1715, il n’a pu éradiquer ni l’« hérésie » calviniste ni la « déviance » janséniste (1). C’est pendant l’agonie du roi que se tient la première réunion des Montèzes, le 21 août 1715, suivie d’une seconde, au même endroit, en janvier 1716. Dans une atmosphère inquiète, une trentaine de personnes sont réunies clandestinement pour « disputer du fanatisme et des femmes prédicantes ». Parmi les hommes, les plus notoires sont : Antoine Court, Jacques Bonbonnoux, Pierre Corteiz, Benjamin Du Plan, Jean Vesson et Jean Huc. Plusieurs d’entre eux ont été, naguère, de belliqueux « fous de Dieu », des Camisards. Sont présentes aussi une poignée de femmes dont on ne connaît pas le nom à l’exception – et quelle exception ! – d’Isabeau dite la Vivaraise.

 

Isabeau dite la Vivaraise

Opiniâtre de la première heure, Isabeau est à la fois une prédicante, une prophétesse non convulsionnaire et une visionnaire. Durant l’année 1689, dans les Boutières du Vivarais, elle a participé sous le sobriquet de Dauphinenche – la Dauphinoise en français – à toutes les manifestations prophétiques dont la dernière, au Serre de La Pale, a été écrasée dans un bain de sang par les milices royales. En septembre 1701, elle est arrêtée dans une assemblée mouvementée où sa « sœur en religion », Marie la Boiteuse, aurait miraculeusement versé des larmes de sang : Isabeau en est absolument convaincue. Devant le juge, elle a déclaré que, « si le gibet était préparé tout présentement pour elle, elle dirait la vérité », à savoir l’authenticité de ce miracle. Pour d’obscures raisons, celle que le pouvoir catholique surnomme alors la « présidente des prophétesses » échappe à la peine capitale. En novembre 1701 à Privas, un jour de foire solennelle, elle est « conduite – dévêtue – à tous les carrefours » de la ville, et « à chaque halte, passée aux verges jusqu’à effusion de sang ». Le dos embrasé par le fouet du bourreau, elle est enfin marquée à l’épaule droite au fer rouge fleurdelisé. Elle avait auparavant assisté à la pendaison de deux de ses proches, dont la Boiteuse. Après son flétrissant supplice, Isabeau est incarcérée dans le mouroir de la tour de Constance, puis transférée à Carcassonne avant d’être libérée dix ans plus tard. Elle monte alors aux Cévennes où elle se réfugie – dans la vallée Borgne probablement – sous un nouveau surnom, la Vivaraise.

Jean Huc, dit Mazelet et l'oeuvre du Diable

Jean Huc, dit Mazelet, est lui aussi un prédicant. Il l’a d’abord été dans la troupe de son beau-frère, le redoutable et parfois sanguinaire Camisard du mont Lozère, Jean Nicolas, plus connu sous le nom de Jouany. Il s’exile en Suisse en 1705. De retour en France deux ans plus tard, il est placé pendant trois ans en résidence surveillée à Montpellier. En 1712, il redevient un prédicateur itinérant. Pierre Corteiz – qui prêche lui aussi – l’accuse d’être accommodant avec les pratiques catholiques. En opposition frontale avec Antoine Court, il sera exclu plus tard du groupe des restaurateurs du protestantisme. Pour la période qui nous préoccupe, Jean Huc est surtout réputé pour son intransigeante hostilité au prophétisme qu’il considère comme « l’œuvre du Diable ».

Huc prend la parole pour défendre sa position sur ce que l’on appellerait aujourd’hui le ministère féminin. Il conclut son discours en réitérant son aversion envers « les filles qui fanatisent ». À ces mots, la Vivaraise se cabre et réagit avec « rage et fureur ». « Pleine de colère », elle prononce « d’une voix menaçante » des « injures » à l’encontre de l’intervenant. Présent lui aussi, Benjamin Du Plan, le modérateur de la réunion choisi par Court pour son caractère conciliant, calme les esprits en demandant à Jean Huc « d’excuser le sexe féminin ».

Cette scène incroyable (des femmes dans une réunion quasi « synodale » alors qu’elles étaient absentes de toutes les structures ecclésiales réformées et qu’elles ne prenaient jamais la parole dans les temples), ce face à face orageux s’est déroulé dans une maison des Montèzes près de Durfort (Gard).

 

 

...la suite dans le Grillon papier de janvier / février 2018

 

 

DOSSIER "EAU"

 

Entre les rochers coule une rivière : éloge du gouffre Mourier

L’eau, ce bien si précieux, c’est aussi, pour ceux qui ont eu la chance de goûter aux joies des baignades au Gouffre, à Lasalle, le symbole des vacances heureuses.

Le Gouffre, on en profite dès la plus petite enfance : il suffit d’observer avec quelle fierté, après avoir barboté dans le « petit gouffre » plusieurs années durant, les nageurs en herbe sont enfin lâchés dans le « grand gouffre » sous le regard attendri de leurs parents ou grands-parents et le traversent enfin tout seuls – sans bouée ni brassards- d’abord en largeur, puis sur toute la longueur. S’aventurer ensuite à sauter puis à plonger des rochers qui le surplombent, là c’est vraiment entrer dans la cour des grands…

Et puis, une fois autonomes, quelle excitation, chaque année, de se précipiter au Gouffre à peine les valises posées pour les vacances d’été : Retrouver tous les copains, juste le temps d’échanger brièvement sur ces mois passés éparpillés aux quatre coins de la France et pas de temps à perdre, tous à l’eau ! (1). Oui, ils sont toujours là nos chers rochers dont, de génération en génération, se transmet le surnom si évocateur : le Pointu, le Carré, la Plateforme (le meilleur rocher à partir duquel effectuer ces fameuses « bombes » qui éclaboussent tout le monde), la Baleine (petit ilot entre les deux rives pour une sieste en solo) et puis les « sans nom » d’où se hasarder à des plongeons plus sportifs ou simplement propices à se regrouper pour « taper la discute »…sans oublier « la glissette » – si possible bien mouillée - sur laquelle tant de générations de plus jeunes encore ont usé leurs maillots de bains !

Futile, cet encart ? pas si sûr à en juger par la mention du Gouffre Mourier qui figure en bonne place sur les dépliants touristiques vantant notre Val d’Emeraude …et puis moyen peut-être d’interpeller nos édiles - que le principe de précaution incite désormais à ignorer cette baignade « sauvage » - sur l’inquiétant et - si rien n’est fait - inexorable ensablement de ce point d’eau enchanteur…

Sophie Thomas - Roubine

(1) Avec un bonus en forme de clin d’œil pour les bienheureux lecteurs du Grillon qui, dans les années soixante, ont eu la chance de profiter d’une fidèle compagne de jeux, « Bamboula », grosse chambre à air de camion taguée avant l’heure, dans - et autour de -  laquelle des journées durant se livraient de mémorables batailles navales ; mais, comme dit la chanson : « je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans… ».

 

 Historique des canaux et moulins, des fontaines et du réseau de distribution en eau de Lasalle

Les trois canaux situés dans le village ont la même structure : Une retenue sur la rivière, un canal en maçonnerie, un réservoir, un moulin et un canal de fuite et d’irrigation. Ils ont été construits à la même époque, vraisemblablement avant le 15e siècle. Ils permettaient alternativement de faire tourner des moulins à axe vertical et d’irriguer des terrains agricoles. Ils étaient en copropriété et « les droits d’eau » étaient très codifiés. Ils ont été actifs jusqu’aux années 1980. Les associations qui les géraient ont été dissoutes par la préfecture en 2006 :

Les canaux

Le Canal de Rimbal a sa retenue au gouffre des Dames.

Le Canal de La Roque part de la retenue en amont du Pont Vieux. Il poursuit en limite des jardins en parallèle à la rue Basse. Il traverse sans s’y mélanger le vallat de Rieumal, poursuit en souterrain sous la route et se déverse dans le réservoir. En aval du Moulin le canal irrigue les Plaines.

Le Canal du Moulin d’Algues a sa retenue au Gouffre Mourrier. Il alimente, à l’est, les prés longeant la rivière et, au nord, passe sous la rue et irrigue les jardins à l’arrière des maisons.                

Les Fontaines

Avant la construction du réseau de distribution d’eau elles étaient essentielles pour l’alimentation en eau des habitants et chaque partie du village avait une ou plusieurs fontaines publiques :

Au Cap de Ville : La fontaine de « Banaille » est très ancienne ; elle figure dans un texte du 13e siècle. En Septembre 1865, pour répondre à la demande des habitants, le Conseil Municipal désigne une commission pour étudier la création d’une autre Fontaine à l’extrémité du village. En 1903 une pompe est installée au cap de ville.

Quartier d’Algues : Après le percement de la Route Neuve à la fin des années 1850 la municipalité décide en 1864 de créer une fontaine dans le quartier d’Algues ; ce sera la « Fontaine de l’Amour » réalisée en fin de l’année 1865.

Quartier du Luxembourg : Une fontaine munie d’une pompe existait sur la placette rue du Luxembourg.

Quartier de la Gravière : Une pompe existait au niveau de la rue Cdt Faïsse. Une seconde pompe existait au niveau du passage dit du « Metro ».

Quartier de la Place : La Fontaine de la Place est très ancienne, sa source se situe dans les prés du quartier de Fabreguette.

Quartier de la Croix : La Fontaine de la Croix est sans doute la plus ancienne du village. Son eau provient de deux sources dont l’une est située dans les prés de Rieumal.

Quartier de la Mouthe : La « Fontaine de Clastre » se situait au bout de l’actuel parking derrière la perception ; une pompe et un lavoir y avaient été installés.

Le Réseau de Distribution

C’est en 1938 que la Municipalité décide de créer un réseau de distribution d’eau potable.

La difficulté principale était de trouver sur le territoire de la commune des ressources en eau pérennes dans le temps et suffisantes en toutes saisons. La période de guerre retarde les études et c’est en 1947 qu’un premier projet est présenté par le Génie Rural ; n’ayant pas trouvé de ressources suffisantes sur la commune ce projet prévoit de « prendre l’eau dans la nappe alluviale du Gardon près du pont de Corbès ».

En Décembre 1948, le projet est reconsidéré en prévoyant d’utiliser comme ressources deux captages au-dessus du village : l’un au Trental et l’autre sur la commune de Soudorgues à Fongarnaud. Les terrains et droits d’eau sont achetés. La première phase des travaux (les captages et les canalisations jusqu’aux réservoirs) se termine en 1952. Avant de démarrer la seconde phase (la pose des canalisations dans le village sur la rive gauche de la Salindrenque, et jusqu’à Calviac), la municipalité décide de réaliser en même temps le réseau d’assainissement. Le projet d’ensemble est finalisé en 1956 et adopté par le conseil dans sa séance de Janvier 1957. La réception définitive des travaux de construction des deux réseaux a lieu en 1963.

A cette date, à l’exception de la rive droite de la Salindrenque et de la partie haute du village (extrémité du chemin de la Mouthe et le Solier), la distribution de l'eau dans le village est réalisée.

Les besoins en eau, tout particulièrement en été, augmentant régulièrement il fallut trouver d'autres ressources. Dans les années 1970 sous l'impulsion de Paul Bonnaud Maire de Lasalle un Syndicat Intercommunal se constitue avec St Bonnet, Thoiras et Vabres pour réaliser des travaux d’adduction d'eau de grande ampleur pour l'ensemble de ces communes. La ressource sera, comme pour le premier projet de Lasalle en 1947, de capter l’eau au pont de Corbès. De là un réseau de canalisations et de châteaux d'eau permettra d'alimenter les communes et les écarts. Le réseau de la commune de Lasalle sera raccordé à cette nouvelle source au niveau de la route de St Bonnet.

En 2006 le Syndicat a étendu son réseau pour alimenter la commune de Sainte Croix de Caderle et a réalisé un réservoir à Montvaillant. La commune de Lasalle, afin de sécuriser son alimentation et permettre d’irriguer la partie haute du village, en a profité pour raccorder ce réseau à son réservoir du Solier et créer un réseau sur la route des Bousquets alimentant le Solier et Clarou. Ce réseau pourra être prolongé sur la commune de Soudorgues.

En 2016, la commune réalise les travaux d’alimentation en eau potable de la rive droite de la Salendrinque (route de Colognac et Foucard). A ce jour, il reste donc à alimenter en eau potable la partie haute du chemin de la Mouthe.

 

Luc Meilhac avec la collaboration d’Alain Maurel

la suite du dossier dans le Grillon papier de novembre/décembre 2017...

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 DOSSIER:

 

 Centre d'interprétation du Galeizon: un lieu de mouvement

  « Biosphera » : la rupture au cœur de l'histoire

 « Biosphera » (du grec « bios », « vie » et « sphaîra », « globe ») a mis au centre de son parcours la succession des ruptures et leurs conséquences sur la société rurale, avec qui la nature avait partie liée : non seulement à travers les « services écologiques » qu'elle sait rendre, mais aussi par le contact vital, viscéral, via la transmission familiale et l'imprégnation quotidienne dans le milieu naturel, par la médiation des savoirs et savoir-faire ancestraux et le vécu collectif. Pourtant, sans que nous en ayons conscience, nos interactions avec la nature continuent d'être multiples, y compris à l'intérieur de notre propre corps !

 Guerres et paix

 Autour du « pilier » du changement le parcours muséal de Biosphera évoque les deux sources qui façonnent, chacune à leur manière, la vallée du Galeizon :

 - d'un côté l'Histoire, depuis les temps anciens, avec ses aspects économiques, culturels, techniques, sanitaires et sociaux, ses périodes de paix et ses guerres...

- de l'autre les éléments naturels, organisés à travers la force démiurgique et vitale qui a donné forme aux paysages, qui a nourri végétaux, animaux et populations et rendu possibles les projets humains (habitat, agriculture, élevage, industrie) : le réseau hydrographique du Galeizon.

 

Côté pile: les interactions hommes/nature dans l'histoire

Plus de 40 000 ans de présence humaine sur le territoire ont tôt signé de leur empreinte la transformation de la végétation : dès le Néolithique (7 000 à 2 500 ans avant Jésus-Christ) le chêne vert s'étend aux dépens du chêne blanc, accompagné des bruyères, arbousiers, genévriers et pins. C'est que le pâturage des ovins conduits par les préhistoriques, et un réchauffement du climat, favorisent leur présence.

- A l'Age du Bronze (de 3000 à 1000 av. J.-C.) ici vers 2800/2000, des grottes aménagées en sépultures et des roches gravées par milliers témoignent de cette présence humaine illustrée par les objets offerts à la découverte : tombes à caissons (montagne du Mortissou), crânes, silex, céramiques, perles, outillages lithiques (en pierre) sont les vestiges de cette société naissante.

 - Trois siècles avant J-C les Volques arécomiques (peuples celtes originaires de la région du Danube) ont fondé Nemausus (Nîmes) : l'agriculture, l'élevage, la transhumance se développent, laissant en héritage le tracé des « drailles » et les noms qui évoquent les troupeaux en marche (« pausadou », « ayres »…). Deux siècles avant J-C, une première « crise » voit la conquête romaine et l'alliance des conquérants avec les Volques arécomiques contre les Arvernes. Cendras héritera à ce moment d'une « villa gallo-romaine » (à l'emplacement de l'actuelle abbaye) entourée de vignes, oliviers, céréales mettant en valeur la grande plaine irriguée bordant le Galeizon (et née de ses dépôts alluviaux).

 - Pendant vingt siècles à partir de cette conquête, un mouvement de fond va déployer la châtaigneraie (qui remplace la chênaie), avec des vergers, des prairies, des parcours, les terrasses, les béals, les drailles, une alternance de périodes d'ouverture de la végétation (défrichements, cultures) ou de fermeture (prédominance de la forêt telle que nous la connaissons aujourd'hui). Les drailles anciennes deviennent des chemins commerciaux, nombre de noms de lieux prennent le suffixe « argues » (désignant « le lieu où l'on est ») : amphores, poteries, mosaïques, monnaies en témoignent dans les vitrines.

 - Trois siècles après JC l'invasion wisigothe (peuple germanique venant de la région de la mer Noire) profite du déclin de l'empire romain : deux siècles plus tard, les cultures des habitants et des envahisseurs ont fusionné mais une baisse démographique et économique marque la fin de l'Antiquité et le début du Moyen-Age. Les voies antiques secondaires sont abandonnées.

 - Entre l'an mille et le milieu du XIVe siècle : défrichement, cultures et constructions de terrasses suivent les nouveaux entrepreneurs que sont les moines des abbayes, qui ont véritablement bâti le terroir cévenol actuel. Celle de Cendras, créée au Xe siècle verra son apogée au XIIe avec près de quatre-vingt moines qui suivent la règle de St Benoît en pratiquant la vie autarcique. Au XIIIe siècle, première trace d'une transaction autour du « charbon de terre » des Cévennes dont un gisement est affermé par l'abbaye. Il servira à alimenter en énergie les forges (fer et cuivre), les fours à chaux et les plâtrières...

 - A partir de 1337 c'est la guerre de Cent ans et la peste (1348) d'où : forte baisse démographique, abandon des cultures et reforestation.

 - De 1450 à 1700 : l'étendue des cultures de châtaignier augmente pour en valoriser le bois et le fruit conservé par clédage, avec l'élevage des porcs, moutons, chèvres et vers à soie qui va prendre de l'ampleur au XVIe siècle. Forges et martinets (moulins à fer) se développent grâce à la présence des minerais, à l'énergie hydraulique et au charbon de bois de chêne. Cette période de croissance (déjà !) est illustrée par des objets tels que les faisselles, pompons, cloches de troupeau, paniers et des maquettes (clède, roue de moulin, béal...)

 - A partir de 1561 les Cévennes sont majoritairement protestantes, il s'en suit des guerres civiles auxquelles l'Edit de Nantes met fin. Mais il est révoqué en 1685 : la guerre des Camisards est déclenchée en 1702. Cavalier, le principal chef camisard, capitule en 1704. En 1709, nouvelle crise, d'origine écologique celle-là : un gel exceptionnel terrasse la châtaigneraie... Disette, reconversion : le mûrier est planté en quantité.

 - Entre 1700 et la fin du 19e siècle, la sériciculture et les mines de charbons (autour du bassin houiller d'Alès, d'autres minéraux ailleurs...) deviennent les piliers de l'économie. La ville de La Grand-Combe est créée en 1848. En 1958 il y a 20 000 mineurs dans le bassin d'Alès. En témoignent ici les échantillons de charbon, casques, maquettes, lampes ainsi que les cocons de vers à soie, bobines de fil de soie, boite à « graines » (œufs)....

 

Coté face: au milieu coule une rivière, le Galeizon

 

 

...la suite dans le Grillon papier de mars/avril 2017...

 

Michelle Sabatier

 

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 Dossier:

   Aperçu sur le fonctionnement et le rôle des places de foires

 

 D'après Daniel TRAVIER

 Les foires ont joué un rôle majeur pour l’économie agropastorale. C’est sur les foires que se réalisaient les échanges commerciaux liés aux productions agropastorales, mais pas seulement. Elles ont été un creuset relationnel, un lieu de rencontres et d’interaction qui, bien au-delà des stricts  échanges commerciaux, ont sociabilisé ce monde rural isolé de l’agropastoralisme.

 L’établissement des foires et des marchés a été un droit seigneurial, puis un droit de la couronne de France. Leur institution était motivée par des considérations d’abord économiques. Ces rassemblements de marchands et d’acheteurs donnaient un surcroit d’activités dans la vie locale. Ces marchés publics étaient très fréquentés, car l’autorité royale qui les avait institués avait aussi accordé des franchises, exonéré les marchands de certains droits et taxes. En effet les droits multiples existants faisaient obstacle au commerce en général. Leur exonération, au moins partielle, sur les foires, rendaient ces dernières très attractives. La foire de la Madeleine à Beaucaire se tenant du 21 au 28 juillet, qui était une foire de renommée internationale, est restée franche de tout droit, totalement exonérée jusqu’au milieu du XVIIe siècle.

 Les communautés d’habitants représentées par leurs consuls, multipliaient les démarches auprès de la cour royale pour la création de nouvelles foires. En revanche les communautés voisines, pourvues en foires, tentaient d’en limiter la création dans leur aire d’achalandage. La question des foires n’a pas manqué d’attiser les rivalités entre communautés voisines.

 Les marchandises qui s’achètent et se vendent sur les foires

 « L’ensemble des productions, sauf les cocons de vers à soie, peuvent être commercialisées aux marchés et aux foires. Certaines le sont accidentellement, d’autres le sont plus régulièrement comme les châtaignes vendues aux foires d’automne. Néanmoins, la foire est plus le lieu de régulation des économies familiales qu’un lieu d’échange réglé entre producteurs spécialisés. Une quantité de métiers s’y trouve aussi représentée : tels les savetiers, les marchands de cadis, de tissus, les étalages enfin de tout ce qui n’est pas produit au sein du groupe restreint et qui demande une connaissance et des matériaux spécifiques »1.

 ⁃  Objets domestiques : ustensiles de cuisine en fonte, bronze, cuivre, étain, fer-blanc… ; des poteries pour la conservation et la consommation des aliments : des contenants, de la vaisselle de terre et de faïence… ; de la verrerie de toute sorte. Dans le domaine domestique il y a aussi des artisans qui pratiquent sur la foire même comme l’étameur ou estamaïre, qui étament les cuivres, restaurent les étains et refondent régulièrement les couverts d’étain.

 ⁃  Des articles de colportage : livres, bimbeloterie, lunettes… Pour ce qui est des livres il s’agissait d’almanachs profanes ou religieux mais aussi de la littérature religieuse notamment protestante que combattait le clergé catholique comme le montre le mandement de l’évêque de Mende publié à l’occasion du carême de 1838 : « Nous avons la douleur d’apprendre qu’il circule, en ce moment dans notre diocèse, une Bande de colporteurs émissaires des sociétés bibliques. Nous savons que, sous les dehors d’une piété fausse et hypocrite, ils débitent, à vil prix, et offrent même de donner gratuitement des Bibles falsifiées et tronquées, des livres impies et immoraux et des gravures obscènes. Nous engageons nos chers coopérateurs [les prêtres] à prémunir leurs paroissiens contre les dangers de ces productions infernales, à se faire remettre les exemplaires qui pourraient se trouver dans leurs paroisses et à les détruire immédiatement 2»

 ⁃  Des outils notamment de la taillanderie (fabrication d'outils).

 ⁃  De l’artisanat y compris paysan. Ainsi sur les foires d’Alès on trouve des vanneries en éclisses de châtaignier, faites par les paysans, à la veillée et au cours des journées d’hiver de mauvais temps. Les gens de la vallée du Galeizon, de Mandajors et St-Paul-la-Coste en particulier, s’étaient fait une solide réputation dans ce domaine.

 ⁃  Des textiles : Les textiles ont longtemps tenu une place de choix sur certaines foires. Il y avait les tissus venus d’ailleurs qui étaient vendus dans les Cévennes comme les cotonnades, les indiennes, les rouennaises… mais aussi les productions lainières des Cévennes à commencer par la laine en suint.

  ⁃  Des denrées agricoles notamment des grains et des châtaignes mais aussi toutes sortes de légumes et de fruits suivant les saisons comme les prunes reines-claudes des hautes vallées ou les cerises de Sauve qui étaient exportées dans de petites corbeilles spécifiques.

 ⁃  Des plants de jardinage que les jardiniers des basses Cévennes vendaient sur les foires aux paysans qui ne faisaient pas nécessairement de semis.

 ⁃  Les productions d’élevages ovins, bovins, caprins, porcins (porcs gras ou porcelets)… ainsi que les animaux de trait ou de somme : bœufs, mulets, ânes, chevaux… le tout occupant un espace d’importance, le champ de foire ou fièiral. Tous ces animaux étaient parqués au moyen de claies de bois appelées casts.

 ⁃  Les peaux de chevreaux, lapins et sauvagines : c’était le chiffonnier, fataïre ou pelhaïre qui achetait aux paysans ces différentes peaux séchées, retournées et tendues par un brin d’osier, d’abarina. Il circulait dans la foire égrenant sa litanie : « Pelharo, pelharo… pèls des lèbras et pèls de lapins e maï la car y seguesse dedins »…

 ⁃  Différentes transactions s’y faisaient aussi comme le paiement des fermages (aux foires de la Saint Michel autour du 29 septembre), ou l’embauche de travailleurs saisonniers.

 

 ...la suite dans le Grillon papier de novembre / décembre   

 

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 Dossier:

 

  Le Parc national des Cévennes

  

 Souvenez-vous, dans les années 70 les inscriptions « Non au Parc » fleurissaient un peu partout dans nos Cévennes, y compris à Lasalle au fronton d’un transformateur électrique ... Le Parc à son origine suscitait des craintes dans la population locale, mesures coercitives ou réglementations excessives étant particulièrement redoutées. Autant que je me souvienne cette hostilité dura quelques années puis on en entendit moins parler. Alors aujourd’hui le Parc... c’est quoi ?

 

Créé en 1970, le Parc a profondément évolué à la suite de son accession en 1985 au classement dans le réseau mondial des Réserves de biosphère, puis avec la loi de réforme des Parcs Nationaux en 2006 et enfin avec le décret de 2009 qui a permis de finaliser la délimitation du Parc et d’unifier son périmètre avec un établissement public gestionnaire de l’ensemble Parc-Réserve de biosphère.

 

•     Aujourd’hui le Parc c’est d’abord un territoire, composé d’environ 150 communes dont 55 constituent le cœur du Parc, les autres étant situées dans « l’aire d’adhésion » à cheval sur les départements du Gard et de la Lozère. Un territoire rural de moyenne montagne, faiblement peuplé (75 000 habitants en 2006) mais qui connaît un certain regain démographique depuis une dizaine d’années avec des nouveaux arrivants majoritairement actifs.

 

•     Le Parc c’est ensuite une équipe d’environ 80 collaborateurs, un budget de l’ordre de 8,5M€ financé exclusivement par l’Etat.

 

 

 

Ce budget sert à financer le fonctionnement du Parc mais aussi à dégager des moyens financiers pour aider les communes, voire les particuliers. Les communes du cœur du Parc bénéficient de dotations annuelles et celles de l’aire d’adhésion peuvent obtenir des subventions ponctuelles mais surtout profiter de l’ingénierie du Parc, de son accompagnement et de sa dynamique. Au seul plan touristique par exemple, s’afficher comme commune membre du Parc constitue un atout de notoriété et de qualité non négligeable. Par ailleurs développer « l’esprit Parc », avec les valeurs que cela véhicule (tourisme durable, authenticité, terroir, produits locaux..) est parfaitement adapté à la demande touristique actuelle. Par exemple le bureau de l'Office du tourisme Aigoual-Cévennes de Lasalle est équipé d'un relais d'information du PNC.

 

 

la suite dans le Grillon papier de juillet /août 2016

 

                    

Dossier:

Trois végétaux marqueurs d'identité

 

 Le châtaignier, arbre traditionnel des Cévennes, dont les forêts font partie de notre paysage cévenol depuis plus d’un millénaire, est un « marqueur » d’identité cévenole. Mais ce n’est pas le seul élément identitaire en Cévennes. Il en existe bien d’autres. Citons-en quelques-uns sans vouloir être exhaustif : les bancels, les clèdes, le pélardon, les oignons doux, … sans oublier les arbres hors forêts sur lesquels j’aimerais m’arrêter.

 

Ces arbres hors forêts font partie de notre quotidien, ils nous entourent : arbres isolés dans un champ, arbres ornementaux sur une place de village, arbres d’agrément dans un jardin ou un parc, arbres constituant une allée, arbres en bordure de rivière, arbres délimitant des parcelles, arbres témoins marquant le souvenir ou la mémoire, arbres fruitiers dans les vergers, arbres repères, vignes et treilles.

.Le mûrier, arbre témoin d’une activité économique disparue, a remplacé partiellement le châtaignier au lendemain du terrible hiver de 1709. Il a contribué à l’enrichissement du village avec ses filatures et le commerce de la soie. Cet apport de richesse a modifié le paysage urbain avec l’agrandissement et l’embellissement des maisons, la construction de belles demeures permettant de recevoir les industriels lyonnais et agrémentées de jardins avec des cèdres majestueux, des haies de bambous, des buis et quelquefois des palmiers. Ces arbres constituent des marqueurs sociaux soulignant la réussite économique locale.

 

Le cèdre est aussi un marqueur de l’histoire du village, avec le Bosquet du Souvenir et ses 94 cèdres à la mémoire des Lasallois morts pour la France durant la Grande Guerre.

 

Le platane est également très présent. Arbre d’embellissement mettant en valeur le château de Calviac ou de St Bonnet avec leur majestueuse allée de platanes centenaires. Arbre d’agrément sur la place de Lasalle avec ses platanes taillés en "têtard" apportant une ombre bienfaitrice l’été. Arbre de la mémoire avec le platane de la liberté en face de la Mairie.

 

De nombreux autres arbres pourraient être cités comme l’érable, le marronnier, le frêne qui borde la Salindrinque, le noyer avec le superbe champ de Foucard, le Micocoulier cultivé à Sauve et St Hippolyte du Fort pour faire des fourches… Ils constituent tous des marqueurs sociaux-culturels, économiques ou de paysage, et montrent aussi l’importance de l’identité dans la dynamique de développement d’un territoire.

 

Luc Meilhac

 

    Le châtaignier, histoire et culture

 

Daniel Travier, conservateur du Musée des Vallées cévenoles de Saint Jean du Gard, est venu à Lasalle parler du châtaignier, lors de la Fête de la châtaigne.

 

Le châtaignier est un marqueur indélébile du temps et de l'espace cévenol. Près d’un millénaire durant, sa culture a été déterminante pour l’homme : elle est omniprésente là où la nature le permet.

 

Le Châtaignier fait partie de la famille des fagacées dont il existe de nombreuses espèces. Dans les Cévennes c’est le Castanea Sativa. Sa présence est conditionnée par le sol qui doit impérativement être acide (granit, schiste ou grès) et par le climat. L’altitude limite du châtaignier en Cévennes se situe autour de 800 m ce qui correspond à l’isotherme 0° du mois le plus froid.

 

Ce sont quelques 130 variétés de châtaigniers qui ont été cultivées dans les Cévennes gardoises et lozériennes : Marron Dauphine, Pellegrine, Coutinelle, Barbue, Figarette … Dans les années 60, l'INRA a sélectionné des hybrides pour lutter contre les maladies : la Bouche de Bétizac (Castanea sativa et Castanea crenata),  la M15 ou Marigoule …

 

Châtaigne ou marron ?

 

Ne pas confondre avec le fruit du Marronnier d'Inde, arbre d'ornement introduit au XVIe siècle. Mais " marron " est aussi l'appellation d'une châtaigne dont la peau intérieure (tan) ne cloisonne pas le fruit, ce qui permet de le garder entier à l'épluchage. Lorsque moins de 12 % de la production d’un arbre est cloisonnée, il appartient à une variété dite marron : Marron Dauphine …

 

...

 

la suite dans le Grillon papier de mars/avril 2016

 

 

Dossier: Le Pacte pastoral

 

Les troupeaux partis en transhumance au printemps dernier sont redescendus en septembre vers leurs quartiers d'hiver : pour la plupart d'entre nous, c'est juste un moment un peu particulier dans l'année, comme une fête et le signe de la fin de l'été. On peut monter le long de la "draille", on marche en tendant l'oreille car on sait qu'on entendra le troupeau venir de très loin, d'abord un bourdonnement léger et bientôt un nuage de poussière que le vent soulève. Mais il faudra patienter car les brebis marchent à leur pas, endurant déjà plusieurs heures de descente dans les cailloux, parfois assoiffées par les chaleurs estivales qui ne cessent pas. Quand le troupeau est là, et que le berger l'arrête sur un « pausadou » (reposoir) pour une petite halte, les bêtes se rassemblent et se serrent, la tête des unes à l'abri sous le ventre des autres, faisant corps d'un seul bloc. Seules quelques audacieuses vont venir quémander une friandise au berger. Toutes s'immobilisent pour quelques minutes dans le silence et c'est seulement quand la marche reprendra qu'on verra se déployer leur longue file, qui croise interminablement les marcheurs venus à leur rencontre.

On peut s'arrêter à cette image de l'agropastoralisme. Mais c'est le reflet d'une réalité beaucoup plus profonde et complexe. Un mirage qui cache une forte régression de l'élevage ovin depuis quelques décennies : les témoignages locaux attestent que, les temps venus, des troupeaux se succédaient voici quelques années, de manière ininterrompue, une ou plusieurs journées durant, à travers les villages comme Lasalle, Colognac, etc. Et surtout ce spectacle cache une transformation de l'identité des Cévennes, tellement profonde que les « vieux cévenols » encore parmi nous s'étonnent de ne pas reconnaître le pays qui les a vus naître et grandir.

Certes, le monde change, la société change, les Cévennes aussi changent. Mais devons-nous tout laisser filer sans nous poser de question quant aux conséquences d'un « non agir » qui est d'abord du « non pensé » ?

Le classement des Cévennes par l'Unesco

Le classement des Causses et des Cévennes par l'Unesco au titre de « paysage culturel de l'agropastoralisme méditerranéen » a été l'occasion de réfléchir à ce que recouvrait cette notion (cf. http://cevennes-unesco-salendrinque.jimdo.com/).

L'agro-pastoralisme repose sur un système d’élevage qui utilise en grande partie les ressources végétales spontanées pour le pâturage, de façon extensive (parcours extérieurs des animaux), soit sur l’exploitation même, soit dans le cadre de la transhumance.

S'y ajoutent, dans les Cévennes, la production de fourrages pour les troupeaux et d'autres types de productions qui couvrent toute une palette d'activités non délocalisables parce que directement issues du terroir :

-la culture des oignons en terrasses (AOP "Oignons doux des Cévennes"),

-la production et la transformation des châtaignes (AOP en cours),

-l'horticulture et le maraîchage,

-la conservation et la transformation des fruits (noix, noisettes, amandes, pommes, poires, raisins, cerises, framboises, cassis, mûres, gratte-culs, etc), 

-la production de fromages : vache, chèvre (AOC Pélardon), brebis, et de charcuteries,

-l'apiculture et ses dérivés sucrés (pâtisseries au miel),

-l'exploitation de la ressource en bois (chauffage, piquets).

Au-delà des produits actuels, il faut prendre en compte aussi l'héritage du passé pastoral :

-les terrasses de cultures, les aménagements hydrauliques, les chemins muletiers, sentiers et « calades » (sentiers empierrés), les murettes, les clèdes (séchoirs à châtaignes), moulins, abris, bergeries, sources etc. dont l'entretien est un véritable investissement touristique, au moins dans un périmètre raisonnable autour des villages, des voies de circulation et des itinéraires de randonnées,

-le patrimoine architectural traditionnel (mas, hameaux, villages) et la « leçon de choses » qu'il donne aux bâtisseurs contemporains quant à son adaptation au relief, au climat, aux usages, son respect de la « juste mesure » (proportions, volumes), toutes caractéristiques qui fondent le caractère intrinsèque du paysage cévenol parvenu jusqu'à nous

la suite dans le Grillon de novembre/décembre 2015

 

 

Michelle Sabatier

 

 

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                    Automne 1914 - Lasalle sans médecin.

 

 

          Face à la Guerre, la mobilisation a pour conséquence l’absence, sur Lasalle et son canton, de ses deux médecins. Le conseil municipal se trouve devant une «urgence». Dès l’automne 1914, il prend donc la décision de faire appel à un médecin extérieur pour pallier ce manque.

 

          Le 7 Février 1915, le conseil municipal réuni sous la présidence de Louis BESSEDE, Maire, assisté de Jules COURRENT (adjoint) et des conseillers : Adolphe GREVOUL, Antoine THEROND, Louis SALLES, Ernest DESHONS, Elie PEREDES, Gustave SOULIER, Louis PANTEL, David MARTIN, Charles HEBRARD, Eugène ROSSEL, Albert PUECH, Aimé VOLLE, Louis BOURGADE, David DURAND, confirme cet engagement… «Comprenant l’utilité d’un docteur dans le canton, alors que d’autres régions sont sans médecin»...

 

          C’est donc un jeune pharmacien d’origine russe ( né à Bérésowka le 11 Novembre 1881 ), étudiant en médecine à Paris, le Docteur Isser SEILINGER qui a été sollicité pour venir s’installer à Lasalle... «Moyennant le versement d’une somme mensuelle pour sa nourriture et son logement»... et pour appuyer la démarche, le conseil municipal demande le transfert du dossier de cet étudiant de la Faculté de Médecine de Paris à celle de Montpellier, afin qu’il puisse y passer son dernier examen car ... «un voyage à Paris prendrait trop de temps et une interruption prolongée du service nuirait beaucoup trop à l’Établissement pour Militaires Convalescents, qui devrait être fermé»... ? (Cette structure «Etablissement d’ACM» est tombée dans l’oubli, mais elle a bien existé au cœur du village et elle a fonctionné pendant toute la durée du conflit grâce à la compétence du docteur SEILINGER.

 

          Le Docteur SEILINGER est resté à Lasalle plusieurs années avec son épouse et leur fille Hélène, née à Lasalle le 15 Décembre 1914, jusqu’à la démobilisation des médecins lasallois. En 1916, malgré son travail, il publia un livre «Contribution à l’étude du cancer primitif et intrinsèque (non vatérien) du duodénum». Il continua sa carrière en France et nous le retrouvons en 1942, dans la région de Grenoble, à l’origine de la création d’une antenne de l’OSE (organisation de secours aux enfants) [1]avec Madeleine KAHN. Arrêté le 30 Juin 1944, il fut déporté à Auschwitz et y mourut le 5 Juillet 1944 à l’âge de 63 ans.

Son nom est gravé au Mémorial de Yad Vashem.

 

                                                                                  Maurice FIGUIERE.

 

Sources : Archives municipales.

                Histoire de l’OSE.

                Livre mémorial de la Fondation pour la mémoire de la Déportation.

                Archives personnelles.



[1]   Association juive créée le 28 octobre 1912 par des médecins juifs de St Pétersbourg en Russie. Elle a sauvé plus de 5000 enfants pendant la Seconde Guerre  Mondiale et a été reconnue d'utilité publique en 1951. Elle est toujours active dans ˝ le respect des valeurs humanistes juives et dans le respect de la laïcité ˝selon ses propres dires (site internet www.ose-france.org)

 

  1.  

A Lasalle, un Établissement d’ACM.

                                       (assistance aux convalescents militaires).

 

- Association née en Août 1914.

 

- But de l’association :

          «Dès le début de la Guerre, dès que le Front dût évacuer, sur l’arrière, des blessés et des malades, des esprits éclairés et généreux se préoccupèrent du sort qui attendait ces blessés et ces malades entre le moment où, n’ayant plus besoin de soins chirurgicaux et médicaux, ils quitteraient les formations sanitaires et le moment où, ayant entièrement récupéré leurs forces, ils pourraient rejoindre le dépôt de leur Corps et se préparer à repartir sur la ligne de feu»... (Extrait).

 

          Le 1 Septembre 1914 (parution au journal officiel du 25 Août 1914), fut créée l’Œuvre d’Assistance aux Convalescents Militaires (rattachée au Ministère de la Guerre). Le département du Gard faisait partie de la XV Région.

          Dans beaucoup de villes, de villages, dans des hôpitaux, des sanatoriums, des villas, des châteaux, etc., se créèrent des établissements de convalescence pour militaires ...«ce sont en général de petites structures d’une vingtaine de lits de convalescents dans de petits villages et souvent ce sont des particuliers qui en sont à l’origine»...

 

          A Lasalle, l’Établissement comprenait 20 lits. Comme il fonctionnait sous forme associative, il avait un bureau : le Président était Monsieur TEULON–LATOUR, les Directrices : Madame MOUCKERGUES et Madame GRAWITZ, les Trésorières : Madame de MARVEILLE de Calviac et Monsieur Louis GIBELIN et les Collaborateurs : Monsieur le Docteur SELINGER et Monsieur VERDEIL, pharmacien.

          Cet établissement a été créé à l’automne 1914 et on comprend très bien le souci de la municipalité de ne pas interrompre le fonctionnement et les soins apportés aux convalescents. Il était situé au lieu-dit «villa Paulhan», sur le parking de l’usine, mais qui était un verger à cette époque. Cette villa existe toujours et son aspect extérieur a peu changé et le bâtiment est très reconnaissable.

 

                                                                                            Maurice FIGUIERE

 

 

Sources : Livre d’Or de l’Assistance aux convalescents Militaires – XV Région ( 1916 ).

                Archives personnelles.

  

 


  

 

 

 

Ce que les noms nous disent des lieux

 

La toponymie (étude linguistique des noms de lieux du point de vue de leur origine, de leur transformation dans le temps et de leurs significations) est à la fois une science, avec ses spécialistes, et une tentation à laquelle il est difficile de résister tant on aimerait faire dire aux noms de lieux les secrets qu'ils renferment ! C'est cette tentation qui s'exprime dans la "toponymie" populaire très révélatrice de ce que la culture locale "entend" dans les noms prononcés.

 

Plusieurs auteurs, depuis de nombreuses années, se sont intéressés aux noms de lieux des Cévennes, Paul Fabre est l'un d'eux, qui a le mérite d'avoir publié un ouvrage court et accessible : "Dictionnaire des noms de lieux des Cévennes" (160 pages, Ed Bonneton, 2009) où il sait reconnaître le doute, s'il existe, entre plusieurs origines et même l'ignorance, quand on ne peut conclure. Il a le bon goût, en outre, d'expliciter dès l'abord la méthode qu'il emploie et qui repose sur trois démarches rigoureuses : "recherche des formes anciennes du nom de lieu, réflexion critique sur ces formes, application à ces formes des lois de l'évolution historique" (1).

 

L'avantage immédiat, si le résultat est parfois surprenant, c'est qu'il nous dévoile, quand c'est possible, la date d'apparition dans les textes des premiers noms d'un lieu donné, que ce nom procède du gaulois, du latin ou du germanique, rarement des racines dites "pré-indoeuropéennes" où, d'après lui, les hypothèses de travail l'emportent sur la certitude.

 

Lors de cette première apparition, nous avons une forme ayant encore été peu transformée par l'usage, notamment par son passage obligé dans la langue occitane puis en français. Exemple : Aigoual, sous la forme Aigoaldi, employée en 1228, révèle d'après Paul Fabre qu'il ne s'agit pas du nom occitan de l'eau (aiga, du latin aqua) mais d'un nom de personne germanique, Aigold de aig, venu du gotique aigan, posséder. Les descendants de aqua ne développent pas de "w" après le "g". Aiguebelle ou Aiguebonne par contre sont bien composés avec aiga complété de l'adjectif bèla (belle ou abandante) ou bona (bonne).

 

Un court voyage dans la Salendrinque, fait d'emprunts dans le dictionnaire de Paul Fabre, nous donne quelques aperçus sur la toponymie locale :

 

Airolle(L') ou Ayrolle, (Saint-Félix de Pallières) : de l'occitan airòla, petite aire ou espace découvert.

 

Asclier(col de l') (Soudorgues) : de l'occitan ascla (latin : assula) : fente, crevasse.

 

Beauvoir(Soudorgues) : "nom tiré du sentiment inspiré par le site", à la différence de l'étymologie populaire (rapprochement de deux mots qui se ressemblent alors qu'ils n'ont pas la même origine), ce "sentiment" est la désignation d'un lieu par son caractère apparent.

 

Borie(La) (Lasalle, Soudorgues, Monoblet) : de l'occitan bòria, ferme, domaine agricole.

 

Bousanquet (Colognac) : sobriquet à partir de l'occitan bosanquet, nabot, homme petit, bamboche.

 

Bousquets (Les) (Soudorgues) : de l'occitan bòsc, bois, ou du nom de famille germanique Boso.

 

Cabane(La) (Vabres) : de l'occitan cabana (latin : capanna) "cabane, hutte de chasseurs, cave à fromage".

 

Caderle(Sainte-Croix de Caderle) cf. Villa Caderila en 890, Sancta-Crux-de-Caderlio en 1384 : probablement nom de domaine gallo-romain.

 

Can (La) ou Cam (Monoblet, Sourdorgues) : le féminin "la" renvoie à l'origine gauloise calmis (plateau rocheux sur une montagne) et non pas au latin campus (champ).

 

Colognac: cf. Colonhacum en 1384, nom de domaine gallo-romain, du nom d'homme latin Collonius et suffixe -acum, latinisatin du gaulois -acos.

 

Combettes (Les) (Lasalle) : de l'occitan comba (du gaulois cumba), combe (creux ou petite vallée).

Coste(La) (Sourdorgues) : de l'occitan còsta, latin costa, "côte, penchant de montagne".

 

Coulet(Le) (Colognac) : de l'occitan colet, petite colline, ou petit col tandis que "Coulette" viendrait de couler, colar en occitan.

 

Currières (Les) (Thoiras) : sans doute un nom de famille du nom d'homme latin Curius et suffixe -aria qui devient -ièra en occitan et se francise en ière (ier au masculin).

 

Durfort: cf. Duro-Fortis en 1281, soit deux adjectifs pour nommer une forteresse réputée imprenable mais le premier pourrait bien être le gaulois duno (forteresse, hauteur) tombé dans l'attraction du mot latin durus (dur).

 

Fage(La) : de l'occitan faja (latin : fagea, de fagus : hêtre, fau en occitan). Même origine pour Fageas.

 

Horts(Les) (Soudorgues) : de l'occitan òrt venu du latin hortus, jardin potager.

 

Lafoux(Soudorgues) : de l'occitan fos, fontaine.

 

Lalle(Saint-Félix de Pallières) du nom de famille Alle, ou de l'occitan ala, "halle, maison rustique spacieuse".

 

Lasalle: cf. G. de Sala en 1256 et Ecclesia de la Salle en 1274, de l'occitan sala, "résidence seigneuriale" venu du germanique seli (en allemand saal, chambre, château. "Sala" est aussi un mot prélatin qui nomme les cours d'eau (Salendre) mais ce sont deux origines différentes qui ne véhiculent pas le même sens.

 

Loubière: de l'occitan lobièra lieu fréquenté par les loups (de lop, latin : lupus) et suffixe -ièra (du latin -aria). De très nombreux écarts et lieux-dits portent ce nom qui est également un nom de famille.

 

Marcassargues (Sainte-Croix de Caderle): du nom d'homme latin Marcassius et suffixe -anicis.

 

Mazelet(Le) (Thoiras) : de l'occitan maset, petit mas, petite métairie à ne pas confondre avec : Mazel (Le), de l'occitan masèl (du latin macellum), abattoir.

 

Mercou (col du) (Sourdorgues) : à rattacher à Mercoire, nom d'homme ou de divinité.

 

Moina(Le) (Soudorgues et St Félix de Pallières) probablement nom de famille Moinat, sobriquet à partir de l'ancien occitan moine (mouyné).

 

Monoblet: cf. Sanctus Johanes de Monoguleto en 1320, Monogletum en 1384, obscur (pas d'explication).

 

Mourier(Le) (Soudorgues) de morièr, amorièr, mûrier.

 

Nogarède(La) (Vabres) : de l'occitan nogareda, lieu planté de noyers.

 

Parro(La ) (ou Paro) de l'occitan parran ou parro : jardin, enclos.

 

Poujade(La) (Colognac) : de l'occitan pojada, montée.

 

Rimbal(Lasalle) : nom de famille Rimbal(d) du germanique Ringbald (de ragin "conseil" et bald "audacieux").

 

Roussarié (La) (Ste Croix de Caderle) : sobriquet tiré de l'occitan ros, roux.

 

Saint-Félix de Pallières cf. Villa que vocant Patellaco en 959, Sanctus-Felix-de-Paleria en 1384, de pal (pieu) du latin palus, digue formée de pieux, ou dérivié de palha (paille du latin palea) lieu où l'on conserve la paille.

 

Salindres (La Salindrenque ou Salendrinque) formes nées à partir de "Salendre" (vallée de la Salendre) : nom de la rivière augmentée du suffixe -enca, issu de la base sala qui désigne de nombreux torrents de montagne.

 

 

Salve-Plane de l'occitan selva (latin silva, forêt) et adjectif plana, plate.

 

Serre(Le) (Soudorgues et Lasalle) : occitan sèrre "chaînon de collines" (Alibert) mais aussi "sommet de forme allongée, contrefort de montagne" (Mistral).

 

Solier(Le) (Lasalle, Monoblet) : de l'occitan solièr (latin : solarium) "terrain exposé au soleil" mais aussi soupente, grenier à foin (restant ouvert au midi).

 

Soudorgues cf. Sardonicae en 1146, de Sordonicis en 1178 : du nom d'homme latin Sardus ou Surdus (parent avec Sarde).

 

Soulatges : cf. Solaticis en 1345, de l'occitan solatge, dépôt, sédimentation, vase, mais aussi : redevance (terre soumise à l'impôt).

 

Puisse ce petit parcours linguistique en terre salendrinque vous faire "goûter" les lieux sous un éclairage révélateur !

 

Michelle Sabatier,

grâce à la collaboration de Paul Fabre.

 

(1)     Paul Fabre, qui tient une rubrique mensuelle dans la revue Cévennes-Magazine, est également l'auteur de "Noms de lieux du Languedoc, introduction à la toponymie", Ed. Bonneton (490, rue Yves Chavin, BP 14, 37310 Tauxigny).

 

Michelle Sabatier

Dans les fermes autour de Cornély

 

Nous publions ci-dessous un témoignage de M. Walter Soulier qui fait partie de l'histoire du village.

 

Il y a 70 ans, le 16 Juin, les allemands attaquent Cornely. Mr Elie Cerret (fermier de Rieumal) était occupé dans sa prairie, où se trouve actuellement la gendarmerie, lorsqu'il a vu le convoi allemand arriver ; il s'est enfui par la rue Basse. Il a rejoint sa ferme par des chemins détournés. Il s'est caché dans sa cuve à vin. Ne se sentant pas en sécurité, il est allé dans le pallié de Fernand Soulier. Entre temps les allemands sont entrés dans Rieumal et ont pris la fermière Mme Marcelle Cerret qu'ils ont amenée au rond-point de Cornély où elle a dû assister à l'exécution du gendarme Favède. Ensuite elle fut conduite sous le mur de la route où avaient été amenés les habitants de la ferme de la Baraque qui s'étaient cachés dans la cave en attendant que les tirs cessent. Parmi eux les fermiers Auzilhon : le père la mère et les deux filles aînées 15 et 16 ans, les propriétaires Soulier, père mère et fils ainsi que des amis venus en visite dont Melle Vallord et le pasteur Séguy.

 

Pendant ce laps de temps passé sous ce mur, des coups de feu en provenance du Serre droit (en face) tirés sur les assaillants, blessèrent Mme Cerret au genou, mais sans gravité, et Jean Soulier (le fils) qui a dû subir plusieurs opérations et en a souffert toute sa vie. Une des filles Auzilhon, Hélène a déclaré avoir vu passer quelque chose devant ses yeux. Les otages furent ramenés à la ferme La Baraque et là menacés d'être fusillés. C'est grâce au pasteur Seguy, qui parlait l'allemand, qu'il a pu obtenir leur libération.

 

Ils sont montés à la Devèze où ils ont fait sortir les occupants et les obligèrent à s'aligner contre le mur devant la porte. Il y avait là Mr Otge, sa femme, les fermiers (mon oncle et tante par alliance) ainsi qu'une dame juive qu'ils hébergeaient. C'était Mme Rochtemberg, la mère de Jacques (cité dans le grillon de juin). Ils ont fouillé la maison, posé de nombreuses questions à chacun. Ils furent étonnés de ne recevoir aucune réponse de Mme Rochtemberg, qui était secouée de spasmes, de tremblements. Ma tante a répondu à l'officier : vous impressionnez tellement cette personne qu'elle ne peut pas parler. Sans plus insister ils se retirèrent. (peut-être vu leur âge ?..).

 

Les allemands sont retournés à Rieumal et ont mitraillé les portes à mi-hauteur (une armoire conservée par la famille en porte encore les traces). Ils ont pillé la maison emportant le linge, la vaisselle, l'argenterie et les bijoux de famille. Ils ont tué les deux cochons et les ont emportés. La famille Miermont, habitant derrière, s'est enfermée mais personne n'y est allé. Les Aubaret, le père 80 ans et sa fille, qui habitaient la ferme du château ont eu leur maison incendiée ainsi que Cornély. Ils ne se sont pas rendus au Chalet.

 

Pendant le déroulement de ces tragiques évènements, le père de Mme Cerret, Jules Travier, voyant le danger, est allé au milieu de l'après-midi chercher ses petits enfants à l'école, Marguerite 13 ans et André 9 ans ainsi que les enfants Auzilhon de la Baraque. Il les a conduits rue de la Croix, chez le boulanger Deleuze où ils ont passé la nuit.

 

Quant aux maquisards, qui avaient décroché, ils se sont réfugiés dans diverses fermes du secteur qu'ils connaissaient bien.

 

Walter Soulier, le 14 juin 2014.

 

 

Renseignements fournis par Marguerite Rouvière et Hélène Auzilhon pour la Baraque

 

 

 

 

M. Alain Renaux a réussi à prendre sur le vif, la rencontre très particulière de deux couleuvres à Ste Croix de Caderle. Il a immortalisé la scène en la photographiant et il nous a fait le très grand plaisir de nous faire parvenir ses clichés. J'y ai ajouté quelques commentaires destinés à leur donner une très modeste légende qui propose une hypothèse sur les raisons de ce drame. Bien entendu, si vous avez d'autres suggestions, le Grillon, ouvert à toutes les opinions, se fera un plaisir de les proposer à

 

Des couleuvres qui en voient de toutes les couleurs

 

C'est l'histoire d'une couleuvre d'Esculape qui rencontre une couleuvre de Montpellier du côté de Sainte-Croix de-Caderle. La rencontre est étonnante. Que venait faire une couleuvre de Montpellier à Ste-Croix-de-Caderle ? Comment a-t-elle pu remarquer une couleuvre d'Esculape dont la robe se distingue si peu de son environnement ? Toutes ces questions, vous vous les posez, mais nous ne pouvons pas y répondre.

 

Tout ce que nous savons, c'est qu'elles se sont bien rencontrées.

 

Qu'est-ce qu'elles se sont racontées ? Comme le dit la chanson, des histoires de couleuvres. Et puis vous savez ce que c'est, l'un dans l'autre, à force de se raconter des histoires, on sympathise.

 

Et parfois, c'est plus que de la sympathie, c'est carrément le coup de foudre. On imagine clairement leur dialogue :

 

- Oh, ma couleuvre de Montpellier que j'aime tes yeux proéminents et tes pupilles rondes, s'exclame la couleuvre d'Esculape.

 

- Oh, ma couleuvre d'Esculape, que j'aime tes yeux vides et tes pupilles rondes, lui répond la couleuvre de Montpellier.

 

Bien entendu, vous en déduisez, que le langage amoureux des couleuvres est peu varié. Elles auraient mieux fait de se susurrer :

 

- Oh ! Que j'aime ton teint brun verdâtre, ton ventre jaune uni...Ta taille d'une longueur exceptionnelle !

 

- Oh ! Que j'aime ta robe grisâtre, ta petite taille fine, ta souplesse et ton agilité.

 

Plus difficile encore, elles auraient pu pasticher Maurice Rollinat (1846-1903), le fameux poète reptilien :

 

- Oh Virgule ! J'aime ta lueur qui pleure sur l'herbe rase, dont la chaleur vibre du reflet de ton extase.

 

- Oh Pustule ! J'aime ta petite langue de flamme qui darde en ravissement les vibrations de ton âme. Je dénombre avec joie le nombre de tes vertèbres

 

Mais comme vous le savez les serpents maîtrisent mieux la reptation que le langage depuis que leur ancêtre eut la très mauvaise idée d'utiliser la ruse de la nudité (ou inversement) pour tenter la pauvre Isha. Qui est Isha ? Mais si, vous la connaissez ! Après cet épisode à la fois plaisant et douloureux, elle allait devenir la célèbre Eve, autrement dit la Vivante.

 

Les couleuvres, elles, restèrent plutôt silencieuses habituées depuis des millénaires à se nourrir de poussière. De poussière ? Pas seulement. Comme on le voit dans cette histoire, elles se nourrissent aussi d'amour.

  

Mais la folie amoureuse peut conduire à bien des errements. Il est même des moments où les êtres atteints disent et font n'importe quoi. Dans un sifflement abrupt, emportée par sa passion, la couleuvre de Montpellier réussit à émettre distinctement ces quelques mots si souvent prononcés dans toutes les langues et sur tous les continents : ˝je t'aime à t'en croquer˝ !

 

La couleuvre d'Esculape en entendant de tels propos devint toute chose car chez les serpents, il n'y a aucune différence entre l'intention et l'action. Aussitôt dit, aussitôt fait, zig zag gobée, la couleuvre de Montpellier l'avala, et dans son estomac la couleuvre d'Esculape passa. L'amour fusionnel devint cannibale, sans laisser de place pour des demi-mesures.

 

Bien sûr, avec le temps, la couleuvre de Montpellier regretta. D'autant plus que ce n'était pas la première fois. A force d'avaler des couleuvres, elle finit par ressentir un nœud à l'estomac.

 

Gérard Feldman

 

 

 

 

Le circaète Jean-le-blanc

 

Ce beau rapace vient d'arriver en France pour la saison de reproduction, les couples commencent à s'installer dans leur nid qu'ils retrouvent chaque année. Sa grande particularité est qu'il mange essentiellement des serpents !

 

Le circaète est un grand rapace que l'on reconnaît principalement grâce à sa couleur blanche (sous les ailes et sur le ventre) qui contraste avec une tête marron. Si vous avez la chance de le voir de plus près vous repèrerez ces deux yeux jaunes perçants !

 

Un oiseau eurasiatique

 

Il est présent dans toute l'Eurasie dans les milieux boisé (pour construire son nid) mais a besoin d'une grande quantité de prairies dégagées pour la chasse. En effet il chasse principalement des reptiles (gros lézards et serpents). Pour cela il a appris à voler sur place ce qui lui permet de surveiller la plaine jusqu'à avoir repérer une proie et alors de fondre dessus. Il s'attaque à tous les serpents mais n'est pas immunisé contre le venin, il doit donc faire preuve d'agilité et attraper le serpent de telle façon qu'il ne pourra pas le mordre (une patte au niveau de la tête ou du cou fait bien l'affaire mais il ne faut pas se rater!). Des chercheurs se sont amusés à suivre pendant toute la saison de reproduction quelques couples et ont estimés qu'un couple avec un poussin consommait pendant la saison de reproduction 700 à 800 serpents avec un maximum de 1500.

 

J'ai dis un couple et son poussin parce que le couple ne fait qu'un poussin par an.

 

Un oiseau migrateur et fidèle

 

Laissez moi repartir du début. En mars les oiseaux arrivent en France après avoir passé l'hiver en Afrique au sud du Sahara. La majorité passe par Gibraltar, lieu très réputé pour l'observation de la migration puis par les Pyrénées, d'autres pour gagner du temps tentent une petite traversée marine (par la Sicile ou l'Est de l'Espagne). En arrivant en France le couple uni pour la vie se retrouve, parade et cherche à remettre en état le nid qu'ils avaient construit quelques années auparavant. Ce nid constitué de branchettes est assez bas dans un arbre et mesure 1m de diamètre sur 30cm d'épaisseur, il faut donc trouver un arbre relativement solide pour supporter le poids du nid et des oiseaux. Entre début avril et mi mai un unique œuf est pondu dans le nid, la femelle entame ensuite seule la couvaison pendant 45 jours. Si l'oeuf est détruit, une ponte de remplacement est possible. Le jeune restera au nid pendant 70 à 80 jours et restera avec ses parents pendant un mois pour apprendre à voler, chasser. Il est ensuite temps de retourner en Afrique, le jeune se débrouille alors seul.

 

Des jeunes curieux et débrouillards

 

Notre jeune circaète devra attendre 2 ou 3 ans pour pouvoir se reproduire mais à priori il viendra quand même tous les ans en Europe pour visiter, commencer à chercher des territoires libres et pourquoi pas un autre circaète pour former un couple...

 

Le circaète est une espèce bien protégée car il a subit une forte régression suite à l'intensification des pratiques agricoles qui lui laisse moins de plaine de chasse où il pourra trouver des serpents. Il est très sensible au nid donc si jamais vous trouvez un nid il est important de ne pas les déranger !

 

Je vous laisse donc essayer de le repérer et de l'identifier, bonne chance !

 

Victor Cazalis

Midi-Libre
Midi-Libre du 9 janvier 2014

La châtaigneraie cévenole en danger ? Le projet E.ON

 

On associe inévitablement " Châtaigneraie " et " Cévennes " dans un raisonnement identitaire d'ordre historique, culturel et émotionnel. Imagine-t-on les Cévennes sans châtaigniers ?

 

Et pourtant de grandes surfaces de châtaigniers ont déjà disparu de manière massive à l'époque où les usines à tanins s'approvisionnaient en arbres auprès des propriétaires pour répondre aux besoins des tanneries. Bien d'autres hectares de châtaigneraies ont disparu discrètement, et plus récemment, en l'absence d'exploitation, et même d'entretien, quand elles ont été remplacées par des plantations de résineux subventionnées par le Fonds forestier national. Mais une région, fût-elle celle des Cévennes, n'est pas un " être " supra-naturel identique à l'idée immuable qu'on se fait de lui au cours des temps... Les Cévennes ont changé, celle de la fin du XIXe siècle ne ressemblaient pas à celles d'aujourd'hui, où la couverture forestière a énormément augmenté, les rendant plus proche du paysage de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe.

 

La châtaigneraie aujourd'hui

 

La châtaigneraie n'est plus la ressource vitale (bois d'oeuvre et de chauffage, fruits, champignons, chasse, pâturages sous son couvert etc.) qu'elle fut longtemps. Restent les quelques châtaigneraies-vergers encore entretenues et valorisées : il y en a, heureusement, et il ne s'agit pas de les exploiter pour l'énergie-bois. Mais elles sont une minorité. Les autres se divisent en deux catégories : les châtaigneraies qui sont sur des versants relativement frais, ombreux et sur terrain assez profond, qui réussissent par leurs propres ressources, et quasi sans entretien, à perdurer, mais qui vieillissent sans qu'une régénération naturelle se fasse. Les autres, qui vont du dégradé au périclitant, en raison des maladies et des parasites, voient dépérir leurs arbres année après année. Alors oui, cette châtaigneraie-là est en danger ! Mais a-t-elle plus à perdre ou à gagner à être exploitée ? Voilà la question !

 

Si on exclut l'option extrême qui voudrait que les ressources naturelles ne doivent pas être exploitées par définition, un seul facteur peut enclencher un processus de valorisation de la châtaigneraie : des débouchés économiquement viables selon la qualité du bois et la facilité d'exploitation. N'oublions pas – tout de même ! - qu'un châtaignier coupé produit des rejets, et que ceux-ci deviennent des arbres à leur tour (cf. " Cahier pratique : votre châtaigneraie ", savoir-faire d'hier et d'aujourd'hui, éd. Parc national des Cévennes)1.

 

Des débouchés il y en a actuellement, mais peu, car le châtaignier cévenol n'est guère valorisable en bois d'oeuvre : à peine 10 000 m3 par an 2. La société Bois-Énergie-Cévennes-Languedoc à Tamaris, par contre, va fournir à la centrale à biomasse de la Ville d’Alès 5 600 tonnes de bois local par an, dont une partie de châtaigniers.

 

Un projet de grande envergure : la centrale E.ON de Gardannes

 

Or, un projet d'une toute autre envergure émerge depuis 2010 avec la centrale E.ON de Gardanne (Bouches-du-Rhône), qui se reconvertit du charbon au bois-énergie. Elle va utiliser 800 000 et 1 000 000 de tonnes de biomasse dont 80% de bois soit 311 000 tonnes de bois par an à récolter entre les régions PACA, Rhône-Alpes et Languedoc Roussillon !

 

Pour ou contre ?

 

Plusieurs réunions d'information ont déjà eu lieu sur le sujet, notamment à Saint-Hippolyte du Fort (le 25 mars 2013) pour définir les zones d'approvisionnement prioritaires, faire un diagnostic-état des lieux de la zone Cévennes et un appel à initiatives et investissements, auprès des acteurs de la filière. Pendant l'été des réponses à cet appel ont été reçues par E.ON qui va procéder d'ici la fin de l'année, avec un collège consultatif, à une sélection des projets. La société se charge de chercher des cofinanceurs et propose de mettre à disposition des matériels spécifiques aux conditions d'exploitation propres aux Cévennes.

 

Les forestiers privés 3 évaluent le volume du bois de châtaignier sur pied en Cévennes à environ

3 800 000 de m3 (50 à 300 m3/ha) et son accroissement en volume annuel entre 100 000 et 120 000 m3 : des taillis (bouscas), qui ne sont plus exploités depuis 50, 60, 70 ans et qui ont vieilli. Ils estiment qu'il y a urgence à les régénérer, c'est-à-dire à les exploiter, pour repartir sur de jeunes rejets et des semis naturels qui donneront des arbres de futaie (francs-pieds).

 

E.ON s'engage à faire récolter seulement 30 à 40 000 m3/an de bois de châtaigniers, ce qui représente environ 150 à 200 ha exploités par an. L’impact visuel est donc limité dans le temps mais seulement à condition qu'il y ait un suivi de l'exploitation et que la dynamique végétale (ronces, fougères, genêts, arbustes, épineux, engendrant sangliers et risques d'incendie !) soit maîtrisée pendant cette dizaine d'années pendant laquelle les châtaigniers vont grandir ce qui, à l'échelle humaine, n'est pas négligeable.

 

 

Dans le Viganais, des communautés de communes ont répondu à l’appel d’offre lancé par la société E.ON. Des élus EELV 4 comme Eric Doulcier (maire du Vigan et conseiller général) soutiennent la démarche. Le samedi 21 septembre 2013, à l'occasion du Salon du bois du Vigan, une conférence intitulée « E.ON en Pays Viganais, un moyen de régénérer nos forêts » a fait salle comble. Mais par ailleurs d'autres voix écologistes dénoncent le gigantisme du projet. Ils contestent la fausse perspective de développement durable avec les transports de bois jusqu'à Gardanne, le CO2 dégagé au passage, le risque d’aboutir à une exploitation anarchique de la châtaigneraie et à une détérioration paysagère impactant le développement du tourisme vert. Reste à savoir si La charte forestière négociée sur le territoire du " Pays Cévennes " permettra justement d’exploiter la forêt sans porter atteinte au patrimoine sur pied et en ne prélevant que dans la part qui s’accroit annuellement.

 

Il n'est pas facile de se faire une opinion sur la question, qui comporte évidemment des risques. Mais l'immobilisme n'en comporte-t-il pas aussi ? Et qu'en pensent les élus de la Communauté de commune Causse-Aigoual-Cévennes ?

 

Michelle Sabatier

L’église saint-Pierre de Lasalle et ses peintures sur plâtres (photos JC Wolles)

 

La construction de l’église décidée en juin 1686 est terminée en 1687. Le bâtiment à une longueur de 30 mètres et une largeur de 13 mètres, sa hauteur est de 19,30 mètres. Son plan est rectangulaire, mais la partie du chœur est en hémicycle. A l’intérieur le chœur est sous voûte de demi-coupole et la nef comporte trois chapelles de chaque côté séparées par des contreforts qui supportent la voûte à trois croisées à arêtes saillantes. Ces voûtes n’existaient pas lors de la construction. Aucune archive n’indique de travaux sur l’église avant 1837, date à laquelle on sait qu’il y a eu une restauration de la toiture effectuée par un maçon de Lasalle, monsieur François Ravès dit Michel. En 2007, en refaisant entièrement le toit, il a été découvert sur le clocher l’inscription suivante : « RAVES, 2 maçons et un manœuvre ont refait le toit en 1837.» Le campanile porte aussi la date de 1837, il est possible que la cloche était endommagée, car en 1857 un acte de bénédiction de la cloche indique qu’elle a été refondue au moyen des offrandes et souscription des fidèles et baptisée sous le nom de Marie. Elle pèse 300 kilos.

On sait aussi, d’après un document destiné à l’évêché de Nîmes, que ce François Ravès dit Michel a construit les voûtes en briques probablement en même temps que la réfection du toit. Il fit aussi de nombreux autres travaux dans l’église : construction de la tribune et percée des deux fenêtres au dessus, pose de pavés sur le sol et reconstruction de la sacristie, qui était trop petite, sombre et humide, la surélevant d’un étage. Décédé en 1864 à l’âge de 77 ans, le curé Dayre lui rends ce témoignage sur le registre des sépultures : « Ce digne chrétien, sans enfants, jouissant d'une petite fortune gagnée à la sueur de son front a voulu avant de mourir faire construire des ses propres deniers les tribunes de l'Église qui lui coutent deux mille cent francs. Il a lui-même dirigé toute chose et à peine ces tribunes étaient-elles terminées qu'il a été recevoir de son Dieu la récompense de cette bonne œuvre et d'une vie franchement catholique. »

 

L’intérieur de l’église est entièrement décoré de peintures. Il ne s’agit pas vraiment de « fresques » mais de peintures sur plâtre ; elles ont été exécutées entre 1864 et 1870. C’est un artisan plâtrier nommé Joseph Zaffreya qui les a peintes, à la demande du curé Jean-Pierre Dayre, en s’inspirant de l’ornementation que Hippolyte Flandrin (peintre célèbre pour ses peintures murales dans différentes églises de Paris) venait de terminer dans la toute nouvelle église Saint Paul à Nîmes. Joseph Zaffreya était né vers 1800 à Piémonte en Italie du nord où sa famille, semble-t-il, avait quelques biens dans des villages alentours. On ne sait pas exactement quand il s’installa à Lasalle mais il s’y maria en 1832 avec Thérèse Guérin, et est cité comme étant propriétaire dans ce village ; il eut plusieurs enfants dont certains moururent en bas âge. Une descendante de cette famille réside toujours à Lasalle.

 

La décoration de l’église, d’un style un peu naïf, est surchargée de symboles dont voici quelques explications.

 

Le Christ, au centre de la coupole du chœur, est assis sur une cathèdre ou un trône, il s’agit d’un Christ en majesté ; cette représentation est de tradition orientale, c’est le « Christ Pancrator » pour les orthodoxes, il est l’image à lui seul les trois personnes de la sainte Trinité.

 

A sa droite (c’est-à-dire à gauche pour le spectateur) se trouve saint Pierre, premier apôtre et premier chef de l’Église, il porte dans sa main droite une clef car lui est donné d’ouvrir le passage entre la terre et les Cieux, et dans sa main gauche un parchemin : l’évangile qu’il est chargé de transmettre. De l’autre côté, saint Paul portant le même parchemin dans sa main droite et dans sa main gauche une épée, symbole de la puissance de sa parole (noter que Saint Paul n’était pas gaucher, sans doute l’artiste a-t-il voulu respecter une symétrie avec l’image de saint Pierre ?).

 

De chaque côtés de l’autel sont représenté, par leurs emblèmes traditionnels, les quatre évangélistes : à gauche Saint Matthieu en homme (son évangile commence par le généalogie de Jésus) et Saint Luc en taureau (pour le sacrifice offert au temple de Jérusalem, qui débute son évangile) et à droite saint Jean en aigle (car son évangile atteint les sommets de la doctrine chrétienne comme l’aigle vole au sommet des montagnes) et saint Marc en lion (son évangile débute par « la voie qui crie dans le désert »… tel le rugissement du fauve.

 

D’autres symboles sont présents de chaque coté du chœur : la vigne avec ses grappes de raisin, citée de nombreuses fois aussi bien dans l’ancien que le nouveau testament. On y voit aussi des phénix, qui ne sont pas vraiment des images traditionnelles chrétiennes, mais que l’on trouve parfois dans quelques églises du XIX siècle, ils représenteraient la pérennité de l’Église : le phénix, oiseau légendaire qui renait sans cesse de ses cendres, symbolisant ainsi les cycles de mort et de résurrection.

 

L’autel est une dalle de marbre simple posée sur deux piliers. Au fond du chœur a été conservé l’ancien autel, il est de style renaissance avec un tabernacle remarquable. Cet autel appartenait à l'Église des Cordeliers de St Paul à Nîmes. Il n'est à Lasalle que depuis la construction de la nouvelle Église de St Paul.

 

L'Église a des boiseries tout autour du chœur et de la nef, sur une hauteur de 2 mètres 40. Les boiseries du chœur sont en bois de châtaigner, les autres en bois du nord. Elles sont divisées en panneaux carrés, revêtues d'une très bonne peinture à l'huile imitation bois, celles du chœur étaient encadrés de filets or, ceux-ci ont complètement disparus avec le temps.

 

Au sommet de la voûte du chœur il y a deux médaillons, l’un montre les clefs de saint Pierre et l’autre le château symbole de Lasalle. Sur la l’arc qui sépare le chœur de la première travée de la nef de l’église est représenté vers la gauche le triangle portant le tétragramme YHWH en caractères hébraïques (le nom imprononçable de Dieu) et plus bas dans un cercle sur fond d’or la colombe symbole traditionnel de l’Esprit Saint. Vers la droite, l’agneau du sacrifice reposant sur le livre aux sept sceaux décrit dans l’Apocalypse de saint Jean ; en bas, sur fond or, le pélican nourrissant ses petits de son sang, il symbolise le Christ se sacrifiant pour la rédemption des hommes (une légende de moyen âge dit qu’un pélican se serait percé la poitrine pour nourrir ses petits de son sang). Sur la face de l’arc est inscrit en latin la phrase tirée de l’évangile ˝ Tu es Petrus et super hanc petram edificabo eclesiam meam  » (Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirais mon église. Matthieu 16-18.)

 

La voûte centrale de la nef, de couleur ivoire, est constellée de petites croix de malte, elle est divisée en trois croisées dont les arêtes saillantes sont soulignées de bleu bordé d’un feston rouge. Sur chaque croisée des arêtes il y a un médaillon représentant, sur la première le blason de Nîmes (un crocodile enchainé à un palmier entouré de l’inscription latine COL MEN pour colonia nemosensis : colonie Nîmoise), sur la seconde, les clefs de saint Pierre, et sur la troisième le blason de Lasalle : de gueules (rouge) au château d’or.

 

Les chapelles sont au nombre de trois de chaque côté, le long de la nef. Du côté de l'Épitre (côté droit) saint Joseph, saint Louis, la troisième en dessous des tribunes n’est pas désignée. Du coté de l'Évangile (côté gauche) sainte Vierge, saint François de Sales et, sous les tribunes, le bureau de Monsieur le curé. Toutes les chapelles sont couvertes d’une voûte céleste bleue parsemées d’étoiles blanches. Les deux plus proches du chœur ont en outre une alcôve abritant une statue.

 

Dans la première travée à partir du chœur la chapelle de la Vierge Marie abrite dans son alcôve la statue d’une Vierge Miraculeuse. Les peintures, assez pâles, sont une répétition de motifs décoratifs. L’autel est simple, en pierre de Pompignan, surmonté d’une statue de la Vierge de Lourdes. Un cartouche peint au dessus de l’autel porte en son centre l’initiale de Marie. Sur l’arc de la voûte est inscrit en latin : « Marie de qui Jésus est né ».

 

La chapelle de saint Joseph, son époux, fait face à celle de la Vierge. Une alcôve abrite sa statue. L’autel est identique à celui de la chapelle de la Vierge Marie et le cartouche peint au-dessus présente les outils rappelant son métier de charpentier. L’inscription latine de l’arc de la voûte fait suite à celle de la chapelle de la vierge : « qui est son fils adopté par Joseph ».

 

Les vitraux de ces deux chapelles, comme ceux du chœur et ceux des tribunes, sont du 19ème siècle, en verre de couleur, avec des motifs peints sur les parties de verre non coloré, sont nommées communément grisailles.

 

La chapelle de saint François de Sales, à gauche de la deuxième travée, à été transformée dans la seconde moitié du 20ème siècle pour inclure le confessionnal à l’emplacement d’une ancienne porte donnant sur l’extérieur. On y voit deux statues, celle de saint Pierre au centre et celle du saint curé d’Ars. Au dessus du vitrail représentant saint François de Sales. En haut, une tête de mort qui est à mettre en relation avec la phrase écrite au dessus : « il est sanctifiant d’honorer les défunts par la prière ». Sur le mur de gauche on voit un cimetière avec deux tombes et sur le mur de un agneau revêtu d’une peau de loup et surmonté d’une croix dont le symbolisme troublant est difficile à interpréter.

 

Sur la droite en face est la chapelle de saint Louis, roi de France, représenté sur le vitrail. Deux plaques commémoratives pour les paroissiens morts pendant la guerre de 1914/18 ont été apposées par Henri Damon, curé de la paroisse de 1907 à 1922. La chapelle sert actuellement de fonts baptismaux. On y voit sur les murs les représentations des instruments de la Passion du Christ, fouet, lances, couronne d’épines, croix, marteau et clous. Deux statues y sont installées : sainte Thérèse de Lisieux, entre les plaques des morts de la guerre, et sainte Jeanne d’Ars sur le mur de gauche. La phrase inscrite sur l’arc supérieur est : « salut, admirable Cœur de Jésus ».

 

La dernière travée, celle de l’entrée dans l’église, est presque entièrement occupée par la tribune, soutenue par quatre colonnes imposantes en marbre, et sous laquelle se trouvent maintenant le tambour d’entrée et à gauche le bureau de Monsieur le curé. Ces installations sont en aluminium anodisé brun foncé et en verre et ont été réalisées en 2012 et 2013 grâce à l’Association d’Education populaire et au dévouement de son président Jean-Charles Martin. Sur le coté droit se trouve l’escalier qui conduit à la tribune. Hormis les voûtes supérieures, il n’y a plus de décorations sur les murs de cette travée. Il reste cependant une statue de saint Antoine de Padoue à côté de l’escalier de la tribune. Ce saint, très populaire, est souvent invoqué afin de retrouver des objets perdus.

 

Sur le devant des voûtes latérales de la tribune sont les blasons de deux évêques : à droite celui de Monseigneur Claude Henri Plantier, évêques de Nîmes de 1855 à 1875, avec sa devise en latin : « doux comme le miel, fort comme le lion ». A gauche celui de Monseigneur François Nicolas Besson, évêques de Nîmes de 1875 à 1888, dont la devise est : « en toi Seigneur, je mets mon espérance ».

 

Les fresques, puisque c’est le nom habituel que l’on donne maintenant à ces peintures, ont été faites à la colle sur un enduit neuf, sauf celles du sanctuaire qui sont à l'huile sur trois couches d'huile cuite. Elles avaient subies au fil du temps de nombreuses dégradations et ont dû certainement être nettoyées ou restaurées à diverses reprises. La plus ancienne trace de restauration connue date de 1991 et a été exécutée par Madame Job. Des travaux effectués à l’extérieur de l’église, au début des années 1990, avaient gravement endommagé les peintures, surtout sur le coté gauche du chœur ; l’humidité provoquée par ces travaux avait aussi porté préjudice à l’ensemble de l’église. L’association d’Education Populaire, qui gère l’entretien et les travaux dans l’église depuis sa création en 1946, prend en charge la remise en état complète de toutes les fresques. En 2007 la restauration des fresques du chœur est réalisée grâce au talent de Madame Diega Benica, artiste plasticienne, et est terminée en décembre. Madame Diega Benica reprend les travaux en février 2008 pour la première travée, comprenant la chapelle de la Vierge et de saint Joseph. Le reste des peintures attendra 2013 pour être entièrement terminé entre juin et juillet, toujours avec le même talent de Madame Diega aBenica.

 

François Harvey

Le Geai des Chêne et la Pie bavarde

 

Nous poursuivons notre série sur les 76 espèces d'oiseaux que l'on peut trouver dans le canton de Lasalle.

 

De la même famille que les corbeaux et corneilles, le geai et la pie sont des oiseaux communs mais pleins d’originalité ! La famille des corvidés rassemble les pies, corneilles, choucas, corbeaux, geais, cassenoix… Au total en France ce sont plus de dix espèces de cette famille qui sont présentes. Ce sont des oiseaux réputés pour être dotés d’une grande intelligence mise en évidence principalement par des expériences en captivité mais on peut en profiter également en les observant dans la nature.

 

La pie bavarde

Commençons par la pie bavarde. Bien que noire et blanche à premier abord, prenez le temps de regarder ses reflets métalliques un jour de beau soleil! Son nom reflète son côté jacasseur qui est plutôt déplaisant quand on l’observe le matin à côté de la fenêtre. Mais quand elle n’est pas occupée à crier elle passe beaucoup de temps à se nourrir. Elle a un régime alimentaire très diversifié allant des tiques qu’elle prélève directement sur le dos du bétail jusqu’aux petits rongeurs en passant par les oeufs d’oiseaux, les insectes et les graines. Comme le geai elle stocke parfois sa nourriture dans des trous qu’elle rebouche pour venir les rechercher quelques jours après.

 

Les couples de pies sont très fidèles, les deux adultes vont construire un nid constitué d’une coupelle de boue et de mousse encadrée par une infrastructure en branchages. Le tout forme une boule avec deux entrées ; les poussins sont donc camouflés et protégés par cette cage en bois. La construction du nid prend 5 à 6 semaines et les parents sont très appliqués ! Ensuite la femelle s’occupe seule de la couvaison pendant trois semaines, nourrie par le mâle. Les poussins s’envoleront à l’âge d’un mois et la famille restera groupée jusqu’à l’automne.

 

C’est un oiseau caractériel, les prédateurs même si ils sont gros ne font pas peur aux parents qui se font un plaisir de les chasser.

 

Le geai

Le geai est un oiseau plus coloré que la pie. D’un plumage dominé par du chamois il est surtout doté de très belles plumes bleu-azur et noires sur les ailes. Son cri n’est pas non plus des plus agréable, il est très rauque et effrayant ! Mais ne vous y méprenez pas ce n’est pas parce qu’il n’est pas capable de faire mieux. Le geai fait partie des grands imitateurs, il peut imiter toutes sortes de sons notamment des chants ou cris d’autres oiseaux. Nombreux sont les ornithologues qui se font berner par un geai imitant un autre oiseau. Plus surprenant ils peuvent imiter les sons de tronçonneuse, voiture et même en captivité ils peuvent apprendre à dire quelques mots.

 

Il s'appelle le geai des chênes parce qu’il a une forte affinité pour les glands. Il en mange beaucoup pendant l’hiver et fait même des réserves de la même façon que les écureuils. En automne il fait donc de nombreux allers retours pour cacher des grosses quantités de glands sous terre à plusieurs endroits qu’il viendra chercher lors d’hivers rudes. Mais beaucoup de glands sont oubliés sous terre, les geais sont donc très importants dans la dissémination des chênes !

 

Sa reproduction est sur la même base que celle des pies à la différence que le nid est moins élaboré chez le geai : il est constitué d’une simple coupelle en brindilles et mousse.

 

Victor Cazalis

Pigeons bisets
Pigeons bisets
Tourterelle turque
Tourterelle turque

Les pigeons et tourterelles

 

Ces grands roucouleurs sont connus de tous mais malheureusement pour eux ils sont devenus des insultes, notamment « espèce de pigeon » qui signifie que la personne est bête. Pourtant sa stratégie de séduction est très développée, il est cousin du pigeon migrateur... Pas de quoi en faire une insulte à priori ?

 

La tourterelle turque.

 

Drôle d'histoire que celle de ce drôle d'oiseau. Il fait partie des plus communs aujourd'hui mais il n'était pas présent en France, il y a seulement 50 ans. Dans les années 50 et 60, il a colonisé la France en s'adaptant à tous les milieux. Cette tourterelle est maintenant surtout présente dans les villes et villages. Elle s'est tellement bien adaptée que dans certaines villes elle se reproduit tout au long de l'année en se moquant des saisons ! C'est une reine de l'adaptation rapide.

Plus en plaine (autour de St Hippolyte notamment), on peut observer la Tourterelle des bois qui est nettement plus discrète mais plus colorée, c'est une belle rencontre à faire.

 

Les pigeons

 

Le plus célèbre est sans doute le pigeon migrateur. C'était une espèce américaine abondante dans les années 1800 : lors de ses migrations, on observait des vols de plusieurs milliards d'individus qui couvraient tout le bleu du ciel pendant deux jours ! Elle a été décrétée nuisible et a donc été allègrement chassée. On raconte que certaines parties de chasses permettaient d'abattre plus de 30 000 oiseaux en une journée. Le dernier pigeon migrateur est mort dans un zoo en 1914.

 

Chez nous le pigeon ramier (appelé palombe) est aussi chassé mais avec plus de modération. Il est surtout chassé pendant sa migration car il passe en groupe sur les col; il suffit de se cacher un peu puis de viser dans le tas. Il a été classé comme nuisible dans le Gard ce n'est donc pas un tort de le chasser. Une curiosité à méditer cependant : pourquoi la plupart des actions de chasse se font-elles sur des migrateurs ?

 

On reconnaît le pigeon ramier à ses deux barres blanches sur les ailes très nettes en vol. Il niche haut dans un arbre en construisant un nid fait de branchages.

 

Le pigeon biset domestique est abondant dans les villes. Il est à l'origine un oiseau nichant en falaise. Il s'est très bien adapté à la ville et vient très facilement vous voir à la terrasse d'un bistrot. Bien que très embêtant en ville à cause des salissures qu'il engendre il est très intéressant de par son comportement. Tout d'abord c'est le meilleur pour roucouler. Sa parade amoureuse est très amusante, le mâle gonfle le poitrail, roucoule et tourne autour de la femelle qui généralement ne s'y intéresse pas pendant quelques minutes et continue de chercher à manger. Mais, si le mâle est beau, elle tombe sous le charme. Pour nourrir les jeunes et éviter des centaines d'aller retour, le pigeon se nourrit et stocke la nourriture dans son jabot qu'on peut considérer comme le premier estomac des oiseaux, juste avant le gésier. La digestion va commencer et l'adulte va régurgiter directement dans le bec de son oisillon un liquide très riche appelé ˝lait de pigeon˝. C'est également cet oiseau qui est utilisé en colombophilie : les pigeons sont habitués à rentrer dans leur pigeonnier en étant lâchés de plus en plus loin. Ils savent retrouver leur route grâce au soleil et au champ magnétique. Ils ont donc beaucoup aidé à comprendre comment se passe la migration des oiseaux.

 

J'espère avoir réussi à vous montrer que les pigeons et tourterelles n'étaient pas des oiseaux stupides et inintéressants.

Pour ceux qu'une balade ornithologique à Lasalle le vendredi 16 août matin, contactez moi : victor.cazalis@laposte.net

 

Victor Cazalis

Le milan noir et la buse variable

 

Ces deux rapaces sont des oiseaux communs à Lasalle mais sont souvent confondus. J’espère que cet article vous aidera à les reconnaitre.

 

Pour reconnaitre ces rapaces il faut surtout se fier à la silhouette. Comme vous pouvez le remarquer sur les photos, la buse a des ailes larges (l’avant et l’arrière sont bombés) tandis que le milan a des ailes fines en forme de faux. La queue est très reconnaissable chez le milan. Elle est coupé en “V”, mais attention s'il étale sa queue elle peut paraître coupée droite. La buse quant à elle a une queue bien arrondie.

 

On peut aussi regarder les couleurs si l’oiseau est assez près. Le milan noir a un plumage uni d'un brun foncé. La buse quant à elle a un plumage moins homogène avec souvent de grosses taches blanches sous les ailes et des plumes striées de noir. Mais comme son nom l'indique son plumage est variable, on peut donc trouver des oiseaux de la même espèce avec des plumages très différents.

 

Ces deux rapaces ne sont pas très craintifs, on les voit souvent tourner au dessus de la route ou des villages, ils peuvent se poser proche de la route et se contenter de regarder les voitures passer... Mais en revanche leur nid est bien caché au sommet d’un arbre dans une forêt dense. Les rapaces sont très sensibles au dérangement au nid, il faut y faire attention. Dans ce nid se trouvent 2 à 4 oeufs qui vont être couvés pendant un mois puis les jeunes seront nourris au nid pendant un mois et demi et s’envoleront. Ils seront encore aidés par leurs parents le temps d’apprendre à chasser et partirons en exploration.

 

Le milan noir est charognard comme les vautours : il se nourrit d’animaux morts notamment de poissons. Il a donc un rôle écologique et sanitaire très important puisqu’il nettoie partout où les vautours ne passent pas souvent comme chez nous! La buse elle est chasseuse même si elle saura profiter d’une carcasse de hérisson écrasé en bord de route. Elle chasse principalement des petits rongeurs, pour cela elle aime se percher sur un piquet pour surveiller les champs aux alentours. Il lui arrive également de chasser en volant en cercle, on estime que la buse est le rapace ayant la vue la plus perçante.

 

En hiver l’identification est plus facile puisque tous les milans noirs sont en Afrique. La buse en revanche reste en France, les oiseaux plus nordiques sont migrateurs mais ceux du sud sont sédentaires. La buse est très fidèle à son compagnon et au lieu, le même couple garde le même territoire d’une année sur l’autre.

Victor Cazalis

 

Les rougequeues

 

Deux espèces de rougequeues nichent à Lasalle : le Rougequeue noir et le Rougequeue à front blanc.

Ces deux espèces sont dépendantes des hommes, elles nichent toutes les deux dans des trous de maisons de préférence. Elles peuvent également construire leur nid dans la forêt mais le confort et la protection d’une maison sont bien plus intéressant s. La femelle s’occupe seule d’une bonne partie de la nidification. C’est elle qui construit le nid et qui couve les œufs toute seule. Pendant ce temps le mâle chante ! Il protège le territoire et surveille que la femelle n’ait pas d’ennuis, il chasse vigoureusement tous les intrus.

Ce sont des insectivores, on le remarque à leur bec fin, ils aiment bien chasser dans des endroits ouverts. Il leur arrive souvent de se percher sur un piquet à la façon d’une buse et de fondre sur sa proie au moment opportun. Cela a pour but de pouvoir chercher des proies mais surtout d’être à l’abri des prédateurs.

Les femelles de ces deux espèces ont un plumage très proche marron foncé assez uniforme avec la queue rouge-orange. Par contre les mâles sont différents : le rougequeue noir a un plumage uni noir avec la queue orange et un peu de blanc sur les ailes alors que le rougequeue à front blanc a un ventre orange éclatant qui le rend magnifique.

Il y a quelques années certains observateurs ont remarqué des couples de Rougequeue noir de deux femelles… Encore plus étrange ces deux femelles ont réussi à avoir des poussins. Après quelques observations il s’est avéré qu’un des deux été un mâle « travesti ». Il a exactement le plumage d’une femelle mais a le comportement et l’anatomie d’un mâle. Ces mâles sont arrivés à se reproduire car ils ne sont pas en concurrence avec les autres mâles qui ne soupçonnent pas l’existence de ces tricheurs. Il est donc assez courant maintenant d’observer des couples de deux « femelles ».

Le Rougequeue à front blanc est un oiseau magnifique. Il est migrateur donc vous n’en verrez aucun en hiver, ils partent tous au sud du Sahara ! Mais au printemps et en été vous pouvez facilement en entendre chanter ou les voir. Ils sont assez facile à voir entre la rue basse et les plaines, munissez vous d’une paire de jumelles et regardez les oiseaux sur les toits et sur les fils électriques, vous devriez le trouver !

Victor Cazalis

Le nom des arbres

Derrière les façades " urbaines " des villages des Cévennes se cachent nombre de parcs plantés d'arbres dont certains très impressionnants par leur allure majestueuse (le " Grand cèdre " de Lasalle par exemple : plus de 50 m de haut et 6 m de circonférence). Mais, sauf pour les espèces les plus communes, nous ne savons bien souvent pas quels sont leurs noms. Au fait : comment donne-t-on un nom à un arbre ?

 

Le nom scientifique des arbres, comme celui de tous les êtres vivants, se compose de deux éléments, un substantif que l’on écrit toujours avec une majuscule et qui désigne le genre auquel appartient l’espèce, suivi d’un adjectif propre à celle-ci qui prend une minuscule.

Telle est la nomenclature binaire qui fut établie par le législateur du règne végétal, l’illustre botaniste suédois Carl Linné (1707 – 1778). Exemple : Cedrus libani.

 

Ainsi, une même plante est elle connue sous le même nom dans tous les pays.

 

L’habitude, l’histoire ou les légendes ont donné aux plantes un nom vernaculaire, c’est à dire local, qui change parfois selon les régions. Mais beaucoup d’entre elles n’ont pas d’autre nom que leur nom botanique : Rhododendron, Camellia, Araucaria, etc.

 

Le nom d’espèce fournit généralement des indications précieuses ; il se rapporte par exemple à l’origine géographique : Cedrus libani (Cèdre du Liban), Cryptomeria japonica (espèce originaire du Japon), Acer monspessulanum (Erable de Montpellier), etc.

 

Certains noms spécifiques évoquent le botaniste qui a découvert l’espèce ou l’a introduite en culture : Acer davidii (Erable du Père David), Euvonynus fortunei (de Robert Fortune), etc…

Plus souvent, les épithètes spécifiques soulignent une des caractéristiques grâce à laquelle l’espèce se distingue des autres espèces appartenant au même genre. Par exemple : Tilia cordata (car les feuilles de ce tilleul sont en forme de cœur), Cladastris lutea (à bois jaune).

 

Parfois, on fait référence :

 

à la forme de la fleur : Davidia involucrata (en raison de l’involucre que forment les deux bractées blanches autour de la fleur) ;

 

à la nature des fruits : Cydonia oblonga dont les fruits (coings) sont oblongs ;

 

à la qualité du bois : Pinus ponderos (le bois est lourd).

 

Quant au nom de genre, il est aussi significatif. Les dénominations traditionnelles remontent presque toujours à l’Antiquité gréco-latine : Pinus, Quercus, Cedrus, Platanus, etc…étaient déjà employées par les latins et beaucoup d’entre elles avaient été empruntées au grec.

 

 

Extrait de l'article "Le nom des arbres " par Roland-Marie MARCERON à retrouver dans le Grillon du mois de septembre 2013

 

 

 

Nimes, illustre et secrête

Le 3 juillet dernier, le ˝ Club Cévenol ˝ et les ˝ Amis de la bibliothèque ˝ se sont associés pour offrir aux lasallois une belle conférence sur la ville de Nîmes, telle que peu de gens l'ont vue.

 

"Nîmes illustre et secrète", l'ouvrage (photo) édité par les Editions Alcide, a donné l'occasion à ses auteurs de sensibiliser le public cévenol à la qualité du patrimoine historique nîmois.

 

Camille Penchinat, l'illustratrice, a rendu sensible le rôle révélateur du regard artistique, qui dévoile les ambiances, les couleurs, les détails cachés, les points de vue improbables... Francine Cabane et Danièle Jean, les deux historiennes, anciennes professeurs d'histoire-géographie, ont souligné l'importance de rendre sensible auprès des jeunes le passé sur lequel ils peuvent construire leur personnalité et une culture informée à la portée de chacun.

 

La précision et la variété de leur approche de Nîmes était remarquable mais difficile à rendre en quelque lignes. Signalons toutefois, au-delà de la Nîmes romaine, l'histoire de la création et du développement de la ville, dont un véritable "quartier cévenol" au nord, correspondant à une population ouvrière.  La cinquantaine de personnes qui s'étaient déplacée au Temple a vivement apprécié la conférence, témoignant par son nombre de l'intérêt de réunir les forces des associations (ici l'Association des Amis de la bibliothèque et le Club cévenol) pour drainer un public assez nombreux pour justifier la présence d'un conférencier. C'est une démarche que les Amis de la bibliothèque souhaitent renouveler avec d'autres associations lasalloises qui voudraient bien s'y prêter.

 

M.S.


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