Dossier « Paysage institutionnel et élections municipales »

 

Introduction générale

 L’organisation décentralisée de la République est inscrite dans la Constitution comme un atout pour la France. Sans doute faut-il se rappeler que la décentralisation avait pour vocation de rapprocher la décision politique du citoyen, qu’elle avait été pensée comme un progrès démocratique.  Pourtant il est de bon ton, lorsque l’on évoque le paysage institutionnel français, de parler du «millefeuille territorial » qui rendrait totalement incompréhensible son fonctionnement. Et il est vrai qu’entre les différents niveaux d’intervention(régions, départements, intercommunalités et communes) il y a déjà de quoi faire sur le territoire, sans parler d’autres niveaux intermédiaires que l’on invente au fil du temps, Pays, Pôles d’équilibre territorial et rural, et sans oublier le rôle majeur de l’Etat et l’Europe sur les territoires. De surcroît, le triptyque sur lequel le pays s’est organisé depuis des lustres, Etat, Départements, Communes, s’est vu supplanté par le triptyque Europe, Régions, Intercommunalités  (surtout Métropoles), ce qui a provoqué une sorte d’éloignement territorial par rapport au noyau primordial, la commune, et qui peut expliquer en partie le sentiment d’abandon des territoires ruraux. Depuis les grandes lois de décentralisation de 1982 (relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions) et 1983 (relative à la répartition des compétences entre ces 3 collectivités et l’Etat) jusqu’à la loi Notre (nouvelle organisation territoriale de la République) promulguée en août 2015 et déjà susceptible d’être modifiée, nous sommes dotés d’un arsenal juridique conséquent. Bizarrement il vise toujours à « simplifier et clarifier les compétences respectives des collectivités locales ». Comme dirait l’autre, « c’est compliqué ».…. Et ça n’est pas surprenant tant chaque niveau souhaite légitimement conserver ou accroître ses prérogatives, l’Etat lui souhaitant à la fois déléguer et … ne pas trop se déshabiller ! Aujourd’hui, en simplifiant un peu, les grands blocs de compétences sont répartis ainsi : à la Région le soutien au développement économique, la formation, les transports interurbains et scolaires, les lycées. Au Département l’action sociale (enfance, personnes handicapées, personnes âgées, RSA), les infrastructures (ports, routes départementales), l’aide aux communes, et les collèges. La commune elle, dispose de la clause de compétence générale lui permettant un spectre assez large : urbanisme, logement, environnement, écoles. Toutefois la loi Notre a renforcé, dans un souci louable de rationalisation et d’économies d’échelle, le niveau de l’intercommunalité en lui transférant nombre de compétences issues du bloc communal.  Pour autant il ne faut pas oublier que la commune, même largement dépouillée de ses compétences, reste le territoire d’affection et d’identification des français. Et que sans doute l’un des  défis majeurs de l’intercommunalité repose sur sa capacité à savoir agréger les moyens sans désagréger les identités.

Dans ce « Dossier » nous nous intéresserons principalement à la commune et l’intercommunalité, en essayant d’éclairer et de faire lien avec le contexte des élections de mars prochain. 

 

Les comptes des collectivités territoriales

Les collectivités territoriales sont composées des communes, départements, et régions. Elles ont des compétences propres (voirie, transport, action sociale, culture, développement économique,…) et exercent un pouvoir de décision.

 Quelles sont les ressources des collectivités ?

En 2018, les recettes des collectivités locales s’élevaient à 263 milliards d’euros.

La première ressource perçue par les collectivités est l’impôt et la taxe ; il représente un peu plus de la moitié de ces ressources. Les principaux impôts locaux et taxes sont les suivants : la taxe d’habitation, la taxe  foncière (propriétés bâties et propriétés non bâties), La taxe sur les logements vacants, la contribution à l’audiovisuel public et la taxe d’enlèvement sur les ordures ménagères.

La seconde catégorie de recettes sont les transferts et les dotations de l’État. Ces dotations ont pour objectif d’aider les collectivités au fonctionnement et à l’investissement. Dans d’autres cas ils peuvent aussi financer des nouveaux transferts de compétences ou venir compenser les exonérations et dégrèvements consentis par la loi. Les concours de l’État (dotation globale de fonctionnement, péréquations et compensations fiscales et autres dotations) est en baisse depuis 2013. Ils représentent 99,9 milliards d’euros en 2017.

La troisième ressource des collectivités locales est l’emprunt. Il est exclusivement affecté aux nouveaux investissements. Il ne peut financer des dépenses de fonctionnement. Les recettes d’investissement et emprunts s’élèvent à 19,4 et 29,9 milliards d’euros  en 2018.

Enfin, les recettes tarifaires (vente de biens ou de services aux usagers) et les fonds structurels européens représentent la dernière source de recettes pour les collectivités.

Quelles sont les dépenses des collectivités ?

En 2018, les dépenses des collectivités s’élevaient à 227, 5 milliards d’euros

Plus de 70 % sont des dépenses de fonctionnement (rémunération du personnel, achats et charges, dépenses d’intervention…) Le reste se répartit entre les dépenses d’investissement (travaux d’équipement, acquisitions immobilières et mobilières…)  et les dépenses liées au remboursement et à la charge de la dette (remboursement du capital et paiements des intérêts). Ces dépenses varient bien sur en fonction du type de collectivités.

Depuis 30 ans, les dépenses des collectivités locales augmentent de manière régulière. Elles sont passées de 8 % du PIB en 1980 à 11,2 % en 2017. A titre d’exemple, entre 2015 et 2016, les dépenses de fonctionnement des communes ont baissé de 1,5 % (contre + 0,1 % pour les départements et + 0,9 % pour les régions) et leurs dépenses d’investissement de 0,2 % (contre une baisse de 5,7 % pour les départements et de 6,1 % pour les régions).

La dette des collectivités locales

Selon la cour des comptes, la dette des collectivités locales s’élèverait à 178 milliards d’euro et serait globalement maitrisée. Seuls 8 départements, 3075 communes et une métropole dépasseraient le seuil d’alerte (règle d’or) définit par la loi de programmation des finances publiques 2018-2020. Cette loi prévoit en outre une réduction du poids de la dette publique de 5 points de PIB d’ici 2022.

 

la suite dans le Grillon papier de janvier / février 2020...

 

 

Dossier préparé par Michelle Sabatier, Michaël Berly, Fred Bourguet et Christophe Lombard

 

 

 

Dossier  "REVOLUTION NUMERIQUE, DEFIS ET OPPORTUNITES"

 

Le «numérique», c’est un terme que l’on entend tout le temps et qui a fini par entrer dans le langage courant. On a pris l’habitude de vivre avec, bon gré mal gré, qu’il s’agisse de nos téléphones mobiles, de ces fameux réseaux sociaux ou des sites internet qui fleurissent par milliers.

Mais, au fond, de quoi parle-t-on? Le Grillon vous propose d’essayer d’y voir un peu plus clair dans ce que l’on qualifie souvent de «révolution numérique »(voire de « 4è révolution industrielle »), tant il est vrai que les bouleversements qui accompagnent ces nouvelles technologies sont considérables, qu’il s’agisse du paysage économique, du monde du travail ou de nos modes de vie.

Le Numérique, c’est quoi en fait ?

Le terme « numérique », utilisé en France (l’expression anglo-saxonne retenue au niveau international est «digital») englobe l’informatique mais également tout ce qui a trait aux télécommunications (téléphone, radio, télévision, ordinateur) et Internet. En fait, le numérique, c’est ce qui permet de traiter des masses énormes d’informations (ou de données)en remplaçant leur exploitation manuelle – ce qui serait impossible- par l’automatisation de leur traitement sur ordinateur grâce à leur traduction en simples «codes» lisibles par les machines et partout à travers le monde. On parle de «dématérialisation» ou de «numérisation » pour évoquer le remplacement de toutes les données figurant sur des supports papier, des films ou des microfilms par des fichiers informatiques.

 Quelques définitions 

 

 

Internet

C’est le réseau informatique mondial ; en quelque sorte, l’infrastructure globale sur laquelle s’appuient de nombreux services (web, partage de données, messagerie instantanée, téléphonie, envoi de courriers électroniques).

Les 3 plus grands usages d’internet sont l’envoi et la réception de messages électroniques, la recherche d’informations …et le téléchargement de jeux, l’écoute de musique et le visionnage de vidéos en ligne.

 

web, site web

Le web, c’est le système qui nous permet de naviguer de page en page en cliquant sur des liens grâce à un navigateur ; c’est une application d’Internet . Un site web, c’est un ensemble de pages web reliées entre elles par des liens qui permettent de passer de l’une à l’autre ; l’ensemble des pages d’un site web est en général accessible sous une « adresse ».

application mobile

C’est un programme téléchargeable (de façon gratuite ou payante) et exécutable sur un smartphone ou une tablette. L’essentiel du temps passé sur les smartphones  est consacré à des applications mobiles.

objet connecté

Objet qui, outre sa fonction principale, est connecté à internet et est ainsi capable d’envoyer ou de recevoir des informations (ex : montres, robots ménagers, etc, jusqu’aux  tee-shirts permettant de réguler la température…).

E- Business

Abréviation d’ «electronic business » : c’est un terme très large qui désigne l’utilisation des technologies du web pour faire du commerce ou des affaires.

programme informatique

Ensemble d’instructions destinées à être exécutées par un ordinateur. Un programme est écrit par un informaticien (ou « développeur ») dans un langage de programmation.

Langage de programmation

Comme pour les langues, il existe de nombreux langages de programmation, certains plus spécifiques à certains types de fonctions (parmi les plus connus : Javascript, Java, Python, PHP, Ruby…).

Codage informatique

C’est l’ensemble des activités qui permettent l’écriture des programmes informatiques. Selon le programme ou le système, différents types de langages peuvent être utilisés pour coder les instructions.

 

Tous les secteurs économiques sont concernés

La révolution numérique touche tous les pans de notre économie avec des incidences considérables sur les services offerts et remet également souvent en cause l’organisation même des activités correspondantes. Aucune entreprise -petite ou grande- ne peut aujourd’hui rester à l’écart, qu’elle ait ses propres services informatiques ou fasse appel à des prestataires extérieurs spécialisés.

On emploie souvent l‘abréviation « tech » pour résumer ces changements basés sur des technologies de pointe, auxquels les professionnels doivent impérativement s’adapter.

Ainsi, à titre d’exemples :

-          Le commerce (commercetech) : il est révolutionné par les achats en ligne, le développement des caisses automatiques, les systèmes de commande et récupération rapide (drive), le développement des circuits courts …

-          La mobilité et les transports (transport tech) : plateformes de mise en relation entre industriels et transporteurs, offre de transports de colis dans leur véhicule par des particuliers, réservation de taxis et assimilés, partage/ location de véhicules entre particuliers…

-          Le tourisme (tourismtech) : recherche/planification de voyages et séjours, réservation d’hôtels ou d’ hébergements, avion/train…

-          La restauration (foodtech) : livraison de repas à domicile, réservation de restaurants sur internet…

-          La finance (fintech) : banques en ligne, paiement sans contact…

-          L’agriculture (agritech) : traçabilité, sites de partage de matériels, vente directe aux particuliers, surveillance des parcelles…

-         La médecine (medtech) : prise de rendez-vous, télé-diagnostic, dossier médical numérique…

-         L’éducation (edtech) :ressources pédagogiques en ligne, MOOC(cours proposés par des universités et accessibles gratuitement sur internet)…

-          L’information (newstech) : consultation des journaux en ligne, sites d’actualités en continu…

 

Le grillon teste pour vous les applications mobiles

 Les applications mobiles sont des logiciels applicatifs spécialement développées pour les appareils mobiles (Smartphones, téléphone portable, tablette ou encore certains ordinateurs) Apparues en 1992 avec le premier Smartphone, elles se sont développées rapidement sur tous les domaines possibles et inimaginables. Nous y avons trouvé le pire comme le meilleur mais certaines d’entre elles présentes un intérêt certain et peuvent changer notre quotidien. Découvrez ici une sélection d’applications spécial grillon !

 Yuka : l’appli qui déchiffre les étiquettes !

Yuka  permet de scanner vos produits alimentaires  et cosmétiques pour décrypter leur composition et évaluer leur impact sur la santé. Face aux étiquettes parfois indéchiffrables, cette application nous permet de consommer de façon plus éclairée. Attention, vous pourriez découvrir, comme moi que votre shampoing préféré contient des perturbateurs endocriniens ! C’est bien de le savoir… Sur le marché de Lasalle, cette application est toutefois sans intérêt…

 Allo Voisin : Une appli « coup de pouce »

Il s’agit d’une application parmi d’autres permettant de louer du matériel ou des services entre voisin. Les services sont classés par thème pour faciliter la recherche – jardinage, dépannage et réparation de matériel, animaux, formations ou encore partenaires de sport –se font principalement contre rémunération. Une commission de 15 % est prélevée sur les paiements effectués en ligne. J’ai utilisé cette application à plusieurs reprise soit en proposant des services, soit en utilisant les compétences d’un voisin. J’ai pu : Gagner 40 euros en proposant ma participation à un déménagement, être aidé pour réparer la motorisation de mon portail automatique (j’irai maintenant au brico café…) et enfin louer un  rétroprojecteur à un voisin pour 15 euros.

 Pronote : La vie scolaire en ligne

Pronote est une application qui vous est proposé dès l’entrée de votre enfant au collège. Elle intègre toute la gestion de la vie scolaire des collégiens et Lycéens : notes, compétences, bulletins, devoirs à faire, emploi du temps, absences, retards, sanctions, orientation, exercices, menus,  agenda de l'établissement… Depuis son smartphone, les élèves, parents et professeurs accèdent à des données en temps réel, c’est vraiment pratique. Les collèges de secteur en font l’utilisation (La Galaberte, collège Floriant). Cette application est indéniablement un plus dans le suivi de la vie scolaire de nos enfants mais nécessite que chaque enfant et parent puissent être équipés et sachent l’utiliser.  Le risque est de créer des inégalités en excluant de l’information ceux qui n’y ont pas accès.

 Waze : Un GPS communautaire

Waze est un GPS communautaire. Le principe de Waze est d’utiliser sa communauté de conducteurs pour signaler différents événements afin de prévoir les bouchons, accidents, radars, policiers…Waze définit aussi automatiquement votre itinéraire en fonction du trafic et le recalcule en direct. C’est l’application très ludique et intuitive, vous permet donc de programmer des trajets plus sereins et optimisés. Bien sur, vous ne pourrez signaler que très peu de bouchons à Lasalle (quoique…) mais pour prévoir vos trajets, cette application vous sera bien utile !

 PlantNet : La botanique collaborative

Si vous aimez vous balader, cette appli pourrait vous intéresser. PlanteNet vous aide à identifier le nom et l’origine  des arbres et des fleurs croisés sur le bord des chemins. Prenez en photo un végétal, l’appli vous dira son nom et tout son pedigree grâce à une base collaborative auquel vous pouvez vous même participer. Attention tout de même de ne pas oublier de profiter du paysage…

 

De très nombreux métiers sont -et seront de plus en plus- impactés

 

Si la révolution numérique fait émerger des activités fortement porteuses d’emplois -plutôt qualifiés, il est vrai-, il ne faut pas se cacher qu’elle est dans le même temps à l’origine de diminutions drastiques dans des métiers répétitifs et où prédominait le traitement manuel de documents ou de données chiffrées ou comptables. Il est donc fondamental de pouvoir anticiper les évolutions en cours et à venir et d’adapter les dispositifs de formation (initiale et continue) en conséquence.

֍ parmi les métiers les plus menacés par le développement du numérique, on évoquera :

-          Les employés de services comptables, du fait du développement de logiciels spécialisés et, de plus en plus, de l’externalisation des travaux correspondants, souvent partagés entre plusieurs entreprises ;

-          Les secrétaires bureautiques et de direction, en raison du développement des assistants numériques personnels permettant aux cadres et dirigeants d’entreprises de réaliser eux-mêmes bon nombre de tâches administratives et, là-aussi, du développement de plateformes externalisées ;

-          Les caissiers et employés de libre-service, avec l’apparition des caisses automatiques et le développement du commerce en ligne ;

-          Les employés de la banque et des assurances (agents de guichets, conseillers, commerciaux) du fait notamment de la « digitalisation » de la plupart des services bancaires

-          Les manutentionnaires(qui effectuent, il est vrai, un métier parmi les plus pénibles), de plus en plus remplacés par des robots manutentionnaires, en particulier dans les entrepôts des géants du e-commerce dont l’activité a explosé ces dernières années.

֍ a contrario, la révolution numérique a fait émerger des métiers nouveaux, exigeant des compétences spécifiques et pour lesquels existent de nombreuses formations initiales ou destinées aux personnes en reconversion professionnelle, parfois même à distance. La région Occitanie est d’ailleurs en pointe dans ce domaine :

-         C’est bien évidemment, en premier lieu, le métier de développeur informatique, pour lequel les entreprises peinent à recruter et où les personnes qualifiées se voient proposer de nombreuses offres d’emplois. Le développeur informatique, dont le rôle est absolument central, est l’informaticien qui réalise des logiciels à partir d’un cahier des charges et les met en œuvre à l’aide de « langages de programmation » : c’est le fameux «codage informatique » (voir nos définitions ci-dessus).

 

Vis ma vie de dev’ »

(Ou la journée de travail d’un développeur informatique) 

"Ah si je pouvais travailler de mon lit ! Un jour j’y arriverai ...

En attendant, il faut vraiment que je me lève sinon c’est le retard assuré. Mais qu’est-ce qu’ils ont dans cette boite à faire commencer les gens à 9h?En même temps la boîte est vraiment cool et c’est trop bien de bosser sur cette plateforme de livraison de produits agricoles sur internet. Les consommateurs peuvent commander toutes sortes de produits frais sur notre site web ou notre appli mobile et les producteurs valident les commandes dans les meilleurs délais en fonction de leurs stocks disponibles. Et hop directement du producteur au consommateur !

Ouf, pile à l’heure, à peine le temps de dire bonjour à tout le monde et de prendre un café que la réunion d’équipe quotidienne commence. On reste debout dans « l’open space » pour que cela ne dure pas trop longtemps. Moi je fais partie de l’équipe qui travaille sur le stockage des données et leur traitement (c’est ce qu’on appelle le « back-end »). Aujourd’hui on passe en premier et ensuite c’est au tour de l’équipe qui travaille sur les écrans et l’appli mobile (en langage technique le « front-end »).

Le point est terminé, on va pouvoir travailler (dans notre jargon on dit : « envoyer du code ! »). C’est quand même génial de créer un système qui peut changer la vie des gens. Je mets mes écouteurs et ma playlist habituelle du début de journée : Electro - Métal !

J’ouvre le logiciel de traitement informatique. En fait une plateforme internet, ce sont des centaines ou des milliers de fichiers contenant du code et discutant les uns avec les autres. Les fichiers sont organisés par groupes logiques (authentification, paiement, calculs, ...) et peuvent même être dans des langages différents (php, python, ruby, ...).

Le logiciel permet de voir qui a fait les dernières modifications et quand, sur chaque ligne des fichiers.En ce moment je travaille sur la fonctionnalité permettant d'enregistrer des trajets de distribution avec multipoints de livraison et de collecte ... J’espère finir ce soir car je passe en « review » dans 2 jours. La review c’est qu’en plus du code que l’on produit, on doit également relire et tester le code des autres membres de l’équipe. On a un logiciel aussi pour ça et je dois me réserver du temps dans la journée pour la review d’un collègue.

On est tous supers concentrés quand on code. Si jamais on a des doutes sur la solution à mettre en place, on peut en discuter sur un « chat » interne, ça évite de s'interrompre trop souvent. La matinée est passée vite ! Ca va bientôt être l’heure du déjeuner. On mange tous ensemble et ensuite on en profite pour une petite compétition de babyfoot. Parfois juste entre nous mais généralement on doit jouer avec d’autres entreprises du « coworking ».
Retour au bureau pour démarrer l’après-midi et à peine le temps de prendre un café qu’une mauvaise nouvelle arrive : un « bug » critique remonté par le support utilisateurs. Ça veut dire qu’il va falloir identifier le problème et faire un correctif au plus vite (dans le jargon un « hotfix »). Mon chef, le « lead developer », me demande de m'en occuper avec un collègue. La chaleur commence à monter ... Mais heureusement il ne nous a fallu qu’une petite heure pour trouver la cause. Le correctif nous prendra encore une heure et le « lead dev. » devra valider pour que cela soit mis en service ce soir.
Ouf, je peux reprendre la finalisation de ma fonctionnalité et je compte bien conclure aujourd’hui. Un petit album de Metalica dans les oreilles (un peu de légèreté pour l’après-midi) et plus que quelques cas à traiter avant de finaliser. Deux heures plus tard mon téléphone sonne ... Encore un recruteur à coup sûr. Allez je ne réponds même pas, je suis trop bien ici. Pas question de partir avant d'avoir une solide expérience. C'est fou le nombre d'entreprises qui recrutent des « devs » !!

La journée est bientôt terminée ! J'espère que les collègues seront chauds pour un dernier babyfoot autour d'une bière. Sinon je rentrerai plus tôt à la maison pour m'entrainer au jeu vidéo « Starcraft ». Il ne faut pas que j'abuse et que je me couche encore à 2h du mat' cette nuit..."

Julien Fournier

Toute ressemblance avec une situation réelle ne serait absolument pas fortuite...

 

la suite dans le Grillon papier de novembre/décembre 2019... 
Dossier préparé par Julien Fournier, Jérémie Thomas, Michaël Berly, Sophie Thomas Roubine , Michèle Moens et Pierre Delahaye

 

 

 

Dossier Intelligence Artificielle

  1. « Nous surestimons toujours les changements qui auront lieu dans les deux prochaines années et sous-estimons les changements qui se produiront dans les dix années à venir. Ne vous laissez pas bercer dans l’inaction ». Bill Gates
  2. Pas un jour sans que l’on n’entende parler dans la presse ou dans les médias de l’intelligence artificielle, de ses atouts fantastiques, de ses promesses ou de ses dangers potentiels. Pas un domaine de notre vie qui semble pouvoir y échapper...Oui ou non, à la fin, les robots vont-ils nous remplacer ? Entre enthousiasme, fascination, craintes réelles ou fantasmées, il semble bien que l’intelligence artificielle constitue l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle. Les autorités scientifiques, les industriels, les pouvoirs publics qui ne s’y sont pas trompés, sont sur le pont !

Sans pour autant prétendre ni à l’exhaustivité ni à la maîtrise de tous les aspects scientifiques, technologiques, éthiques du sujet, le Grillon vous propose simplement, dans ce dossier, de vous aider à comprendre un peu mieux de quoi on parle et à alimenter vos réflexions sur les enjeux, pour notre société, des bouleversements en cours et à venir dans ce domaine.

I – De quoi parle-t-on?

Ce que l’on baptise « Intelligence Artificielle » n’est pas en soi une discipline autonome : il faut y voir l’ensemble des théories et des techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence. Le concept lui-même n’est pas nouveau : il aurait été consacré dans les années 50 par des chercheurs américains.

L’explosion du volume de données à même d’être stockées sur des ordinateurs (big data), associée à la capacité de calcul croissante de ces derniers est à la base de l’intelligence artificielle : la possibilité de dégager des statistiques précises et donc de prédire des situations dans des contextes similaires permet aujourd’hui de mettre en pratique des modèles mathématiques d’apprentissage automatique (machine learning). En associant vivier de statistiques et capacité de calcul, on peut ainsi prédire des comportements ou des situations ; par extension, on peut prévoir des actions à effectuer automatiquement en fonction d’une situation donnée. Plutôt que de programmer une machine à effectuer une tâche précise, on va programmer la machine à « apprendre », c’est-à-dire à prédire le résultat d’une action en s’appuyant sur l’expérience tirée de situations similaires. C’est en définitive la combinaison du « big data » et du « machine learning » qui constitue ce que l’on appelle l’intelligence artificielle. Pour reprendre la définition d’un chercheur, on peut dire que « l’Intelligence artificielle cherche à reproduire les capacités cognitives de l’être humain avec des algorithmes et des ordinateurs ».

II – Des domaines d’application très nombreux

De la défense aux outils de la vie quotidienne (smartphones, « domotique ») et aux jeux vidéo en passant par la santé, les transports, l’agriculture, la finance, et même la justice, les applications potentielles de l’intelligence artificielle semblent quasi infinies dès lors que des volumes importants de données y sont disponibles!

Quelques exemples concrets, parmi d’autres, sans prétendre, bien sûr, à l’exhaustivité :

Médecine :

Le secteur de la santé est sans doute l’un de ceux qui ont le plus à bénéficier des promesses de l’intelligence artificielle, qu’il s’agisse de faciliter la vie des médecins ou d’améliorer celle des patients ; citons à titre d’illustrations :

• -l’aide au diagnostic (cf les solutions d’imagerie médicale qui s’appliquent à un large champ de pathologies), à la prévention et à la personnalisation des traitements ;

• -les robots chirurgicaux qui autorisent des gestes opératoires d’une précision phénoménale, même à distance (cf téléchirurgie) ;

• -une solution, parmi d’autres, à la désertification médicale ? : réalisation de consultations à distance grâce à des salles de télémédecine dotées de technologies dédiées.

Transports :

Le domaine des transports est vaste et tous ses secteurs ( transport aérien, transport ferroviaire,

automobile...) sont concernés ; pour se concentrer sur celui dont on parle le plus à l’heure actuelle, le transport automobile, les véhicules à conduite assistée ou autonome sont dans les faits déjà une réalité (fonctions d’aide au stationnement automatique ou commandes de croisière avancées, métros automatiques, minibus autonomes ...); l’étape suivante, celle de la voiture individuelle autonome, n’est pas si loin, même si la difficulté la plus grande ne sera pas tant d’ordre technique que dans la nécessité de mettre en circulation de tels véhicules dans des villes embouteillées et de les faire cohabiter avec des véhicules à conduite traditionnelle et des deux roues...Et des débats éthiques et juridiques en perspective lorsque il y aura lieu d’analyser les conséquences des règles de fonctionnement appliquées par les algorithmes en cas d’ accidents.

Agriculture

L’agriculture est encore un autre vaste domaine où l’IA a de nombreuses applications, pas toujours bien connues :

• - la télédétection, par satellites ou par drones, qui permet d’évaluer de nombreux paramètres comme la qualité des terrains, les pathologies ou l’hydratation des sols, la qualité prévisible des récoltes ;

• - les robots agricoles spécialisés (semis, récoltes en tous genres, traite des vaches...), voire les tracteurs autonomes qui doivent permettre, en théorie, des économies de main d’œuvre sur des travaux pénibles ou saisonniers.

Education

• -des robots apparaissent pour enseigner aux enfants des sujets allant de la biologie à l’informatique;

• -des systèmes de tutorat intelligents sont utilisés pour former et entrainer les recrues dans des domaines sensibles où l’expérimentation «sur le tas» est trop risquée (défense, aviation, gestes chirurgicaux..) ;

• -grâce aux données exploitées à grande échelle qui ont permis une meilleure compréhension des besoins individuels des étudiants, on assiste d’ores et déjà à l’explosion de la popularité des MOOC (Massive Open Online Courses), systèmes d’apprentissage offrant à des étudiants du monde entier -même isolés- la possibilité de suivre des cours en ligne dans les domaines les plus variés.

Justice

A ce jour, une bonne partie des outils de l’IA dans les domaines juridiques sont des moteurs de recherche élaborés qui permettent de consulter les lois et la jurisprudence, voire de faire des prédictions sur l’issue d’un procès ; toutefois, même si l’on peut en attendre une amélioration de la productivité et des gains de temps, le jour ne semble pas encore venu où les solutions d’intelligence artificielle juridique remplaceront les avocats dans le la gestion de la relation avec leurs clients et leurs plaidoiries...

III – Les impacts sociétaux de l’intelligence artificielle

 D Conséquences sur l’emploi, questions de nature éthique, risques de dérives et moyens de les endiguer, autant d’enjeux cruciaux pour les années à venir

 la suite dans le Grillon papier de janvier/février 2019...

 

Dossier préparé par Jérémie Thomas

 

 

 

 DOSSIER TRANSITION ENERGETIQUE

 

 Introduction

Qu'est-ce que la «  transition énergétique »  et pourquoi cette préoccupation, partagée par nombre de collectivités et citoyens locaux ?

Les objectifs sont définis :

- lutter contre le changement climatique et ses effets environnementaux et sociaux,

- pallier les difficultés d'approvisionnement en pétrole et gaz à bas prix,

- remédier à la précarité énergétique : quand le prix de l'énergie augmente de 10 % 450 000 personnes basculent dans la précarité énergétique (un français sur cinq).

Les principaux leviers de la transition :

Les énergies renouvelables sont un objectif à long terme qui vise l'instauration d'un « mix énergétique » incluant plusieurs types de ressources : l'énergie solaire, l'éolien, l'hydraulique, la géothermie et la biomasse.

A plus court terme la transition passe par quatre vecteurs :

- la rénovation énergétique de l'habitat existant,

- l'optimisation énergétique des bâtiments neufs,

- le développement de transports propres,

- le recyclage et la valorisation des déchets,

- l'adaptation de la consommation de la ressource en eau aux nouvelles conditions climatiques.

Les engagements pris par l'Etat :

– réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030 ;

– diviser par deux la consommation énergétique à l’horizon 2050 ;

– réduire la consommation d’énergies fossiles de 30 % en 2030 ;

– porter la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2030 ou 2035.

Nous traitons plus particulièrement dans ce dossier de la part que peuvent prendre les territoires dans la démarche.

Michelle Sabatier

 

 

 

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Actions et projets de la commune de Lasalle en matière de transition énergétique

 

 

 

Lors de notre entretien avec le maire et son adjoint nous avons ressenti  la volonté de s’inscrire résolument dans cette transition sans pour autant cacher les difficultés à y parvenir.

 

Ce fut d’abord un vrai credo dans les énergies renouvelables (qu’il s’agisse de solaire, d’éolien, de filière bois ou de méthanisation) et dans la capacité de notre territoire rural à accueillir et développer ces énergies.

 

En effet tant notre climat (solaire) que nos forêts (bois) ou encore nos élevages et déchets verts (méthanisation) nous prédisposent à mettre en œuvre ces énergies nouvelles.

 

Sur la commune de Lasalle des réalisations ont d’ores et déjà été menées à bien.

 

D’abord la rénovation de l’éclairage public (cf Grillon de mars/avril 2018)  avec la mise en place d’un nouveau matériel permettant d’éclairer plus efficacement tout en régulant la lumière en fonction des horaires. Résultat : une moindre pollution lumineuse et d’importantes économies de fonctionnement (coût annuel divisé par deux).

 

Mais aussi la chaufferie bois de la maison de santé et de la maison de retraite (cf Grillon de mai/juin 2017) qui, en consommant du bois déchiqueté, permet là encore un fonctionnement à moindre coût et le développement d’une énergie écologique à bilan carbone neutre, contrairement aux combustibles fossiles.

 

Des projets sont aussi à l’étude, et notamment la mise en place d’une unité de méthanisation susceptible de produire du biogaz réutilisé localement en cogénération (chaleur et électricité) ; l’idée part du fait que 2000 tonnes de fumier produit annuellement dans un rayon de 5 kms, production facilement atteignable avec nos troupeaux (vaches, moutons, ..) permettrait d’alimenter une unité d'environ 100 kWel. Outre le fumier, la méthanisation s’accommode aussi des déchets verts et boues rouges des stations d’épuration. Ainsi là encore le double but d’économies et d’énergie écologique serait atteint. Une étude de faisabilité devrait être prochainement lancée.

 

Citons enfin le projet sous financement privé d’un hangar équipé de panneaux photovoltaïques, le financeur se rémunérant sur la vente de l’énergie et l’équipement étant mis à disposition gratuite de la commune pour y stocker du matériel.

 

Au-delà de Lasalle, un projet solaire photovoltaïque est déjà très avancé sur Soudorgues.

 

 la suite dans le Grillon papier de juillet/août 2018...

                      

 Dossier : circuits courts

 

 Pourquoi consommer local ou en circuit court ?

Aujourd'hui en France, les achats en circuits courts représentent de 8 à 10% des achats alimentaires. D’un point de vue social, ils permettent de restaurer le lien entre les consommateurs et les producteurs. Quelle que soit la formule (voir : Glossaire) ils permettent le maintien d’une activité agricole locale. En France 67 000 paysans commercialisent tout ou partie de leur production en circuit court.

D’un point de vue économique, ces circuits permettent de réduire les coûts sur toute la chaîne de distribution (transport, suppression d’intermédiaires) donc une augmentation des marges, et un paiement immédiat pour le producteur . Par rapport à la moyenne des exploitations françaises, celles en circuits courts sont de taille plus petite, emploient plus de main d'œuvre, et développent davantage d'activités de diversification (transformation, restauration, hébergement...) .

D’un point de vue écologique, ces circuits sont souvent perçus comme promouvant des pratiques favorables à l’environnement. En effet, ils favorisent un retour de certaines variétés de fruits ou de légumes dits « oubliés » et diminuent l’utilisation de pesticides et engrais de synthèse au profit de méthodes manuelles  et raisonnées. En agriculture biologique, la vente directe est particulièrement développée : plus d’un producteur bio sur deux vend en direct au consommateur au moins une partie de sa production.

Ils sont « éco-responsables » car ils limitent l'emballage et le conditionnement . Ils offrent une transparence sur la provenance de la nourriture, les prix et leur mode de production.

Du point de vue bilan énergétique et bilan carbone, le bénéfice est moins évident car il dépend de la distance entre le lieu de production et de vente ainsi que de l'optimisation du volume transporté. Mais à l'évidence acheter des fruits et légumes de saison à un producteur voisin a un meilleur bilan énergétique que d'acheter des ananas "avion" ou des tomates poussées sous serres chauffées au fuel.

 

Glossaire, inventaire

 Circuit court :

On parle de circuit court quand il y a au maximum un intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Le producteur peut être proche ou éloigné géographiquement du consommateur. La circuit direct ou ultra-court est un cas particulier où il n'y a pas d' intermédiaire entre producteur et consommateur.

Magasin de producteur :

Magasin et structure juridique dans lequel des producteurs agricoles se réunissent pour commercialiser en circuits courts les produits de leur propre exploitation. Ils peuvent compléter  leur gamme, dans la limite de 30% des ventes, en s'approvisionnant auprès d'autres agriculteurs.

Marché paysan :

Marché forain ou seuls des producteurs proposent leurs produits aux consommateurs.

AMAP :

Importé du Japon, le modèle de l'AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne ou de proximité) est apparu en France en 2001. Il permet à un ou plusieurs producteurs locaux de se lier à un groupe de consommateurs qui s'engagent à leur acheter leur production. C'est le panier hebdomadaire souvent payé à l'avance pour une période définie.

Cueillette à la ferme :

Le consommateur vient sur le lieu de production et cueille lui-même les fruits et légumes dans le champ ; puis c'est la pesée et le paiement ; particulièrement apprécié pour les fraises et framboises et autres fruits fragiles.

Distributeurs automatiques de produits fermiers :

Apparus il y a 7 ans, ces distributeurs à casiers réfrigérés proposent des oeufs frais, du lait, des fruits et légumes et même des huitres. Il sont disponibles 24h/24 et ne nécessitent pas la présence continue du producteur.

 

TERROIR CEVENNES une " Boutique de Paysans "

La première Boutique Paysanne du Languedoc Roussillon a été créée à St Jean du Gard par un groupe d'agriculteurs du GDA du Mt Brion. Plutôt que de continuer à vendre sur les marchés ou dans leur ferme (cela prend du temps) ils se regroupent sur un point de vente collectif ce qui permet une gestion plus cohérente. Malgré quelques réticences des élus et des commerçants du village, la formule est un succès puisque « Thym et Châtaignes » ouvre à St Hippolyte quelques années plus tard et qu'il y a actuellement une trentaine de Boutiques Paysannes à l'échelle de la Région pour un chiffre d'affaire de 150 000 euros.

Une Boutique Paysanne est un magasin partageant un certain nombre de valeurs :

  • Prendre en main la production, la transformation et la commercialisation de leurs produits venant de fermes et ateliers dans un rayon de 80 km.
  • Il y a toujours un producteur à la vente capable de présenter aussi les produits des autres. C'est ressenti comme un lien essentiel par les acheteurs et par les paysans.
  • Juste rémunération du producteur. Sans intermédiaire, le producteur évalue son prix de vente sur lequel il donne un pourcentage à la Boutique pour son fonctionnement (15 % à Terroir Cévennes).
  • L'ensemble des participants est responsable du fonctionnement de la Boutique. Adhérer à une BP demande un investissement personnel important.

Leur succès démontre un besoin, elles se développent de façon exponentielle sur tout le territoire. Mais la formule est copiée: on trouve des magasins qui en ont l'apparence sans l'éthique.

...la suite dans le Grillon papier de mai/juin 2018

                                             

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Le Financement participatif - un autre regard sur la finance

On entend souvent dire que l’essentiel des créations d’emplois est aujourd’hui le fait de petites, voire de très petites entreprises et qu’il n’y a jamais eu autant de projets innovants ne demandant qu’à voir le jour dans les domaines les plus variés. Pourtant, avoir de bonnes idées et être créatif ne suffit pas toujours pour prendre son envol, surtout quand on sait qu’obtenir un prêt bancaire s’apparente parfois, dans ce cas, à un parcours du combattant...

Alors, comment faire se rencontrer des porteurs de beaux projets et des épargnants soucieux de donner du sens à leur contribution ? C’est tout l’enjeu du " financement participatif " ou " crowdfunding " en anglais (littéralement : " financement par la foule ").

Faire directement appel au public pour se financer – et pas seulement quand il s’agit d’une œuvre caritative -, n’est pas un concept nouveau : on rapporte ainsi que c’est grâce aux dons de milliers de particuliers sollicités par les médias de l’époque que la statue de la liberté a pu être construite... Mais c’est sans aucun doute à l’essor d’Internet et des réseaux sociaux que l’on doit le boom du financement participatif auquel on assiste depuis quelques années : par l’entremise de plateformes internet spécialisées, des porteurs de projets " bien ficelés " mais qui ont besoin d’un coup de pouce pour aboutir, vont pouvoir être mis en relation avec un grand nombre d’épargnants (les financeurs), qui ont envie de soutenir une initiative qui a du sens à leurs yeux. Parmi les motivations qui reviennent le plus souvent : " participer au développement de projets qui ne seraient pas financés par les banques " ou bien " contrôler l’allocation de mon épargne ".

Il s’agit d’un mode de financement que les spécialistes qualifient de " désintermédié " précisément car il se fait sans l’aide des intermédiaires financiers traditionnels que sont les banques.

On distingue schématiquement trois types de financement participatif :

1- Les dons avec ou sans récompense (donnant simplement, dans ce dernier cas, droit à un avantage fiscal) :

       parmi les campagnes de dons sans contrepartie, l’un des projets phares de la délégation régionale de la Fondation du Patrimoine concerne la réfection du temple de Saint Jean du Gard : coût total des travaux concernés (toiture, maçonnerie, menuiseries, peinture et restauration des sols) 300 240 € dont près de 61 000 € ont déjà été collectés,

       types de " récompenses " : un poster, l’abonnement à une newsletter permettant de suivre l’avancement du projet, le nom du donateur sur un générique de film, un DVD, un site internet, une ruche etc., un ou des exemplaire(s) de l’objet produit, une rencontre avec le responsable du projet, un repas ou un séjour à la ferme s’il s’agit d’une exploitation agricole, le parrainage d’un animal (agneau, chevreau...) avec choix de son nom et nouvelles régulières du filleul, etc...

2- L’apport de fonds par l’intermédiaire de prêts,

3- L’investissement dans des projets d’entreprises via la souscription de titres.

C’est ici sur une formule originale, le " don avec récompense ", moyen original, simple - et dans une certaine mesure ludique - de " donner vie aux bonnes idées " en faisant appel au plus grand nombre d’internautes (en vertu de l’adage bien connu " les petits ruisseaux font les grandes rivières "), que nous voudrions, ami lecteur du Grillon, " mettre un coup de projecteur ", car elle est loin d’être anecdotique.

 Concrètement,  comment ça marche ?

       Via une plateforme internet de " crowdfunding ", un porteur de projet présente son objectif et le montant de la collecte espérée de la manière la plus convaincante et la plus attractive possible pour les internautes : message d’accroche, vidéo, photos, description détaillée du projet, énumération des récompenses proposées selon le montant de la contribution... Une vraie campagne de marketing en quelque sorte ! Il pourra s’agir d’un projet entrepreneurial, artistique, culturel, environnemental, social, humanitaire... Pour ce type de financement, 49 % des besoins émanent de particuliers, 31 % d’associations et 18 % de petites entreprises.

       Une fois l’ensemble validé par les responsables de la plateforme, la collecte est lancée (avec annonce du montant visé) pour une durée limitée (les pics de collecte étant généralement enregistrés en début et en fin de campagne).

       L’internaute souhaitant soutenir un projet dont il a entendu parler - ou qui a simplement du sens pour lui - va faire un don. C’est l’occasion, au passage, de profiter d’une petite récompense sympathique et, au-delà, de suivre de près une véritable aventure entrepreneuriale.

       A la fin de la période fixée, si le total de la somme visée est atteint ou dépassé, la collecte est réputée réussie et le porteur de projet est aussitôt crédité par l’intermédiaire de la plateforme (qui prélèvera, au passage, un pourcentage de l’ordre de 6 à 8 % du montant collecté).

       Si le montant visé n’est pas atteint, l’opération est terminée et les donateurs automatiquement remboursés.

 Le don avec récompense en quelques chiffres

Plus de 40 millions d’euros ont ainsi été collectés en France en 2015. Le montant moyen collecté par projet avoisine les 3 600 €, le montant moyen par don est de l’ordre de 55€.

Enfin, le taux de succès des campagnes de collecte atteint environ 65 %

Source de financement alternative au crédit bancaire, ou, dans certains cas, " solution d’amorçage " susceptible d’être ultérieurement relayée, l’utilisation de ce type de plateforme dépasse en fait le seul volet financier : elle permet à qui sait en tirer parti - et c’est bien là la clef du succès - de mettre en œuvre une puissante campagne de marketing et fournit l’occasion de tester la future notoriété d’un projet ou d’un produit. Un moyen, en définitive, de se constituer, à travers les réseaux sociaux, une chaîne de partenaires fortement engagés dans l’aventure et qui pourront se révéler de véritables " ambassadeurs "!

Sophie Thomas-Roubine

 la suite dans le Grillon papier de mai/juin 2016

                                                 

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 Jean-Paul Escande : " L’euro, en sortir ou en guérir ? "

 Dans le courant du mois d’août, M Jean Paul Escande, ancien dirigeant de banque et lasallois de cœur depuis de nombreuses décennies, a donné une conférence au temple, organisée par le Club Cévenol, sur le thème de l’euro. Nous avons souhaité revenir sur cet important sujet et il a bien voulu répondre à nos questions.

Le Grillon : Jean Paul Escande bonjour, pourriez-vous nous rappeler quels sont selon vous les principaux avantages de l’euro, et revenir sur les nombreuses critiques qui lui sont faites ?

Jean Paul Escande : Bonjour. Depuis la fin de la 2ème guerre mondiale les Etats Européens ont toujours cherché la stabilité monétaire pour protéger leurs monnaies des crises et éviter une forme de vassalité par rapport au dollar. C’est ainsi que nous avons connu le « serpent monétaire » au début des années 70, puis le SME c’est à dire le système monétaire Européen avec l’ECU. L’euro constitue l’aboutissement de ces politiques, et forme un véritable bouclier qui a protégé la France des graves crises économiques et financières que nous avons traversées. Il a facilité la circulation du commerce à l’intérieur de la zone euro (plus de barrières de change) et a permis de maintenir des taux d’intérêt très bas. Toutefois la France n’a pas profité de ce bouclier pour se moderniser et elle a laissé filer ses déficits de toutes sortes (ce qu’elle n’aurait pas pu faire si elle avait conservé le franc)

Des critiques majeures lui sont faites :

- d’abord l’euro aurait bridé la croissance par sa surévaluation par rapport au dollar ;

- ce serait ce que les économistes nomment une « monnaie incomplète » car l’euro n’est pas lié à la souveraineté d’un Etat (ce qui est le cas de toutes les monnaies) donc à une politique budgétaire et à un pilotage du taux de change unique.

- la zone euro est constituée de pays aux tailles et aux développements hétérogènes. Comme il n’existe pas de mécanismes forts de compensation, à la différence par exemple de l’Etat fédéral américain, et que les pays ne peuvent pas dévaluer, les inégalités de développement s’accentueraient.

Voilà des critiques fortes qui parfois oublient les avantages de l’euro pour la France.

Le Grillon : Certains préconisent la sortie de l’Euro : dans quelles conditions cette sortie pourrait s’imaginer et serait-ce pertinent ?

Jean Paul Escande : Tout d’abord, si l’euro fait l’objet de nombreuses critiques de la part de différents milieux économiques et politiques en France,  personne, hormis le Front National, ne préconise une sortie totale qui serait une porte ouverte à l’aventure. Ce dont il est le plus souvent question c'est :

- soit d’influer la politique de la zone euro et de la Banque centrale européenne (indépendante de par ses statuts). Mais la France, en raison de sa situation économique, n’a plus le pouvoir d’influence qu’elle a connu dans le passé.

- soit de remplacer la monnaie unique par une monnaie commune : selon ce schéma l’euro serait maintenu pour les échanges avec les autres pays Européens et l’international, et on reviendrait au Franc pour les échanges intérieurs. De fait cela entraînerait  une dévaluation de l’ordre de 20% par exemple, ce qui serait censé redonner de la compétitivité aux entreprises françaises. Le problème est que le coût des importations, d’énergie notamment, augmenterait immédiatement de 20% alors que personne ne peut dire, compte tenu de la dégradation de l’appareil productif français, si ce surcoût pourrait être compensé par une hausse des exportations. Et de toute façon, le décalage (hausse immédiate du coût des importations et hausse différée des exportations) génèrerait un accroissement du déficit commercial. Il ne faut pas oublier les conséquences sur la dette française (publique et privée) qui augmenterait sans doute dans les mêmes proportions ! Au total il y aurait nécessité d’un plan de rigueur, hausse des taux d’intérêts etc. J’ajoute que si la France s’engageait dans la voie d’une dévaluation compétitive, très probablement d’autres pays Européens pourraient l’imiter, ce qui risquerait de provoquer l’éclatement de la zone euro et le retour aux errements du passé et à la guerre des monnaies soumises aux spéculations des marchés.

Le Grillon : Alors, quelles pistes pour une amélioration ?

Jean Paul Escande : Beaucoup proposent de rendre la zone euro plus fédérale avec un pilotage plus cohérent et peut-être mieux maîtrisé par les pays noyaux durs de l’Europe. Cela pose à l’évidence des problèmes de souveraineté : jusqu’où les pays, et notamment la France, acceptent-ils d’aller dans cette voie ? De toute façon il nous faut retrouver le chemin de la compétitivité et impérativement poursuivre le redressement des équilibres fondamentaux de la France ! Investir dans l’industrie, dans la recherche, moderniser l’appareil productif français, favoriser la politique de l’offre. Songez par exemple qu’aujourd’hui, accroître la demande alors que notre capacité de production n’est pas en mesure d’y répondre, entraine inéluctablement une hausse des importations et donc aggrave le déficit commercial. Pour moi tout est dit dans le rapport Gallois qui suggère les réformes nécessaires (certaines sont mises en œuvre) pour redonner de la compétitivité à nos entreprises.

 Sortir de l’euro n’est pas la solution car cela se traduirait par une incontournable politique de véritable austérité, ce que ne nécessite pas une politique de réformes ambitieuses conduites fermement et progressivement. En fait l’Europe peine à trouver une identité collective mobilisatrice et c'est ce qui se traduit dans les débats actuels.

Propos recueillis par Frédéric Bourguet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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 La réforme territoriale et son impact sur notre région

 

En juillet le Parlement a voté la loi portant sur la nouvelle organisation de la République (loi « NOTRe » : Nouvelle Organisation Territoriale de la République), qui vient compléter les récentes lois créant les 13 nouvelles métropoles et réduisant le nombre de Régions qui passent de 22 à 13. L’objectif de cet arsenal juridique est de simplifier et clarifier les rôles des différentes collectivités locales,  en spécialisant les compétences et organisant une coordination de l’action des différents échelons.  Un deuxième objectif immédiatement lié vise à réduire la dépense publique en ces temps de disette budgétaire. Objectifs ambitieux donc, surtout quand on sait le poids des lobbys des élus locaux, qu’il s’agisse des maires ruraux, des présidents de départements ou de ceux des régions, chacun cherchant naturellement à défendre les intérêts de la collectivité qu’il représente. 

Les principaux points de la réforme

·                  La clause de compétence générale supprimée : jusqu’ici les départements et les régions avaient le droit d’agir dans tous les domaines, au nom de l’intérêt public local. Désormais chacun aura son pré carré, sans possibilité d’empiéter sur les compétences de l’autre. Seule la commune conserve cette compétence générale, sauf pour les compétences qu’elle a déléguée à la communauté de communes.

·                  L’économie aux Régions : elles auront seules la responsabilité d’accorder des aides directes aux entreprises et seront l’acteur majeur pour la formation professionnelle, l’aménagement du territoire et l’environnement.

·                  La solidarité aux départements :  ils continueront d’assurer pleinement le versement des aides sociales (aides aux personnes âgées, RSA, prestation handicap,..) et ils conservent également les collèges et la voirie départementale en compétences affectées. Ils sont également chargés d’assurer appui et expertise auprès des communes et intercommunalités.

·                  Le renforcement de l’intercommunalité : depuis 2014 toutes les communes sont tenues de faire partie d’une intercommunalité (communauté de communes, communauté d’agglomération ou rattachement à une métropole). A partir de 2017, afin de renforcer leur pouvoir, ces entités devront compter un minimum de 15000 habitants contre 5000 aujourd’hui, avec des adaptations possibles pour les zones les moins peuplées. Par ailleurs les intercommunalités auront en compétences obligatoires, et donc en lieu et place des communes, la gestion des déchets, le tourisme, l’accueil des gens du voyage, et à partir de 2020 la gestion de l’eau et de l’assainissement.

Cela étant, la mesure visant à faire élire les conseillers communautaires au suffrage universel direct à partir de 2020 a été abandonnée; de même une minorité de blocage sera suffisante pour s’opposer au transfert des Plans locaux d’urbanisme (PLU) à l’intercommunalité.

L’impact sur notre région ...

la suite dans le Grillon papier de septembre/octobre 2015

Frédéric Bourguet






ATELIER DE POTERIE

 

                               

Silvia Triebel  


 

A l'entrée de Lasalle, la rue de la Baraque s'anime d'un nouvel atelier de Poterie au numéro 32 exactement.


 

Depuis le mois d'avril Silvia Triebel a installé dans un local spacieux, en rez-de-chaussée, son atelier, fours, tour et accessoires. Sur des étagères sèchent, des pichets, des bols et divers objets plus particulièrement destinés aux arts de la table. D'autres attendent l'émaillage avant une nouvelle cuisson. Ceux terminés, joliment disposés, sont prêts à décorer vos tables et ravir vos convives.

 

                 

 

Silvia est née en Allemagne dans la région de Thüringen près de la Bavière dans une nature luxuriante et boisée ; après avoir suivi des études d'Histoire et de Littérature elle a obtenu un CAP de poterie.

       

A l'occasion de vacances en France, dans les années 2000, elle a rencontré un potier qui lui a donné envie

de se remettre à la terre et là le déclic s'est produit ; elle a compris que c'était dans cette direction qu'elle voulait aller : ressentir le contact de la terre, la transformation de cette masse d'argile en créant un objet esthétique et utile.

Le travail de la terre est une école de patience, il faut être en communion avec elle et être à son écoute.

 

Après une formation de potier à la poterie Christophe Pichon à Saint-Quentin-la-Poterie puis dix années à travailler à Uzès et ailleurs en France, elle s'installe à Sumène en partageant un atelier avec une autre potière où elle tourne, donne des cours à différents publics, enfants, adultes. Son chemin personnel l'amène à Saint-Bonnet-de-Salendrinque où elle vit actuellement. Elle décide donc de s'installer dans son propre atelier/boutique et trouve un local à Lasalle.

         

La terre d'argile rouge qu'utilise Silvia vient d'Allemagne. Tout en étant fine et rustique elle permet un tournage ou un modelage d'une grande finesse et précision, permettant de créer une vaisselle pratique à un prix abordable.

Après cuisson cette terre est très résistante, même au gel, puisque vous trouverez des objets de décoration pour vos jardins.

 

Vous pouvez retrouver Silvia lors de différents salons, marchés de potier dans la région et dans sa boutique/atelier où elle travaille sauf le mercredi.


 


Silvia Triebel                                                                                                                                     Micheline Wollès

32 rue de la Baraque

Lasalle

0618469050


- LA FILATURE PAULHAN : UNE RENAISSANCE ? –

 

Il y a quelques mois les Procès Verbaux du Conseil Municipal laissaient une large place aux discussions relatives à la vente de la Filature Paulhan. Depuis quelques semaines une certaine animation règne dans ce bâtiment : du matériel est stocké au rez de chaussée, la ferronnerie Prunonosa et « Fabaron le Cévenol » ont déménagé ou vont le faire….

Le Grillon a voulu en savoir plus et a rencontré un jeune entrepreneur : Sébastien Béchard.

 

Le Grillon :

Vous êtes Chef d'Entreprise et vous allez vous installer sur Lasalle. Pouvez-vous vous présenter ?

 

Sébastien Béchard :

Depuis trois ans je cherchais à investir dans un nouveau local dans les environs de Quissac. Je ne pensais pas arriver dans les Cévennes, mais les circonstances m’ont amené jusqu’à Lasalle où j’ai acheté l’ancienne Filature Paulhan. Je suis fils d’agriculteur, je préfère les villages aux grandes villes et je suis attaché au patrimoine local. Je n’ai pas l’intention de défigurer le village avec des tôles ondulées.

 

Le Grillon :

Qu’allez-vous faire dans ce bâtiment ?

 

Sébastien Béchard :

Tout d’abord je prévois de le restaurer en conservant l’esprit des lieux. Les structures sont saines mais il faut refaire le toit et les fenêtres aux dimensions d’origine. Et le bâtiment est grand !

Au rez de chaussée le sol doit être relevé de un mètre pour répondre aux règles concernant la zone inondable. Je me réserve une partie des surfaces pour mes entreprises, le reste peut être affecté à d’autres activités comme des formations à l’informatique.

 

Le Grillon :

Quel nom allez-vous donner au bâtiment et quelles activités allez-vous développer ?

 

Sébastien Béchard :

Dans un premier temps nous avions évoqué le nom de « Magnanerie » mais cela ne parait pas adapté. Rien n’est arrêté pour l'instant.

A l’heure actuelle j’ai deux entreprises qui œuvrent dans l'aluminium et la lumière. Par suite de l’insolvabilité de quelques clients importants j’ai pris le parti de demander le redressement judiciaire pour les deux entreprises. Ceci m’a permis d’apurer la situation et de repartir sur de nouvelles bases avec les entreprises actuelles.

L’une, TLS Presta, assure une prestation de location de matériel de sonorisation et d' éclairage. Nous intervenons sur le littoral méditerranéen dans de nombreux spectacles autour du cheval et de l'humour (exemple « Les Chevaliers du Fiel »). Je souhaite développer cette activité dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres autour de Lasalle.

Je vais aussi proposer du matériel pour les animations : nous restaurons un vieux carrosse et nous cherchons une vieille voiture type 11 Citroën…

Le Siège de la Société sera maintenu à Codognan, où nous sommes déjà implantés, avec deux personnes. Du matériel sera stocké à la Filature et une personne assurera une permanence à partir du 1° juin.

 

Le Grillon :

Parlez-nous de l’autre entreprise.

 

Sébastien Béchard :

La société TLS Illum produit des accessoires en ferronnerie d’aluminium pour des décorations de Noël, et nous intervenons sur l’ensemble de la France dans les communes et les Centres Commerciaux. Son Siège sera transféré à Lasalle. Les créations en aluminium sont décorées de lumières et d’accessoires en plastique, mais nous voulons évoluer en utilisant aussi de la cire d’abeille, du tissu, du verre ou de la pierre…

Pour la ferronnerie nous formons entièrement nos spécialistes, à partir de soudeurs sur aluminium par exemple. Nous pensons embaucher une vingtaine de salariés en contrats annualisés bien que la production soit très saisonnière. Pour les décorations nous embauchons des « petites-mains » avec des horaires très souples et qui peuvent convenir à des mères de famille qui ont des enfants à l’école.

L’atelier de fabrication des supports sera à terme au rez de chaussée, et à l'étage, dans la grande salle, nous aurons l'assemblage, la décoration et un "show-room". Je souhaite que cet espace soit largement ouvert au public. Je prévois d’aménager à l'entrée une zone d’accueil où l’on pourra se reposer et avoir des boissons.

 

Le Grillon :

Cette activité demande beaucoup de créativité ; qui s’en charge ?

 

Sébastien Béchard :

C’est principalement mon rôle, mais je travaille avec une petite équipe " maison ". Chaque projet peut donner lieu à plusieurs prototypes. Pour certaines demandes nous sommes les seuls à pouvoir faire des propositions, et nous avons plusieurs prospects qui attendent nos offres.

 

Le Grillon :

Parlez nous un peu de calendrier.

 

Sébastien Béchard :

Dès le 1° juin nous proposerons nos services dans le cadre de la société TLS Presta, spécialisée dans la location de matériel technique pour tout type de manifestation, à partir du comptoir de la Filature. Nous pouvons aussi apporter de l'assistance.

D'ici la fin de l'année nous aurons refait le toit du bâtiment afin de le sécuriser au plus tôt. La remise en état des fenêtres est prévue pour le courant de l'année 2015. Ensuite nous pourrons installer l'atelier de ferronnerie et nous commencerons à lancer des productions en aluminium.

Tout ceci en assurant la maitrise de notre développement ; je souhaite garder une dimension artisanale et familiale avec beaucoup de souplesse d'adaptation. Les appels d'offres sont déjà lancés et les choses avancent ; nous souhaitons faire travailler des entreprises locales mais la taille du bâtiment et la volonté de conserver sa beauté initiale imposent des contraintes.

J'ai reçu beaucoup d'encouragements de plusieurs organismes, mais je n'ai obtenu aucune aide publique.

 

Depuis l'entretien que le Grillon a eu avec Sébastien Béchard l'activité location de matériel a bien démarré au 1° juin. Le nom retenu pour le bâtiment est "La Filature".

En lançant le développement de deux petites entreprises, tout en restaurant l'un des édifices les plus emblématiques du Val de Salindrenque, la barre est haute pour ce jeune entrepreneur. Nous lui souhaitons bon courage et pleine réussite.

 

Alain Chevallier

 

 

Il ne sert à rien d'opposer " manuel " et " intellectuel ", bien moins encore de hiérarchiser l'un par rapport à l'autre : on le voit très bien dans le domaine un peu particulier des métiers artistiques, il y a toujours un rapport étroit entre l'idée et la main, l'une guide l'autre, et réciproquement ! A-t-on jamais vu un peintre qui ne maîtrise pas son geste ? Un sculpteur qui ne " sent " pas ce que la pierre lui communique à travers son toucher ? A-t-on jamais écouté un musicien qui ne conduit pas simultanément la ligne musicale qu'il a en tête et le mouvement qui lui permet de l'exécuter ? Mais, en dehors de métier d'art, les mêmes rapports existent entre le " savoir-faire " et le " savoir-penser ".

 

Il faut parfois savoir regarder autrement les gestes les plus quotidiens pour en mesurer la complexité et deviner l'habileté qui les guide. C'est évident pour les métiers de l'artisanat :

  • Un peintre en bâtiment doit investir l'espace avec méthode, finesse et trationnalité : décroutage, remplissage, nettoyage, sous-couche, peinture avec, à chaque fois, le geste " juste " parce qu'économe de ses forces, efficace dans le contexte où il est exécuté et donc maîtrisé quant à son résultat... Devant " l'exécution juste " du geste, il est facile de mesurer combien vos tentatives " bricolées " sont efficientes faute d'apprentissage et de réflexion adaptée.

  • Mais il en est de même dans beaucoup de domaine dits " manuels " :

  • débroussailler, élaguer, couper du bois, entretenir des murs de pierre et maintenir ainsi l'espace naturel dans des dispositions favorables à l'habitat humain ...

  • cuisiner : préparer un menu, approvisionner des ingrédients, organiser la cuisine, découper des légumes et viandes, prévoir la succession des cuissons et sauces etc.

  • travailler la terre : quelle que soit la spécialité (éleveur, vigneron, maraîcher...) la variété des opérations à articuler sur l'année développe obligatoirement des compétences multiples,

  • beaucoup de métiers combinent évidement la pratique manuelle et la réflexion, l'un nourrissant l'autre chaque jour pour augmenter les compétences de ceux qui les exercent.

 

Comment se fait-il, dans ces conditions, que le travail dit " manuel " soit socialement dévalorisé dans le parcours scolaire ? Passe ton bac d'abord : un bac général bien sûr ! Mais à quel moment avons-nous eu l'occasion de l'apprentissage du rapport à la matière, celle qui résiste, qui dialogue avec l'outil, pour lui donner forme et nous donner forme en retour ? Beaucoup d'entre nous se trouvent en fait, l'âge adulte venu, amputés d'une part de leur potentiel. Quelques types écoles s'en font une spécialité : parallèlement aux matières classiques, elles offrent des ateliers (menuiserie, couture, cuisine etc.) L'Education national peut sans aucun doute faire état d'expériences dans ce domaine mais ce n'est pas son fond de doctrine, sauf dans l'enseignement dit " technique ".

Mais l'école fait-elle tout ? L'Etat doit-il être le seul moteur de la construction personnelle ? Comment, nous, qui " faisons société " en vivant dans un même lieu transmettons-nous à ceux qui pourraient y trouver de l'intérêt le goût de découvrir le savoir-faire manuel ? Moment magique ! Bonheur si vif qu'il est presque unique : se trouver face à l'objet qu'on à soi-même "inventé" : ce peut être un meuble, des légumes au jardin ou les " oreillettes " cuisinées pour une fête ! Qu'importe ! La satisfaction vient du fait de constater concrètement qu'on peut le faire : on l'a fait ! On est donc un peu plus grand, plus habile, plus content de soi. Quand on recommence, plaisir renouvelé : on a appris de ses hésitations et de ses erreurs, on ré-envisage autrement le processus et on produit du " nouveau " avec le même projet.

 

Aussi nous vous invitons à nous faire part de vos expériences en la matière : un message (legrillondescevennes@wanadoo.fr) et nos venons transcrire votre rapport au métier qui est (ou fut) le vôtre (sans citer votre nom si vous ne le souhaitez pas). En attendant voici une première notice, pour vous donner l'envie de participer.

 

Michelle Sabatier (archives d'avril 2013)

 


Vannier, c'est un métier

Vannier, c'est un métier : propos de vannier

 

˝ J'ai toujours été manuel : bucheron, forestier, maçon, maraîcher, saisonnier... Ce qui m'a attiré dans la vannerie c'est un ensemble un peu complexe de recherche de vie simple, un peu nomade. Je fais partie des vanniers qui ont appris sans école. Il y a 150 vanniers enregistrés en France, dont un quart est passé par l'école1, les autres ont appris en autodidacte, en copiant des objets... On rencontre des " maîtres " dans les fêtes, les foires, les salons qui sont une source d'inspiration. Sinon il y a les bouquins et même une revue2. Je pratique autant la forme traditionnelle, que la forme créative : c'est très stimulant de s'intéresser à de nouveaux objets. Je fabrique, je crée, je cultive l'osier et j'enseigne aux amateurs sous forme de stages3. C'est quatre métiers en un : artisan, paysan, enseignant, commerçant.

 

L'osier est surtout vendu pour la décoration mais aussi pour des usages particuliers : la boulangerie, la manutention, l'agencement de magasins, l'ameublement. Je le cultive en Bretagne mais je m'intéresse à une possibilité de maraîchage au bord du Gardon. J'utilise surtout l'osier brut sans préparation(ni écorçage ni épluchage), naturel et issu de culture biologique (" osiériculture ") surtout pratiquée dans les régions de Haute Marne, Touraine), ou bien l'osier sauvage. Car il a beaucoup de traitements chimiques sur l'osier qui en déprécient la qualité. Sur l'osier brut, quand on prend l'écorce à pleines mains, on est en contact direct avec les produits phytosanitaires. Il y a dix espèces d'osiers différentes (famille du saule) et près d'une cinquantaine de variétés. Il est coupé en hiver, trié par taille puis mis en végétation artificielle : on le décortique éventuellement quand la sève remonte au printemps. Le trempage de l'osier (pour qu'il retrouve sa souplesse avant de l'utiliser après deux mois de séchage) ce n'est pas le plus agréable, surtout l'hiver en eau froide !

 

Il y a eu des " hauts-lieux " de la vannerie comme Vanabrègues (30)4, spécialisés dans l'osier blanc pour l'arboriculture fruitière du Rhône. Ici on travaillait plutôt le châtaignier que l'osier. C'est difficile de ne vivre que de ça : on est en-dessous du smic à 6 ou 8 € de l'heure. Historiquement, les vanniers ont toujours été très pauvres, en dessous même des journaliers. Je suis auto-entrepreneur, inscrit au registre des métiers sinon je ne pourrais pas vendre officiellement. Le travail sur les marchés c'est mitigé : d'un côté c'est plaisant, de l'autre ça peut être difficile quand il y a surtout des badauds l'été... Le plus motivant ce sont les foires spécialisées, ou un peu orientées sur une thématique locale : comme la " Fête de la châtaigne " à Lasalle, ou bien la " Foire aux produits de terroir " à Montoulieu. ça sélectionne des gens plus intéressés. ˝ 

Michelle Sabatier


Diega Bennica sur le chantier
Diega Bennica sur le chantier

Dans la série " Métiers " : Restauratrice en peinture et décoratrice

 (extrait de l'article consacré à Diega Bennica, suite dans Le Grillon du mois de Septembre 2013)

 

L'actualité estivale de Lasalle nous amène à évoquer la restauration des peintures murales (peintes à la chaux sèche)1 de l'église, à travers un " métier d'art ", qui croise par définition l'habileté manuelle, la réflexion et de sens artistique.

 

En 1864, l'église avait été rénovée (elle date de 1687) quand Louis Zaffreya, grâce aux dons de deux congrégations, entame la création des peintures qu'il poursuivra jusqu'en 1869 2. Louis Zaffreya se serait inspiré pour concevoir les thématiques du décor peint du travail d'Hippolyte Flandrin, élève d'Ingres, dans l'église Saint-Paul de Nîmes. Le chantier dont nous voyons l'aboutissement aujourd'hui commença en 2006. Les peintures murales du choeur avaient été très dégradées à la suite des travaux de couverture des fossés du côté nord et est de l'église (infiltrations, salpêtre). La pose de gouttières, la modification de la dalle du fossé et son aération ont permis d'assainir les murs et de poser un enduit à peindre. La première tranche de travaux fut suivie, en 2008, de la restauration de la première travée . L'année 2013 a vu leur achèvement.

 

Retrouvez Diega Bennica dans le Grillon (septembre 2013) et sur son blog.

 


Le " berger-éleveur " ovin

Dans la suite de la série " Métiers manuel ", l'expérience d'un berger-éleveur : c'est à dire d'un éleveur qui garde ses bêtes et les conduit sur les parcours. Chaque expérience est unique, en fonction de la personnalité qui la vit, mais, en même temps, elle contient les spécificités d'un coeur de métier dont les contours sont chaque fois un peu différent.

'ai été imprégné dans l'élevage depuis l'âge de 5 ans, j'étais toujours dans les jambes de mon voisin, avec son troupeau ! Mais, quand même, quand j'ai fait mon stage à la bergerie du " Merle " dans les Bouches du Rhône ça m'a beaucoup apporté car ce n'était pas du tout l'élevage qu'on pratiquait ici : un autre contexte, un troupeau de Mérinos avec une démarche de sélection (les cahiers à tenir, l'organisation de la lutte...). Pendant huit mois ça a été pour moi un monde nouveau : un troupeau de 2000 bêtes !

 

Aujourd'hui on sort des lycée agricole avec de bonnes connaissances théoriques (sur la production, les rations à donner etc.) mais il manque l'application, l'expérience. Moi j'avais déjà un peu d'expérience : le maître berger m'a confié un troupeau de 300 bêtes. Ils transhumaient dans les Alpes et le directeur de l'école voulait me prendre comme berger transhumant salarié. Mais j'ai préféré m'installer par ici.

 

C'était en 68, nous étions une quinzaine de stagiaires, dont les trois quarts venaient de la ville, et voulaient faire un retour à la nature : alors j'ai découvert aussi un autre monde sur ce plan là. Mais des " néos ", il y en avait ici et ils ont apporté aussi une autre vision, pour ceux qui ont réussi à tenir. 

 

La suite dans le numéro de juin du Grillon

Le maréchal-ferrand

Tout gamin je voulais être " fermier " et j'avais surtout la passion des animaux. J'étais en échec scolaire, je n'aimais pas ça. Mais mon père voulait que je fasse des études. Lui, il avait été mis à la mine à 14 ans. Il m'a offert un cheval quand j'ai eu douze ans et j'ai vu, pour la première fois, un maréchal-ferrant.

 

C'est ce qui a décidé de mon métier. Pourtant ma famille n'y croyais pas, même plusieurs années après que je me sois mis à mon compte, il y en a qui ne croyaient toujours pas que ce soit un métier ! Il faut dire qu'à la génération précédente, ceux qui m'ont appris le métier étaient de véritables pionniers car le métier de maréchal avait failli disparaître. Même au collège, on n'avait pas pu me renseigner pour savoir comment l'apprendre. J'ai trouvé moi-même un CFA à 16 ans et je suis entré en apprentissage chez un patron. Cela fait maintenant 24 ans !

 

La suite dans le numéro de mai du Grillon

Maçon

" Je suis " maçon " avec une spécialité " pierres sèches " je dirais que mon métier s'intitule " bâtisseur en pierres sèches " mais je fais aussi toutes sortes d'autres maçonneries car le marché n'est pas encore assez développé pour ne faire que cela. En Provence ils se font appeler " muraillers " mais c'est trop restrictif il me semble car il s'agit de murs bien sûr (de terrasses, de soutènement, de clôture) mais aussi de dallages, de calades, de cabanes...

Je suis arrivé ici voici 40 ans à peu près et j'ai fait des petits boulots comme on faisait à l'époque : j'avais déjà travaillé un peu dans la maçonnerie après avoir largué les études. Ma mère me disait toujours : " si tu ne travailles pas bien à l'école tu deviendras maçon ou plombier ! " et ce n'était pas un compliment ! J'ai fait ça comme j'aurais fait autre chose : c'était l'occasion. Mais quand j'ai commencé à " toucher " la pierre (le schiste), et le châtaignier, j'ai senti que je venais de trouver ma voie. A l'époque on faisait de moins en moins de murs en pierres, plutôt sable et ciment. C'est seulement dans les coins difficiles d'accès qu'on faisait appel, en fait, à des paysans du coin, qui avaient conservé le savoir-faire. Bien souvent c'était le grand-père qui transmettait au petit-fils : l'un avait la force physique et l'autre le sens du travail à exécuter. Car autrefois tous les paysans entretenaient leurs murs eux-mêmes à la morte saison.

Mais finalement ce n'est pas si compliqué que ça à acquérir : il faut un peu d'intuition, de l'apprentissage et apprendre de ses erreurs. Quand le mur tombe il faut comprendre pourquoi : est-ce que les pierres n'ont pas été mal croisées, est-ce que l'épaisseur est sous-dimensionnée, ou bien le " fruit " pas assez accentué etc. On affine son savoir-faire avec l'expérience. Mais pour débuter c'est facile : en une semaine tout le monde (homme ou femme, vieux ou jeune) peut comprendre ce qui fait la solidité d'un mur et, quand on a bien compris ça, le reste vient avec la pratique : l'habileté, l'autonomie dans le travail etc. Ce qui est difficile c'est quand on est seul confronté à ses erreurs. C'est pourquoi il faut mieux faire un apprentissage avec d'autres personnes.

Au début je faisais exactement comme les anciens : il m'arrivait même de leur poser beaucoup de questions mais on me répondait " empile et puis voilà, ne pose pas tant de questions " ! En somme on faisait ça un peu en marge, en " clandestin " parce que le client comme le maçon prenait un risque de n'être pas dans le " modèle dominant ".. Et puis peu à peu la demande s'est vraiment développée pour un travail qui respecte le caractère du patrimoine construit et le mette en valeur. Il y a de plus en plus de gens qui pratiquent la pierre sèche mais on ne l'apprend pas encore dans les CFA : mais ça va venir. Ca a vraiment basculé avec le Parc national des Cévennes : grâce à leurs gardes, sur le terrain, qui avaient repéré pas mal de gens qui savaient travailler la pierre sèche. Il nous ont réunis et poussé à oeuvrer ensemble : avec le support d'un organisme officiel on devenait davantage légitimes. On se rendait compte en même temps qu'on n'était pas les derniers à faire ça, qu'il y en avait d'autres. On a pu échanger entre nous sur les valeurs que ça représentait : les murs de soutènement en pierres sèches sont mieux drainants, plus efficaces, plus solides. Et ils sont beaux. Et ils représentent un patrimoine... On a fait des démonstrations dans les villages : la mayonnaise a pris.

Le deuxième grand pas a été fait quand l'école nationale des travaux publics de Lyon s'est intéressée à la question. Ils ont voulu faire des essais grandeur nature pour mesurer la résistance des murs. Alors on a fait des murs expérimentaux : exprès pour les faire s'écrouler. Et ils ont travaillé avec nous sur les facteurs de souplesse et de solidité : les frottements, les recouvrements, les boutisses etc. Ca a changé notre manière de bâtir : aujourd'hui on peut faire la différence entre les murs " d'avant " et les murs " d'après " l'étude de l'ENTPE ! Et on progresse encore.

On fait aussi des formations : le ministère, voyant qu'il y avait une " niche " qui pouvait être valorisée du côté de la création d'emplois, nous a poussé à écrire les règles techniques pour faire un outil présentable : un " guide des bonnes pratiques des constructions des murs de soutènement en pierre sèche ". Ca a débloqué pas mal de choses du côté des donneurs d'ordre et des assurances et le marché a commencé à s'ouvrir.

L'ABPS a aussi rédigé une charte qui est une sorte de déclaration d'intention : pourquoi la construction en pierre sèche allait disparaître, pourquoi on y revient aujourd'hui etc.

Quarante ans après je n'ai pas de regrets d'avoir choisi cette voie et il y a maintenant de l'avenir dans ce métier. Ce n'est jamais la même chose, chaque geste doit être réfléchi, tout dépend :

  • des matériaux : la pierre, la lauze, le châtaignier, les enduits à la chaux...

  • des différents types d'ouvrages,

  • et on profite de la vie au grand air (d'où les travaux d'intérieur pour les jours de froid !).

Tous les maçons qui travaillent dans la rénovation ont du boulot mais même si on ne gagne pas des fortunes, on se régale vraiment dans le travail. "

 

Michelle Sabatier (Archives Avril 2013)